Me Christian Lorillière, plaidant pour la Confédération paysanne qui s’est constituée partie civile, a décrit lors de l’audience du mercredi 23 mai la lutte menée par les paludiers pour contenir au maximum le flot échappé des flancs de l’Erika, lutte coordonnée par la Confédération paysanne à laquelle adhèrent 70 de ces "paysans de la mer".
Après s’être référé à l’article L411-1 du Code du Travail pour démontrer que la confédération pouvait ester en justice dès lors que des intérêts collectifs de la profession étaient atteints, il a commenté des diapositives illustrant les différents types de barrages mis en place.
Face à la marée, 22 barrages ont été construits dont, à partir du 21 mai 2000, des barrages filtrants en paille, puis en terre, traversés de tuyaux munis de clapets, d’un coût allant de 20 000 F à 2 MF, selon un rapport du Cedre (Centre de documentation de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) qui les décrit.
Selon les calculs de la confédération, qui a tenu des feuilles d’émargement, les paludiers ont consacré 24 720 heures aux travaux de protection et de nettoyage, entre le 26 décembre 99 et le 29 février 2000. Pour estimer le dommage subi, le FIPOL a fait réaliser une étude pour estimer le revenu horaire d’un paludier, aboutissant à la somme de 69,25 F. Le FIPOL, qui estimait que les paludiers auraient pu reprendre plus tôt la production de sel, ne les a dédommagés qu’à 80 %; pourtant en mars 2000, il restait encore 200 t de fuel lourd sous le sable, en forme de "Mille feuilles", précisent les paludiers présents. Le litige porte sur ces 20 % restants. Me Christian Lorillière réclame par ailleurs 100 000 € pour le préjudice moral subit.
En début d’audience, Me Roland Weyl avait plaidé pour le Mouvement national de lutte pour l’environnement (MNLE), dont les militants ont participé au nettoyage des rivages souillés. Il a réclamé 10 000 € de dédommagement pour le préjudice moral et 15 000 € pour le préjudice économique.