"Cette année encore, le concours de recrutement des officiers de port ne fera pas le plein. Nous avons 38 postes au concours. Seuls 37 candidats se sont présentés, 25 sont admissibles, combien resteront au final?" Noël Juhère, commandant du port de Dunkerque et président de l’Association des commandants de port de France (ACPF, 29 membres), tire la sonnette d’alarme. Les deux viviers principaux de recrutement, la Marine nationale et la marine marchande, se sont appauvris. À court terme, la diminution mécanique du nombre des officiers d’État recrutés par concours, est compensée de deux manières: l’embauche d’auxiliaires en CDD dans les ports autonomes, et d’auxiliaires territoriaux dans les ports décentralisés. À moyen terme, "il faudra recruter et former des officiers qui ne viendront pas de la marine", constate Noël Juhère.
IMBROGLIO STATUTAIRE
Le second problème est la décentralisation des anciens ports d’intérêt national, à présent confiés aux conseils régionaux et généraux. Les officiers de port, fonctionnaires payés par l’État (1), sont mis à la disposition des collectivités, propriétaires des ports. Lorsqu’ils agissent dans leurs fonctions régaliennes, les commandants de port relèvent d’une délégation de l’AIPPP, l’Autorité investie du pouvoir de police dans les ports. L’AIPPP appartient au Préfet (terrestre). Mais dans leur fonction d’exploitation commerciale des ports, les commandants sont les délégués de l’autorité portuaire (AP), désormais les présidents des assemblées territoriales propriétaires de ces ports. Dans les ports autonomes, le directeur général détient les deux pouvoirs à la fois. Pour ajouter encore à l’écheveau, les CCI concessionnaires ont aussi leur mot à dire… Dans la pratique, les commandants et leurs officiers prennent leurs décisions très vite, selon leurs compétences et les circonstances. Ils aimeraient savoir ce qui adviendrait, en cas de problème de sécurité mettant en jeu les deux autorités.
1) Sur ce plan, la situation s’est même compliquée. Les primes versées aux officiers de port, jusqu’à présent réglées par les concessions selon leurs moyens et leurs volontés, sont depuis le début du mois entre les mains de l’État. Il sera tenu compte de l’importance des ports, du trafic, des contraintes du métier, mais selon des critères égaux pour tous.