Collision mortelle en Manche

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Dans la nuit du 16 au 17 août, le caseyeur en bois de 20 m Sokalique a été percuté à une cinquantaine de milles dans le nord-est de l’île d’Ouessant. Le tiers avant du bateau de pêche a été arraché et le Sokalique a coulé en quelques minutes. Sur les sept membres d’équipage, six ont pu se hisser à bord d’un radeau de survie. Le corps sans vie du patron-pêcheur a été repêché une heure plus tard par un autre navire de pêche.

Immédiatement lancées après la collision par le Cross Corsen, les recherches ont permis d’isoler les navires le plus proches de l’impact à l’instant “t”. Si des survols aériens ont été organisés, c’est une vedette de la gendarmerie maritime qui a pu confirmer des traces de peinture suspectes sur la coque d’un navire particulièrement ciblé. Il s’agit de l’Ocean-Jasper, un vraquier turc de 80 m de long immatriculé à Tarawa, aux îles Kiribati, un minuscule archipel du Pacifique. Venant de Saint-Petersbourg et ralliant la Turquie avec une cargaison de 1 384 t d’acier, le navire a été dérouté sur Brest où les traces retrouvées sur sa coque ont confirmé la collision et le refus de priorité du cargo à l’équipage composite de natinoalité azerbaïdjanaise, géorgienne et turque.

Provisoirement bloqué en base navale par le centre de sécurité des Affaires maritimes, le cargo doit réparer ou faire réparer un certains nombre de déficiences techniques constatées par les inspecteurs. Mais trois imbroglios viennent s’ajouter à ce drame humain. D’abord, la version donnée par le commandant et son second est en contradiction avec celle des marins-pêcheurs rescapés. "Le bateau de pêche ne semblait pas éclairé et il a pris la fuite après le choc", disent les premiers. Une version fortement contestée non seulement par l’équipage du Sokalique mais également par d’autres navires de pêche présents sur zone. Ensuite, après la collision, le cargo a repris sa route sans porter secours aux naufragés. Enfin, la convention de Montego Bay fait que l’affaire pourrait bien être jugée aux îles Kiribati et non pas en France. C’est du moins la crainte exprimée par le procureur de la République de Morlaix. D’où l’appel pressant lancé au président Nicolas Sarkozy par les familles des marins-pêcheurs pour que l’Ocean-Jasper ne puisse quitter Brest en toute impunité. Une opinion partagée par la CGT des marins de Brest qui, dans une lettre ouverte adressée au président de la République, demande que le capitaine et son second, qui assurait la veille au moment de l’abordage, soient emprisonnés et jugés en France. "Ne laissez pas ces voyous des mers et leurs avocats se réfugier derrière des textes d’un autre temps qui les protégeraient et leur permettraient de continuer sans être importunés."

Les autorités kiribatiennes ont finalement répondu favorablement à la demande française concernant l’immobilisation du navire et de son équipage pour la durée de l’enquête et afin de faciliter celle-ci, a indiqué le ministère des Affaires étrangères lors d’un point presse du 21 août.

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