En quoi consiste le projet?
Philippe Prats: 4Gas projette de construire deux ou trois cuves isolantes de stockage pour une capacité optimale de 15 milliards de m3 de gaz sous forme gazeuse. Le projet, dont l’investissement tourne autour de 500 M€, est de recevoir du GNL, du gaz naturel liquide à − 161o, qui a perdu 600 fois de son volume, de le stocker au Verdon dans des cuves et de le regazéifier. Le GNL est transporté par tuyaux, depuis les méthaniers, jusqu’aux cuves, puis passe dans une sorte de gros radiateur qui le remet à la température ambiante et lui fait retrouver son état gazeux. On peut ajouter une partie d’azote pour le rendre aux normes. Ce sera aux clients de déterminer la qualité du gaz qu’il veut avoir. Il n’y a pas de transformation chimique. Il part ensuite par gazoducs terrestres jusqu’aux artères locales de gaz. Près de 80 km de gazoducs devront être construits. 4Gas a déjà approché les gestionnaires de réseau, GRT Gaz et TIGF, filiale de Total. La canalisation pourrait être faîte par l’un ou l’autre ou les deux. Le port, lui, investira, pour le réaménagement de l’appontement, qui servait autrefois au trafic pétrolier.
Pourquoi 4Gas a-t-il jeté son dévolu sur le Verdon?
P.P.: 4Gas veut s’implanter en France. À Montoir, GDF y est déjà installé, à Fos-Tonquin, un terminal existe déjà et un autre vient d’ouvrir à Fos-Cavaou. Deux autres projets de terminal méthanier sont en cours à Dunkerque et au Havre. Seul le Sud-Ouest n’est pas desservi. Avant, il y avait les réserves de gaz de Lacq, mais elles sont quasiment épuisées et ne représentent plus que 1 % de la consommation française. De plus, les besoins en gaz ne vont cesser d’augmenter. Enfin, Le Verdon permet de recevoir des navires de 12 m de tirant d’eau; le terminal dispose d’un ancien appontement pétrolier et de terrains isolés, ce qui n’était pas le cas à Bayonne ou La Rochelle.
À quel stade en sont les procédures?
P.P.: Une réservation de terrain sur 20 ha a été signée avec le port qui doit par la suite se transformer en location de longue durée de 30 ans renouvelable. Pour cette installation classée Seveso, une instruction est obligatoire. Depuis 2006, les pièces sont peu à peu réunies pour déposer un dossier à la Drire et obtenir ainsi une autorisation d’exploitation. Avant de déposer ce gros dossier, il a fallu saisir la commission nationale de débat public. Début avril, elle a pris position pour l’instauration d’un débat public, dont nous ne savons encore quelle forme il prendra. C’est une décision que 4Gas respecte, mais a du mal à comprendre. Le terminal méthanier de Fos, qui vient d’ouvrir, lui, n’a pas eu d’obligation de débat public. Pour 4Gas, cela signifie retarder d’au moins six mois le dépôt de dossier à la Drire et le projet en lui-même. Avec les procédures administratives et trois ans de chantier de construction, la mise en activité pourrait se faire en 2012.
4Gas a-t-il déjà des clients?
P.P.: Des contacts ont été pris. Il devrait y avoir deux ou trois clients, mais on ne les connaît pas encore. Cela peut être soit des importateurs de gaz comme GDF ou Total, Suez ou des Espagnols, ou bien des producteurs, par exemple des sociétés indonésiennes qui auraient besoin de cuves de stockage.
Quelles seront les conséquences sur le trafic du PAB?
P.P.: Cela va dépendre du nombre de cuves et du rythme de réception des bateaux, mais on table sur un minimum de 2 Mt par an. Cela peut aller jusqu’à 5 Mt maximum. Le GNL sera livré par des navires de 75 000 ou 140 000 m3, à raison d’un à deux navires par semaine. Cela va dépendre du volume du navire. Des méthaniers de 250 000 m3 sont également en train d’être construits. Ce sera une éventualité, le GNL est plus léger que l’eau, leurs tirants d’eau ne devraient pas excéder 12 m.
Avec les événements du terminal méthanier de Fos, la manutention a-t-elle fait l’objet de discussion?
P.P.: 4Gas exploitera le terminal en coopération avec ses utilisateurs. Ce sont eux qui décideront s’ils utiliseront leur propre personnel ou celui du port. Mais tant que les clients ne sont pas encore déterminés, la question ne se pose pas.