Dans la nuit du 16 août dernier, le caseyeur en bois Sokalique (19,70 m) a été percuté à une cinquantaine de milles dans le nord-nord-est de l’île d’Ouessant causant le décès de son patron-pêcheur (JMM du 24-8-2007, p. 4).
L’émotion qu’a suscitée cet événement a conduit le président de la République à faire tout son possible pour que le procès du cargo incriminé ait lieu en France. Fortement suspecté, le vraquier turc Ocean-Jasper, immatriculé à Tarawa aux îles Kiribati, a provisoirement été bloqué à Brest par le centre de sécurité des Affaires maritimes alors que d’intenses négociations se nouaient entre la France et les îles Kiribati pendant l’enquête judiciaire, dite de flagrance. Trois questions essentielles se posaient alors. S’agissait-il véritablement du cargo Ocean-Jasper? Le cargo incriminé était-il responsable de délit de fuite et de non-assistance à personnes en danger? Y a-t-il eu défaut de veille et de navigation?
Lors d’une conférence de presse tenue le 4 septembre à Morlaix, le procureur de la République de Morlaix, Laurent Fichot, a fait part des premiers résultats de l’enquête. D’abord, il a formellement été établi que l’Ocean-Jasper était directement impliqué dans l’abordage. "Ensuite, nous avons des indicateurs de forte probabilité pour que le comportement de ce navire réponde aux deux qualifications pénales de délit de fuite et de non-assistance en danger", souligne le procureur en ajoutant que le commandant du cargo a menti en alléguant d’un changement de route pour cause de conditions météorologiques défavorables. La transcription des enregistrements du Cross Corsen et les bulletins de Météo France en témoignent.
Restent le défaut de veille et la faute de navigation. "Nous n’avons pas encore de réponse formelle. C’est la seconde phase de l’enquête qui a démarré le 31 août et dont j’espère avoir les résultats à la fin de ce mois", indique le procureur de la République? Tout en soulignant qu’il n’a "aucune mesure coercitive" pour garder le navire et l’équipage à Brest.