Le responsable CMA CGM de la Guadeloupe vit, comme son homologue martiniquais, les conséquences du départ de Mærsk. Lorsque ce dernier a décidé de mettre un terme au contrat avec les groupements de bananiers, CMA CGM a dû trouver dans l’urgence quelque 70 conteneurs 40’. "Nous avons trouvé les boîtes en Guadeloupe. Cette réactivité a été saluée par les producteurs", se souvient Dominique Houzard.
Aujourd’hui, l’armement réalise 100 % des exportations de conteneurs de bananes. La différence par rapport aux dispositions contractuelles n’a que peu d’effets pour l’agence CMA CGM de Guadeloupe. "Les 25 % de Mærsk à Jarry représentent en moyenne une dizaine de boîtes par semaine." Et le responsable de l’agence reste philosophe. "Aujourd’hui, les groupements sont contents de notre service. Nous sommes seuls. Dans un an nous en reparlerons, beaucoup de choses peuvent changer avec l’arrivée d’un outsider."
Parallèlement à sa fonction d’armateurs, Dominique Houzard est aussi manutentionnaire au travers de GMG, une filiale du groupe. À ce titre, il participe aux réflexions stratégiques que le port mène depuis trois ou quatre ans sur le transbordement. Constatant que les trafics à l’import ne progressent que de 1 % et qu’à l’export, les conteneurs sont remplis principalement de bananes, de rhum, de déménagement et de vides, "le transbordement constitue la seule carte à jouer pour se développer". Pour réussir dans cette voie, il émet plusieurs conditions. En premier lieu, il est important d’avoir un prix intéressant. "Le port a su être incitatif en la matière et nous avons vu les trafics de transbordement augmenter." Ensuite, il pose une condition de fiabilité sociale. Après une année 2004 difficile, la Guadeloupe revient dans la course. La paix semble revenue et les investissements en matériels se concrétisent. Troisième condition posée, des connexions avec les "navires mères". L’exemple du contrat avec les bananes de Guyana démontre le potentiel du port de Pointe-à-Pitre. Les Guyanais désiraient avoir un service en direct sur l’Europe. Devant le refus des armateurs, ils ont étudié un concept logistique avec un transbordement en Guadeloupe. "Nous avons aligné un navire entre Paramaribo et Pointe-à-Pitre pour acheminer les 40 à 50 conteneurs par semaine qui transbordent sur notre service."
La sous-traitance, une solution
Dans la manutention, le départ de Mærsk redistribue sérieusement les cartes. "Ce retrait entraîne un déséquilibre localement. Nous étudions des solutions de compensation." Et cette solution pourrait se trouver par de la sous-traitance. Au lieu de faire appel à des CDD d’usage constants, à savoir des ouvriers occasionnels, le responsable de GMG propose de confier un navire de temps en temps à une des sociétés de Manugua, l’autre GIE employeur de dockers. De cette façon, les tensions sociales s’apaisent. "Tous les jours, nous devons désamorcer des problèmes sociaux, rassurer le personnel docker."
Opéra: un gestionnaire unique de terminal
Opéra se présente comme une société en charge de la gestion des espaces du terminal de Jarry, ainsi que de la livraison et la réception des conteneurs. Jusqu’à présent, chaque opérateur gérait son espace et la réception de ces boîtes. “Au final, nous perdions beaucoup de place”, explique Dominique Houzard. L’objectif d’Opéra est de mettre en commun les moyens techniques (espace, logiciel informatique, les moyens de manutention et les moyens humains) pour une rationalisation de la gestion spatiale du terminal. Chaque opérateur conserve ses manutentions. Le capital de la société est répartit entre les opérateurs. GMG, filiale de CMA CGM, dispose de 45 %, le Port autonome de la Guadeloupe de 15 %, SGCM et SCT de 30 % à eux deux, Trancaraïbes en détient 8 % et Somacotra 2 %. La présidence est revenue à Dominique Houzard et la gestion est assurée par GMG. Des conditions qui ont amené certains à qualifier cette entreprise de “faux nez” pour la main mise de la CMA CGM sur le terminal.
Cette structure devait démarrer au début de 2005. Les grèves de 2004 ont retardé le projet et les premiers pas ont pu être faits en mai 2005. Elle dispose d’un logiciel de gestion, Icare, adapté aux conditions du terminal. Opéra a créé un poste d’accueil commun de tous les conteneurs. La vitesse supérieure a été franchie le 26 décembre quand Opéra s’est vue amodier le terminal. À fin juin, Opéra devrait avoir marqué l’ensemble des sols du terminal. Quant au personnel, il est soit embauché par Opéra soit détaché de sa société d’origine pour travailler dans cette structure. “En plus, nous allons embaucher trois personnes de SGCM, ce qui devrait résoudre une partie des problèmes posés par le départ de Mærsk et la diminution d’activité de cette société”, souligne Dominique Houzard.