Fort-de-France compte quatre pilotes. "Un effectif ajusté à notre activité (2 650 opérations annuelles)", explique Michel Joseph-Mathurin, le patron de la station de pilotage. "Nous intervenons sur tous les navires dès lors qu’ils mesurent plus de 50 m et que le commandant ne dispose pas d’une licence de capitaine pilote." Ce brevet est délivré surtout aux officiers des navires qui assurent les liaisons entre les îles.
De Fort-de-France au Robert, petit port situé à l’est de l’île qui reçoit principalement des grains et du bois de Rochefort et Tonnay-Charente, les pilotes sont actuellement dans une phase de certification. La période est difficile. Gimnaute, le logiciel de gestion des escales, oblige à avoir en permanence un salarié derrière l’écran pour vérifier les modifications. "Ce système ne prévoit pas d’alarme ou d’alerte. Nous ne sommes pas avisés des changements. Nous avons donc été obligés de mettre en place une astreinte", précise Michel Joseph-Mathurin.
En 2006, les pilotes ont subi une perte de trafic liée à l’arrêt de la Sara, société de raffinage de l’île. "L’usine a arrêté sa production pour se mettre aux normes européennes. Nous n’avons eu que des petits caboteurs." Un manque à gagner pour les pilotes qui facturent leurs prestations selon le tonnage des navires. Quant à la croisière, "nous buvons le bouillon", commente le patron de la station. Le départ définitif de Carnival Cruises a marqué un sérieux coup d’arrêt aux escales. Dans ce contexte, les pilotes voient d’un mauvais œil le départ de Mærsk. "Nous subissons aussi le contrecoup de cette réorganisation des dessertes des porte-conteneurs avec seulement une escale hebdomadaire." Auparavant, Fort-de-France accueillait des navires de ce service deux fois par semaine.
L’avenir pourrait se dessiner sous de meilleurs cieux, mais à certaines conditions. Les pilotes espèrent beaucoup du développement du transbordement sur le terminal de la Pointe-des-Grives, "à condition qu’une réorganisation soit entreprise pour éviter que l’activité ne se concentre sur trois jours", précise le patron des pilotes. Et il lance une perche à la communauté portuaire pour une révision des tarifs selon les horaires. "Si chacun est prêt à faire un effort, nous pouvons attirer des trafics de transbordement. Nous n’avons pas toutes les cartes en main." Quant à la croisière, le patron des pilotes martiniquais reporte le problème à un autre niveau. La construction d’un nouveau quai à la Pointe Simon pour recevoir deux navires simultanément est un atout. "L’attrait des compagnies de croisière dans notre port dépend de la façon dont nous concevons les choses. Ces armements veulent rentabiliser leurs escales et les activités terrestres. Il faut leur en donner les moyens."
Le pilotage martiniquais en chiffres
En 2006 les pilotes ont réalisé 2 650 opérations, dont 10 % pour la croisière et 85 % pour des navires de commerce. Ce dernier chiffre se répartit à 54 % pour les porte-conteneurs et les caboteurs et 31 % pour le vrac et le pétrole. Les 5 % restants sont des unités diverses: transport de voiliers au Marin, barges et navires de guerre. Les pilotes disposent de quatre pilotines et d’une vedette.