S’appuyant sur les déclarations du candidat aux élections présidentielles, puis sur celles du président, AdF note que "favorable au renforcement des mesures de sécurité maritime, vous préférez une application renforcée de la réglementation existante plutôt que de nouvelles règles qui freineraient le développement des activités maritimes. Vous soulignez, et nous pouvons nous en féliciter, l’exemplarité de notre pays en la matière: rappelons que la France a été classée 2e sur la dernière liste blanche du Mémorandum de Paris.
Vous reconnaissez que les aides fiscales et sociales dont bénéficie notre secteur pour corriger les distorsions de concurrence peuvent sûrement être complétées. Vous insistez pour que la France bénéficie, comme ses concurrents européens, d’un pavillon attractif. Vous jugez, comme nous, très injuste le classement du registre RIF en pavillon de complaisance et voulez associer toutes les parties concernées au développement et à la promotion du pavillon national. Vous pouvez compter sur notre collaboration active pour y parvenir.
Vous prônez une modernisation de l’ENIM et êtes favorable au maintien du régime social spécifique des marins. Nous saluons cette position compte tenu des risques spécifiques et des conditions de travail des marins.
Conscient des difficultés de recrutement des officiers, vous insistez sur la nécessité de promouvoir le travail maritime et d’offrir aux jeunes de plus larges opportunités de formation. Ces questions deviennent urgentes: il manquera dans les deux prochaines années près de 40 000 officiers dans le monde.
Vous regrettez aussi le manque de compétitivité des ports français et envisagez une réforme qui concilierait investissements publics et privés. Observateurs attentifs et concernés des projets de modernisation des ports, nous suivrons ces travaux avec le plus grand intérêt.
Nous notons enfin votre large soutien pour le développement des Autoroutes de la Mer. Elles sont vitales pour le pays de transit qu’est la France. Vous vous déclarez même prêt à taxer le trafic de poids lourds pour promouvoir les modes alternatifs. Nous préconisons ces mesures depuis de longs mois et sommes heureux de lire votre ferme volonté sur ce point".
Signataire de ce courrier en sa qualité de président d’AdF, Eudes Riblier poursuit en invitant le président de la République à embarquer "quelques heures" pour "venir apprécier la singularité et le poids économique du transport maritime qui représente 72 % du commerce extérieur national, à venir constater la rigueur avec laquelle les entreprises françaises gèrent les questions de sécurité et de sûreté, à venir mesurer notre volonté de participer, grâce à notre flotte de commerce, au développement du rayonnement de la France".
"Monsieur le président de la République, les armateurs français ont écouté avec attention vos déclarations: nous voulons vous assurer de notre aide et notre soutien dans la mise en œuvre de vos propositions."
La France devant le Royaume-Uni et derrière la Finlande
La plus récente liste “tricolore”, (noire, grise, blanche) du Mémorandum de Paris sur le contrôle des navires par l’État du port a été diffusée le 1er juillet dernier et mise à jour en octobre de la même année. La partie “blanche” compte 35 États, classés par “excess factor” (EF). En clair, le moins bon de la liste blanche est l’Arabie Saoudite avec un EF de 0; le meilleur est la Finlande avec −1,68.
L’administration et les armateurs immatriculés en France peuvent se féliciter de la 2e position de la France avec un EF de −1,65. Mais il faudrait peut-être nuancer cette fierté par le nombre d’inspections menées à bord des navires immatriculés par un État, entre 2003 et 2005. Ainsi, sur les 534 inspections faites sur des navires finlandais, 5 ont conduit à des détentions. Sur les 237 inspections réalisées à bord de navires français, une seule a débouché sur une détention. Plus significatif, sur les 1 528 inspections de navires du Royaume-Uni, 24 se sont terminées sur une détention; l’EF étant de − 1,61. Plus fort, 2 990 inspections de navires néerlandais = 68 détentions; EF − 1,41.
Politiquement incorrect au moins dans l’esprit de certains syndicats de navigants, voire d’hommes politiques français, les 2 960 inspections de navires libériens ont entraîné 88 détentions; EF −1,15. Les 4 299 inspections de navires immatriculés à Antigua et Barbuda se sont soldées par 168 détentions; EF, − 0,86.
Contrairement à la France, Malte (4 185 inspections; 252 détentions; EF − 0,11) et Chypre (3 166; 175; − 0,25) bénéficient encore de larges marges de progression.