Gares maritimes: l’explosion

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Existe-t-il un scandale des installations passagers sur le port de Marseille? Le conseil d’administration du PAM du 6 juillet dernier enregistrait une doléance de la SNCM, un de ses plus gros clients sur les bassins Est. Inaugurée un an auparavant, la gare maritime internationale de la Major se révélerait inadaptée au trafic passagers pour le Maghreb. "Nous avons besoin d’espaces plus larges et mieux sécurisés, de type aéroport. La gestion du flux des voitures se fait dans des conditions invraisemblables. L’accueil des passagers n’est pas toujours très digne, à la limite du respect des personnes", énumère Gérard Couturier, le président de la SNCM à la lumière du dernier été. Il demande que "des dispositions nouvelles soient prises", en clair qu’un autre espace soit attribué à ce trafic.

Le réquisitoire de l’armement est d’autant plus sévère que la nouvelle installation, qui a coûté quelque 19 M€, constitue la pièce la plus récente du dispositif passagers mis en place par le port pour atteindre le seuil des 2 millions de passagers par an. Son promoteur, Éric Brassart, précédent DG du PAM, faisait volontiers l’éloge des qualités de cet édifice minimaliste qui avait reçu, à la surprise de beaucoup, un prix de l’Académie d’architecture. Construite pour accueillir un million de passagers (2/3 Algérie, 1/3 Tunisie), la gare de la Major, desservie par trois postes à quai, est capable de traiter simultanément deux navires et 3 000 passagers. Tout au moins sur le papier puisque l’expérience de la SNCM semble révéler des vices de forme. La requête de la SNCM devrait être examinée par un des groupes de travail de la commission du schéma de pilotage des bassins Est qui se réunira ce 27 septembre.

Le cas de la superbe gare MPCC (Marseille Provence Cruise Center) est lui différent. Inaugurée en 2003 sur le môle Léon Gourret transformé à coup de millions (entre 25 et 35 M€) en pôle croisière, elle a effectivement accompagné l’expansion de ce secteur d’activités. Mais si la ville de Marseille y a trouvé un regain de visiteurs et de touristes, le PAM a vu ses comptes d’exploitation virer au rouge sur ce poste. Pour deux euros de charges, l’établissement ne tirerait qu’un euro de recettes. Informé, Paris envoya un rappel à l’ordre en même temps qu’une leçon sur le rendement des installations. Sans l’accompagner, comme à son habitude, du moindre chèque. Conséquences, depuis 2 à 3 ans, le PAM a dû tomber sa voilure face au déficit chronique.

Faire décoller la croisière

Aujourd’hui, et afin de franchir un nouveau palier, l’établissement public se voit contraint de s’allier à un partenaire privé. C’est le sens de l’appel à projet qu’il a lancé en mai dernier pour l’exploitation du terminal croisières. En contrepartie d’une mise à disposition pour 25 ans maximum et de l’utilisation prioritaire de l’ensemble des équipements, le futur opérateur devra garantir un trafic minimum d’un million de croisiéristes dès 2011 ainsi que 450 escales annuelles. Si le contrat n’est pas rempli, il devra payer des indemnités. L’objectif peut sembler ambitieux, mais il a été tracé depuis longtemps par les perspectives du Club de la croisière de Marseille-Provence. Cette alliance avec le privé parviendra-t-elle à faire décoller les croisières du palier des 350 000 à 400 000 passagers dans lequel elles sont "tanquées" depuis quatre ans après avoir multiplié par six ce trafic en dix ans? Les plis contenant une partie des réponses seront ouverts ce 15 octobre. Et la nouvelle exploitation devrait démarrer avec 2008.

Le PAM sous pression

Depuis une quinzaine d’années, le PAM n’a eu de cesse d’adapter sa configuration passagers aux exigences des uns et des autres. Sous la pression foncière d’Euroméditerannée et du temps, plusieurs hangars historiques ont sombré sous les coups de boutoir des démolisseurs; le bassin de la Joliette a été remodelé. Pendant que la croisière conquérait de nouveaux territoires, le trafic passagers sur la Corse et le Maghreb se développait (+ 10 % sur les cinq dernières années, dont 40 % pour les lignes Maghreb) avec son corollaire, le fret associé (voitures et matériels roulants). Depuis 2000, 60 Me auront été injectés pour contenir la croissance de ce secteur. Visiblement, de nouveaux efforts seront bientôt nécessaires. À condition de trouver, s’il existe, un site adapté aux exigences du trafic Maghreb sur les bassins Est.

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