À la fin de la campagne 2005-2006, les prévisions des responsables des silos portuaires étaient pessimistes. Pourtant, les résultats de la nouvelle campagne montrent des chiffres en augmentation dans les trois ports du Sud-Ouest qui comptent pour les céréales, La Rochelle (avec Rochefort Tonnay-Charente), Bordeaux et Bayonne. La campagne a donc été meilleure que la situation ne le laissait prévoir à l’été 2006. La récolte a donné un tonnage plus important et les sorties maritimes sont en hausse.
La Rochelle: de bons chiffres
La campagne céréalière 2006-2007 est considérée comme moyenne à La Pallice. L’activité cumulée des deux silos portuaires s’établit à 2,7 Mt. À la Sica Atlantique, 1,8 Mt a été chargé sur les navires, soit une augmentation de 11 %, une campagne dans la moyenne des dix dernières années. La qualité a été bonne, notamment pour les blés. "Le blé tendre et le blé dur représentent 61 % de nos exportations, indique Monique Grisel, de la Sica Atlantique. Les blés prennent de plus en plus d’importance dans notre activité. Ils sont partis à 60 % vers les pays tiers, dont 150 000 t pour l’Inde, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. 20 % vont au Maghreb."
Les sorties d’orges fourragères ont augmenté de 30 % (91 000 t) tandis que celles d’orges de brasserie augmentaient de 47 % (100 000 t) et sont parties à 15 % dans la communauté européenne. Le maïs est resté stable avec 330 000 t, dont 85 000 t vers les Dom-Tom. Le tournesol est stable, lui aussi, avec 44 000 t tandis que le colza était en baisse avec 84 000 t (− 24 %).
Cette campagne a vu une augmentation de 5 % des acheminements de grain par le rail. "Nous avons monté une opération ferroviaire en partenariat avec sept organismes stockeurs, annonce Monique Grisel. Nous avons soumis un cahier des charges à la SNCF et à ses concurrents et la meilleure réponse nous est venue de la SNCF. Nous avons établi une programmation de 75 trains à 30 jours sur 6 mois et l’opération a très bien fonctionné. Ce qui nous a permis d’acheminer 100 000 t. Pour cette campagne, nous allons recommencer, mais cette fois-ci avec 200 trains, pour 260 000 t." L’utilisation du rail permet d’agrandir l’hinterland du port, mais exige d’établir une régularité des transports et oblige les coopératives à commercialiser leurs grains différemment. C’est la Sica Atlantique qui gère le système.
À la Socomac, l’autre silo portuaire de La Pallice, les exportations ont atteint 900 000 t, là aussi, dans la moyenne des années précédentes. "Le coup de chaud de juin 2006 a provoqué une diminution des volumes de 10 à 15 %, indique Jean-Pierre Métivier, directeur du silo. Nous avons fait 54 % de blé tendre, 22 % de maïs, 16 % de blé dur et 7 % d’orge. La qualité était correcte, légèrement supérieure à celle de Rouen. Nous avons eu une diminution du maïs. Pour le blé dur, l’Algérie reste la première destination."
Bordeaux et Bayonne: le maïs repart
À Bordeaux, lors de la dernière campagne, le port a exporté 1,26 Mt, soit 25 % de plus que l’année précédente. "Mais cette augmentation est un rétablissement, car la campagne 2005-2006 a été particulièrement difficile", explique Thibault Guillon, du port autonome. Le maïs a représenté 77,88 % des céréales exportées avec 981 462 t (820 000 t la campagne précédente), suivi du blé avec 237 254 t (18,82 %), de l’orge avec 38 407 t (3,05 %), du sorgho avec 2 740 tonnes (0,22 %). Les principales destinations ont été le Royaume-Uni, le Portugal et les Pays-Bas. Trois silos se partagent le trafic annuel, les Silos d’Aquitaine (In Vivo) et SPBL à Bassens, la Semabla à Blaye. Leur trafic moyen est de 600 000 t pour les Silos d’Aquitaine, 350 000 t pour SPBL et 300 000 t pour la Semabla. À Bayonne, le GIE Maïsica regroupe les principaux membres de la filière maïs et offre 110 000 t de capacité de stockage. Les sorties de maïs de son silo sur le port pour la campagne 2006-2007 ont été de 527 552 t (445 759 t la campagne précédente) dont 510 000 t sont parties par bateau, le reste par camion. 3 000 t de blé et 1 200 t de luzerne sont parties par camion. "Nous avons fait mieux pour cette campagne, constate Gérald Pareno, de la Maïsica. Mais la tendance lourde va être à la baisse. Le maïs standard n’est plus un marché pour nous. À l’export, nous travaillons sur des niches spécialisées et spécifiques. Nous stockons des qualités particulières dont l’identité doit être préservée. On nous demande une qualité homogène et une traçabilité. C’est pourquoi nous avons de 17 à 20 lots différents dans nos silos. De cette façon, nous sommes plus proches des attentes du client final." Cette nouvelle donne du marché induit des exportations en plus petites quantités. Les destinations principales sont le Royaume-Uni, l’Irlande, la Belgique et l’Allemagne.
Nouvelle campagne: la demande sera importante
La campagne 2007-2008 qui débute a, pour l’instant, souffert de la mauvaise météo qui a obligé les agriculteurs à étaler la moisson sur un mois et demi au lieu de dix jours normalement. "Il y aura une demande importante, explique Monique Grisel, notamment à cause de la sécheresse qui a régné autour de la mer Noire et tari les exportations de l’Ukraine."
Pour Jean-Pierre Métivier, il faut s’attendre à une diminution des rendements et à une qualité très moyenne. Reste l’inconnu du maïs qui n’a pas encore été récolté.
"Pour la nouvelle campagne, le port autonome de Bordeaux évolue dans un marché en pleine mutation, indique Thibault Guillon. Avec un prix maïs en forte hausse autour de 230 € la tonne, il serait délicat d’en déduire de quelconques prévisions. Le marché bordelais fonctionne actuellement beaucoup en spot, mais le port part, au minimum, pour une campagne équivalente. On sait que les récoltes des pays de l’Est seront faibles à cause de la sécheresse, ce qui peut favoriser nos exportations."
Les mêmes difficultés de prévisions se rencontrent à Bayonne avec un point d’interrogation sur le maïs.