Énergie: EDF se lance dans le gaz liquéfié

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EDF veut s’imposer comme un incontournable sur le marché de la consommation de gaz en Europe. Une ambition en passe de se réaliser déjà à l’internationale. C’est notamment grâce au gaz que la compagnie réalise déjà 45 % de son chiffre d’affaires hors de France, explique Dominique Venet, le directeur gaz d’EDF. Et cette source d’énergie est l’une des principales possibilités de développement de centrales électriques dans les prochaines décennies.

La consommation de gaz d’EDF est déjà de l’ordre de 27 milliards de m3/an (Mdm3/an), à comparer aux 45 Mdm3 de la consommation française totale actuelle. EDF veut atteindre 45 à 50 Mdm3 dans les années 2010 en Europe. Aujourd’hui, ses points d’ancrage dans la filière gaz sont la France (2 Mdm3), le Royaume-Uni (3,5 Mdm3), l’Allemagne (7,5 Mdm3) et l’Italie où EDF est associé à 50 % dans Edison.

EDF Gaz constate, comme ses concurrents, qu’il est impossible de tout miser sur l’approvisionnement par pipeline. Il est nécessaire de diversifier les sources d’approvisionnements, en raison de la distance des gisements en développement (Qatar, Nigeria…), des risques géopolitiques encourus, et pour la flexibilité qu’offre la filière gaz naturel liquéfié (GNL). Si EDF n’oublie pas le gazoduc avec une participation dans la liaison mer Caspienne/Italie, une large part de son développement devrait s’appuyer sur les terminaux méthaniers. Le futur terminal de Dunkerque approvisionnera le nord de la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Benelux, et le terminal de Porto Levante, au large de Rovigo, servira le marché italien.

C’est en 2011 que le terminal de regazéification de Dunkerque, d’une capacité d’émission de 6 Mdm3 en première phase (le double en seconde phase), devrait entrer en exploitation. La Commission nationale du débat public est saisie du dossier en même temps que d’autres projets similaires présentés au Verdon et à Antifer. Le projet de Dunkerque n’est pas lié à une origine d’approvisionnement particulière, du moins pas pour le moment. En première phase, environ 80 navires/an, de tailles variables sont attendus, qui pourront décharger en provenance de Norvège, du Moyen-Orient, d’Afrique comme d’Amérique, au meilleur du marché. Le terminal est prévu pour accueillir les plus grands navires-citernes actuellement en construction (267 000 m3 pour la plus grande unité), notamment en Corée chez Hyundai pour le compte de l’armement qatari. Mais l’essentiel sera livré par des navires plus communs, de 120 000 à 150 000 m3.

EDF n’envisage pas (encore), comme Gaz de France, de devenir armateur. Par contre, précise Dominique Venot, "toutes les formes de partenariat sont possibles". La garantie de volume avant la construction d’une flotte par un investisseur ou avant la signature de chartes-parties à long terme est la plus évidente.

Adriatic LNG: un projet révolutionnaire

En construction actuellement à Algésiras, Terminale GNL Adriatico srl aménage actuellement l’île artificielle de Porto Levante, au large de la côte vénitienne, au nord de la mer Adriatique. Ce concept intégré de terminal semi-immergé comprend un port de réception de navires transporteurs de méthane liquide, et une usine de regazéification reliée au réseau italien d’une capacité d’émission de l’ordre de 8 Mdm3 par an. Terminale GNL Adriatico est détenu à 45 % par Qatar Terminal Ltd (groupe Qatar Petroleum), à 45 % par ExxonMobil et à 10 % par Edison (filiale à 50 % d’EDF). Les navires chargeront au train de liquéfaction no 5 de RasGas au Qatar, inauguré le 20 mars dernier, une coentreprise entre Qatar Petroleum et ExxonMobil. Environ 80 % des émissions de gaz sont réservées à Edison, essentiellement pour le marché italien. La consommation italienne de gaz doit passer de 86 Mdm3 en 2006 à 90 Mrdm3 en 2010, alors que la production italienne décline. RasGas est engagé pour 25 ans avec Edison.

L’« île » de Porto Levante, en construction à Algésiras (photo ci-contre), sera achevée cette fin d’année. Elle sera remorquée jusqu’à l’Adriatique, et coulée sur place par 30 m de fond environ, à 15 km de la côte, face à la province de Rovigo. Il s’agit d’une structure de béton armé parallélépipédique à double paroi, de 180 m de long sur 88 m de large. La partie émergée portera l’unité de regazéification, tandis qu’un wharf de déchargement jouxtera l’un des flancs. Le centre de cette structure sera rempli d’une épaisseur de sable de l’ordre de 8 m. À l’intérieur de la structure seront installés des réservoirs d’acier pour le stockage du GNL, avec une capacité totale de 250 000 m3. L’île pourra recevoir deux navires par semaine de jusqu’à 152 000 m3 de capacité. L’unité de regazéification émettra vers la terre via une conduite de 30 pouces (76 cm) enterrée, pour des raisons de sécurité, et pour éviter d’interférer dans les activités maritimes. Un minimum de personnel travaillera sur place. Une base logistique et un centre de commandement sont prévus à terre.

Edison présente cette grande première comme “le projet de terminal le plus sûr au monde”, puisque loin de toute habitation, protégé par une enceinte de béton, entouré d’eau, lesté de sable, et construit par ailleurs dans les règles de l’art des installations classiques du genre. La lourdeur de l’infrastructure est compensée par les économies foncières. Le terminal de Porto Levante doit entrer en opération début 2008.

A.S.

Vu à LNG15

FMC technologies, le champion du monde français du bras de déchargement

Fin avril dernier avait lieu à Barcelone le 15e salon biennal de la filière GNL. Spécialisée dans le système de déchargement de fluides des industries pétrolières, gazière et pétrochimique, la société française FMC Technologies était présente. Basée à Sens, avec une succursale à Houston, cette compagnie revendique plus de 8 000 bras de déchargement en service dans le monde, et l’exclusivité dans le domaine du bras de déchargement de méthaniers de plus de 130 000 m, avec sa marque Chiksan. Ces produits doivent avant tout satisfaire à des exigences de sécurité draconiennes. Étanchéité garantie, composant résistant à la fois au grand froid (−160 oC pour le GNL), à toute forme d’abrasion et à une chaleur inopinée, arrêt immédiat des opérations en cas de fuite même infime. Tous les terminaux méthaniers récents sont équipés de ces systèmes.

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