La réforme portuaire et la redéfinition de la politique portuaire avancent dans la totale… discrétion. Depuis que la question a été décrétée urgente par le président de la République, Nicolas Sarkozy, rien de concret ne sort des discussions qui, de-ci de-là, réunissent représentants de l’État et responsables économiques. Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux transports et chargé du dossier, a juste annoncé qu’elle prendrait effet avant la fin de l’année.
À Marseille où l’exigence d’une telle réforme est née et a grandi, ceux qui savent comme ceux qui ignorent tout se taisent. Significatif, de nouveau de passage à Marseille le 13 septembre dernier, Dominique Bussereau y a rencontré Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille et son premier adjoint Renaud Muselier. Que s’est-il dit lors des discussions? A-t-on évoqué la réforme portuaire, dont le rapport demandé à la CCI par l’édile marseillais, a joué le rôle de détonateur? "Il s’agissait d’une réunion de travail sur les transports", a sobrement indiqué le cabinet du ministre. Par contre, aucune information n’a filtré de la discrète réunion ministérielle qui a fait suite, en fin de matinée, à une rencontre avec Jacques Saadé, patron de la CMA CGM. Les deux parties n’ont certainement pas fait qu’évoquer le réseau du tramway ou le sort du ferry-boat…
Pendant que les grands projets se forment, le terminal méthanier GDF2 de Fos monte en pression. Les discussions de sortie de crise du futur terminal – une crise qui avait paralysé les terminaux pétroliers pendant trois semaines au printemps dernier – ne sont toujours pas engagées. Les responsables de GDF qui avaient certainement en tête les préparatifs du mariage avec le groupe Suez, semblent traîner les pieds.
L’impatience syndicale
Le fait d’intégrer dans les équipes de déchargement des méthaniers cinq agents du Port autonome de Marseille (PAM) pose visiblement problème. Il n’y a pas le feu. La réforme portuaire pourrait dénouer le nœud du "double commandement" (agent du port autonome travaillant dans l’enceinte GDF). Et décision a été prise de repousser l’ouverture commerciale du site au second trimestre 2008. La CGT n’aborde pas la question avec la même tranquillité. L’impatience syndicale pourrait-elle mettre de l’eau dans le gaz? Les milieux patronaux portuaires commencent à le craindre. Ces derniers se montrent jusqu’ici rassurés par la fermeté du gouvernement. De leur côté, les responsables syndicaux, forts de leur succès de mars dernier, attendent de voir venir… l’arme au pied. "Les jeunes de la CGT (les deux tiers des 1 500 agents du PAM ont été embauchés ces cinq dernières années) ont senti la poudre. Ils se sentent invulnérables", avertit un haut cadre de l’établissement public.
À Marseille, la réforme portuaire se prépare sur fond de veillée des armes.