L’aventure fait partie des aléas du voyage, qui figure dans de nombreux textes fondateurs de la culture occidentale.
L’éclosion progressive de la culture de masse au cours du XIXe siècle et surtout du XXe va amplifier cet attrait de l’inconnu et de l’incertain, où le temps n’a pas d’importance. Sylvain Venayre, maître de conférences en Histoire contemporaine à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, explique la transformation progressive de la notion d’aventure. Longtemps au pluriel, celle-ci prendra une majuscule et restera au singulier au tournant du siècle. L’aventurier, autrefois individu plus ou moins douteux, devient un héros dont rêvent des générations d’adolescents. La diffusion des mappemondes et l’essor de la littérature et de la presse y contribuent amplement. Les récits de voyage, quelles que soient leurs formes, rencontrent un grand succès et font notamment, la fortune de Jules Verne ("Cinq semaines en ballon", "Le tour du monde en 80 jours" et "20 000 lieues sous les mers"). La mer et les terres lointaines hantent les héros de fiction de Joseph Conrad, lui-même ancien capitaine au long cours, ou des personnages bien réels comme Pierre Loti (officier de Marine), Alain Gerbault (navigateur solitaire), James Brook ("rajah blanc" de Bornéo) et Henry de Monfreid (32 ans en mer Rouge).
Cette mise en valeur de l’ailleurs, qui permet de sortir de la monotonie du quotidien, donne naissance à une activité promise à un grand avenir: le tourisme! Entre-temps, le monde rétrécit et évolue vite. Une affiche l’évoque dès la fin du XIXe siècle. Un paquebot à voile et à vapeur de la Compagnie générale transatlantique va à la rencontre d’un navire identique des Messageries maritimes en provenance d’Australie et d’Extrême-Orient.
"Rêves d’aventures" par Sylvain Venayre
Éditons de La Martinière
224 pages/35 € – ISBN: 2-7324-3224-5