Faire reconnaître le droit du vivant non commercial

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Cinq témoins de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ont été auditionnés lundi 30 avril. Alain Bougrain Dubourg, son président, avait été entendu comme partie civile le 24 avril dernier. La LPO, représentée par Me François-Xavier Kelidjian, avait porté plainte contre X auprès du tribunal de Paris en charge de l’affaire "Erika". Les plaintes ont été déposées en tant que personne morale par la LPO pour plusieurs motifs, principalement à l’égard du préjudice écologique pour destruction d’espèces protégées.

La LPO a choisi cinq témoins afin d’expliquer les actions et le rôle de l’association dans la mise en place d’un "Plan national de sauvetage des oiseaux mazoutés de l’Erika". Ils ont joué des rôles majeurs pour gérer la crise de la marée noire à laquelle la LPO a dû faire face.

Gilles Bentz, salarié de la LPO depuis 1987, était responsable de la station ornithologique de l’Île Grande (Côtes d’Armor), à vocation régionale. La cellule de crise mise en place le 13 décembre décide alors de la mise en place d’un centre de transit médicalisé sur la côte sud de la Bretagne où sont entreposés stocks de nourriture et produits destinés au nettoyage des oiseaux. Dès le 15 décembre y convergeront les camionnettes transportant les cartons d’oiseaux mazoutés qui y reçoivent les premiers soins.

Jean-Louis Jamet, à l’époque ingénieur en chef chargé de l’environnement, pour la municipalité de La Rochelle, avait été chargé de transformer un ancien funérarium en centre d’accueil et de soins. Entre fin décembre et fin avril 2000, quelque 2 800 oiseaux y ont été soignés, une centaine d’oiseaux a pu être sauvée. Le coût total a été de 300 000 F, l’État en a remboursé 175 000 F dans les quatre mois qui ont suivi le naufrage

Le "Plan de sauvetage" mis en place par Jean-François Louineau, alors directeur adjoint de la LPO a permis de passer de 24 structures d’accueil à 40, pour les trois régions concernées, 74 000 oiseaux ont été récupérés dont 42 000 ramassés morts, 2 135 ont pu être relâchés. "Dans l’état où on les recueillait, ce fut un exploit d’en sauver quelques-uns", souligne Gilles Bentz. Jean-François Louineau a coordonné l’accueil et le travail de 8 000 bénévoles qui travaillaient en 3X8. De décembre 1999 à l’été 2000, il a enregistré entre 35 000 et 40 000 journées de travail/homme.

Vincent Bretagnolles, chercheur au CNRS, a expliqué qu’il avait répondu à un appel d’offres du ministère de l’Environnement sur les conséquences de l’Erika sur les oiseaux et mammifères marins. Ne disposant d’aucune donnée antérieure, le ministère lui a procuré les moyens de survoler en avion le plateau continental du Golfe de Gascogne durant six mois et de recenser les diverses espèces le survolant. Il a été surpris par leur abondance. De décembre 2000 à février 2001, il a comptabilisé pas moins de 2 millions d’oiseaux.

Interrogé en fin d’audience, Alain Bougrain Dubourg a souligné: "Ma démarche c’est de faire reconnaître le droit du vivant non commercial".

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