La stagnation du trafic des bassins marseillais n’enfonce pas seulement la manutention dans la crise. Elle provoque deux réactions opposées. La première, celle des professionnels portuaires, est de chercher des solutions de développement. Sous la conduite d’Hervé Balladur, un patron transitaire, le conseil d’administration du PAM a réalisé un rapport circonstancié. Conclusion: "Il y existe de sérieux atouts et un réel avenir pour les bassins Est. Cela passe par une prise de conscience claire des enjeux." Résultat, les professionnels se sont retroussé les manches pour prôner diverses mesures pour "remettre le client au centre des préoccupations de chaque intervenant". La création d’un terminal d’autoroute ferroviaire est projetée par le PAM sur le terminal roulier sud (TRS), spécialisé dans les trafics tunisiens et marocains et exploité par Marseille-Manutention.
L’autre attitude, marquée par l’impatience, a été révélée par le président d’Euroméditerranée. À la recherche de surfaces pour élargir le territoire de l’opération urbaine et sous la pression des promoteurs, Renaud Muselier a plus que lorgné sur des terrains du domaine portuaire. Devant l’entrée en résistance des professionnels, le périmètre de la seconde phase d’Euroméditerranée s’est finalement arrêté aux grilles du port.
Petite histoire de la manutention marseillaise
Fin 1994
• Après des mois d’un lourd conflit avec les dockers, un avenant à l’accord sur la réforme de la manutention signé en mars 1993, lie dockers et manutentionnaires par un pari de développement du port et une garantie de fiabilité.
1996
• Dépôt de bilan de Somotrans (267 dockers).
• Le holding de manutention MGM (qui appartenait à la CGM) est racheté par la Socoma et Terminal Fruitier de Marseille (Léon Vincent).
• Charles-Emile Loo devient président du SEMFOS (Syndicat des manutentionnaires de Marseille-Fos) en même temps que la Socoma, coopérative ouvrière de manutention est reconnue comme une entreprise par ses pairs.
1997
• Seayard, créé par des armateurs (ZIM, Cosco), un capital risqueur belge (Natie Invest) et des consignataires (AMM, Marseille Consignation, G Feron E de Clebsattel) est opérationnel sur le terminal conteneurs de Fos.
• Huit cavaliers (straddle carrier), les premiers de Marseille-Fos, prennent position sur le terminale conteneurs de Fos.
1998
• Mise en place d’un fonds de garantie qualité PAM-Manutention-Armements.
1999
• Sea-Invest achète Carfos (85 salariés), spécialiste des vracs sur le terminal minéralier de Fos et de Caronte, à SDV-groupe Bolloré.
• Les premiers cavaliers prennent position sur les bassins Ouest.
• Egis Port, filiale de la Caisse des dépôts et de consignation, entre dans le capital du holding MGM qui regroupe Intramar et Eurofos. L’année suivante, il en prend le contrôle (51 %).
• Le Gemfos est créé; structure associative qui emploie des dockers en CDI (sur une base de 19 jours ou 13 jours) et en CDD sur les bassins Ouest. Son correspondant sur les bassins marseillais se nommera le Gemest.
2000
• Dépôt de bilan d’UPA (86 dockers), spécialiste du ro-ro.
2001
• La Socoma fête ses 50 ans d’activités.
• Un contrat de performance est passé avec les dockers dans le cadre du plan local amiante.
2002
• La candidature de CMA CGM et Port Synergy est retenue pour la phase A de Fos 2XL.
2003
• Egis Port qui n’a jamais pu rentabiliser son investissement, cède sa participation dans le holding MGM à Port Synergy (P&O Ports et CMA CGM).
2004
• À travers le rachat de Léon Vincent, Sea Invest met la main sur Marseille-Manutention.
• MSC et Port Synergy pour la manutention sont retenus pour la phase B de Fos 2XL.
2005
• Bilan du plan amiante: 313 ouvriers dockers ont quitté la profession.
2006
• Du prestigieux immeuble des Docks, la Socoma déménage sur les quais où il trouve des locaux plus en fonction avec ses moyens.