En 1997, l’Union maritime et portuaire de Guadeloupe lance une réflexion associant l’ensemble de la place sur l’opportunité de créer une plate-forme informatique. L’étude, menée par la Soget du Havre, conduit à la mise en place d’une plate-forme multiservice identique à celle du port normand. En 2001, le déploiement démarre avec la transformation de l’UBD (Unité banalisée de dédouanement) en société anonyme. Le Ceiba est né.
L’objectif est d’abord un gain de productivité avec des économies de temps et de moyens pour toutes les sociétés de la communauté portuaire. La mise en œuvre de ce projet s’appuie sur le système conçu par la Soget, Ademar +, "avec des développements propres à la Guadeloupe", précise Michèle Montantin, directrice générale de Ceiba. Ces spécificités sont surtout marquées par la dématérialisation des procédures administratives. Dans le système guadeloupéen, chaque transporteur est enregistré. Il reçoit par courrier électronique les ordres de transport qui valent un "bon à délivrer commercial", un "bon à enlever des douanes" et un ordre de mission à l’entrée et à la sortie pour le conteneur. "La conjugaison des deux systèmes, Ademar + et Delta, dématérialise tous les documents. Désormais, le tampon de la douane n’est plus le sésame pour enlever un conteneur", explique Michèle Montantin. Ces nouvelles procédures ne sont pas sans conséquence pour la place portuaire. "Les douanes doivent apprendre à travailler avec ce nouveau système qui leur permet d’anticiper les opérations." Désormais le manifeste est directement entré dans le système informatique. Les douanes disposent de plusieurs jours pour décider d’inspecter le conteneur à son arrivée.
Avec ce nouveau système se pose la question de la confidentialité des informations contenues dans les manifestes. Chaque document est codé et seuls les destinataires et administrations concernées ont la possibilité de consulter les informations dont ils ont besoin.
Le déploiement de ce système d’échanges de données informatisées a nécessité une véritable réforme des rapports entre les acteurs. "Nous voulons intégrer tous les aspects: les flux imports, exports et les transbordements. L’étape suivante sera d’appliquer cet espace informatique au marché unique caribéen."
Un hub portuaire informatique
L’extension de ce système vise à créer une plate-forme d’échanges de données informatisées pour la Guadeloupe, la Martinique, la Dominique et Sainte-Lucie: "Alliance pour Clovis" (Caribbean Laboratory for Open and Value-added Informations System). Ce projet, validé par le programme Interreg IV, vise à étendre aux îles des petites Antilles le système mis en place sur la place de Jarry. Le Ceiba, pilote de ce projet, doit réunir les conditions de faisabilité de ce projet. "Nous travaillons avec les ambassades de France localement, les chargeurs, commissionnaires, manutentionnaires, les autorités portuaires et douanières au travers de comité de pilotage. Ces derniers recevront les études et audits réalisés dans les différentes îles pour ensuite pouvoir prendre les mesures adaptées pour mettre en place un système unique d’échanges de données", explique Michèle Montantin. À terme, "Alliance pour Clovis" doit permettre d’assurer une traçabilité et les conditions de sûreté des marchandises entre les différentes îles des Petites Antilles. "Nous devons créer les conditions d’une zone caribéenne pour faire appel d’air. Si nous ne sommes pas capables de mutualiser et de créer les synergies, nous disparaîtrons", continue Michèle Montantin. Et la directrice générale du Ceiba d’imaginer qu’avec ce hub portuaire informatique, "certaines compagnies maritimes qui ne passent pas par chez nous pourraient y venir prochainement. Économiquement, ce serait intéressant pour les ports maritimes, mais aussi pour les marchés des différents pays."