Le 14 juin 1907, l’Association des employeurs de main-d’œuvre française a vu le jour. Elle regroupait les employeurs des ouvriers portuaires. Un siècle plus tard, l’Unim a pris son relais.
L’année passée a eu son lot de réussites et de déconvenues. Au chapitre des actions menées à bien figure le dialogue social. Une question qui s’est "réglée beaucoup plus vite dans la manutention portuaire que dans sa branche cousine, l’Upaccim", indique Christian Paschetta, président de l’Unim. "Et sans mouvements sociaux", ajoute-t-il. Les négociations salariales en 2006 ont mis en lumière un nouveau phénomène sur les minima conventionnels. En effet, l’harmonisation des Smic en 2005 a influé sur ces minima conventionnels qui ont été revalorisés à hauteur de 1,9 %. "Il s’avère de plus en plus, localement, que le pourcentage d’évolution des minima est transposé directement sur les réels, sans comparer par niveau l’assiette des minima aux réels effectifs", note le rapport annuel de l’organisation. L’Unim s’appuie alors, pour les négociations 2007 sur des principes simples: "Ne pas écraser les grilles, ne pas afficher de niveaux inférieurs au Smic, négocier des minima et non des réels." Le 19 janvier, un accord sera finalement trouvé entre les partenaires sociaux. Si la question des minima conventionnels a quelque peu tendu certaines réunions, "je crois sincèrement qu’une maturité s’installe peu à peu et, pour le moins, des rapports sociaux largement apaisés par référence à une époque aujourd’hui révolue", précise le président de l’Unim.
DE NOUVEAUX DIPLÔMES
Autre dossier qui s’inscrit dans le chapitre des réussites, la création de certificats de qualification professionnelle (CQP).
Xavier Galbrun, délégué général de l’organisation, a rappelé qu’avec la formation professionnelle et les CQP, "l’entrée dans la profession ne se fera plus par le chromosome, mais par la compétence". Et le délégué général de continuer qu’avec les projets d’auto-assistance tels que prévus par la Commission européenne, une manutention de complaisance risquait de s’installer sur les quais. "Avec les certificats de qualification professionnelle, nous sortons de ce phénomène par le haut." L’Unim est fière des avancées sur ce sujet. "Nous sommes les seuls en Europe à avoir créé ces certificats", signale le délégué général. Le 19 décembre, la conclusion de l’accord à l’unanimité avec les partenaires sociaux a marqué l’aboutissement de la procédure. Elle ne règle pas tout. Il reste à mettre en place les jurys, réaliser les diplômes et d’inscrire ces certificats au répertoire national qui recense en France tous les diplômes, titres ou CQP de branche.
L’AMIANTE, ENCORE UN POINT NOIR
Parallèlement à ces dossiers, d’autres ont été plus difficiles à résoudre. Au premier chef figure encore celui de l’amiante. "Puisqu’il s’agit d’un dossier de santé très sensible, on ne comprend pas bien que la recherche d’une stricte égalité de traitement entre ayants droit ne soit pas érigée en principe", souligne Christian Paschetta. Déjà, lors de l’assemblée générale de 2006, l’organisation professionnelle a souligné les différentes interprétations entre les caisses régionales d’assurances maladie (Cram) que l’Unim refuse. Après moult réunions, un texte consensuel a fini par être peaufiné pour réconcilier toutes les parties. En janvier 2007, six dockers dunkerquois entament une grève de la faim pour que soit revu le calcul du montant de l’allocation. Une médiation est engagée avec les pouvoirs publics et "finalement le texte, si difficilement mis au point, passe à la trappe. C’est un véritable gâchis!" s’insurge le délégué général. Au final, le dossier n’évolue plus, "faute pour l’administration de n’avoir pu imposer avant les échéances électorales la solution si durement négociée".
"LE MODÈLE FRANÇAIS A VÉCU"
Avec un siècle d’action derrière elle, l’Unim se projette dans l’avenir. "Changer d’allure c’est changer de braquet pour aller plus vite", rappelle Christian Paschetta. Le bilan 2006 de la manutention portuaire est avant tout marqué par l’inauguration, en mars, de Port 2000 au Havre. "Les discussions qui ont précédé l’ouverture de ce terminal ont fait franchir un grand pas dans les mentalités", observe le président qui veut aujourd’hui aller plus loin. L’Unim attend maintenant la remise du rapport de Claude Gressier sur les ports vers la fin du mois. Le conflit marseillais du mois de mars a semé le doute, selon l’Unim. "Le modèle français a vécu", souligne l’organisation qui réclame une refonte du système. Et se prononçant sur une probable réforme des ports autonomes, le président de l’organisation rappelle qu’il souhaite que les conditions soient réunies pour "que notre profession puisse nourrir les chaînes logistiques. Nous connaissons les problèmes, il faut trouver les solutions", continue Christian Paschetta. Avec le "remue-méninges", engagé par le commissaire Barrot sur la politique portuaire, l’Unim est persuadé qu’il en sortira quelque chose d’utile. Selon toute vraisemblance, cette politique devrait reposer sur trois piliers: des "guidelines" sur les aides d’État; conforter les investissements privés; et un dialogue social, pour "créer une norme qui ne vienne pas de la Commission, mais des partenaires sociaux". Et le président de l’Unim appelle le gouvernement au libéralisme: "Libérons les énergies, comme l’a dit récemment Laurence Parisot. Laissez-nous faire! et vous verrez bientôt combien cette question relève d’un faux problème."