Le grand événement 2007 au Port de Bordeaux est le démarrage de la nouvelle usine de laitiers de Lafarge Ciments à Bassens. Investissant 20 Me, la société a édifié une unité de broyage mise en activité en janvier dernier. Expédiant sa marchandise par train à son usine de Martres-Tolosane en Haute-Garonne, elle a choisi le maritime pour importer le laitier à Bassens depuis les Hauts fourneaux de l’usine de Dunkerque. Dès cette année, 200 000 t devraient être réceptionnées à Bassens et manutentionnées par l’entreprise Sea Invest. Selon Sylvain Garnaud, directeur général de Lafarge Ciments, dès l’an prochain, les importations devraient atteindre 380 000 t, clinker compris (*), soit un navire de 5 000 t de laitier par semaine depuis Dunkerque. Dans un avenir plus lointain, Lafarge envisage d’alimenter également son usine d’Angoulême. Tout porte à croire que ce trafic sera pérenne, le port ayant signé avec l’entreprise une convention d’occupation de terrain de 70 ans.
Bois sciés et ferrailles
Cette récente implantation se fait le reflet d’un marché des matériaux de construction en plein développement. Cette tendance a été particulièrement nette en 2006. Les importations de minéraux bruts ou manufacturés et matériaux de construction atteignent 284 000 t, soit un gain de 227 000 par rapport à 2005: ciments (+ 70 000 t), sables industriels (+ 145 000 t), terre réfractaire (5 000 t). Les bois sciés venant d’Europe du Nord ont, eux, progressé de plus de 6 %. Selon Julien Bas, directeur d’exploitation au PAB, "c’est un marché porteur. On anticipe une croissance de 10 % en 2007, mais avec un bémol. Les importateurs de bois peuvent avoir des problèmes d’approvisionnement sur les bois russes et scandinaves. Ce trafic va donc dépendre des aléas de la production". Autre secteur en vogue dans le marché de la construction: les ferrailles. Un nouveau trafic a vu le jour depuis trois ans qui plafonne à 50 000 t. Selon Philippe Deiss, directeur du PAB, un projet de site dédié aux ferrailles sur le terminal de Bassens, qui devait se faire l’an dernier, pourrait aboutir et correspondre à un trafic de 50 000 t à 100 000 t.
Du bitume à l’automne
Enfin, autre attente: le transport de bitume par la société Screg située sur le terminal de Blaye. Importatrice depuis 10 ans de 40 000 à 50 000 t de produits chimiques et engrais, la Screg, pour la première fois, veut commercialiser du bitume auprès d’entreprises routières, qui pour l’heure importent cette marchandise par camion depuis Marseille ou Rouen. "Nous avons commencé la construction de 4 cuves de stockage, mais les travaux ont pris du retard. On espère être prêt à l’automne", indique Jean-Yves Villaine, futur responsable de la nouvelle société créée pour ce trafic. "2007 va être une année test. Les importations seront de l’ordre de 50 000 t à 60 000 t. On ne sait pas si volume de ce trafic augmentera par la suite."
Granulats marins en attente
Les granulats, plus utilisés dans le BTP que la construction, focalisent l’attention et les espoirs. La région, qui réceptionne chaque année, environ 3 Mt par camion, en consomme à tour de bras. L’interdiction récente d’extraire des granulats dans la Garonne renforce cette demande. Seules 150 000 t de granulats marins extraits au large de l’estuaire sont entrées dans le port en 2006. Ce tonnage devrait passer à 250 000 t en 2007. Mais en parallèle, des projets mijotent depuis 2000 pour importer des granulats marins de l’Europe du Nord. Des sociétés norvégienne et écossaise sont sur les rangs. Déjà, l’une d’elles aurait passé une convention de réservation de terrain. L’issue des négociations devrait se faire avant l’été pour un trafic estimé à 500 000 t à l’horizon 2008 ou 2009. Pour s’y préparer, le PAB souhaite faire du site de Grattequina à Blanquefort un terminal dédié spécifiquement aux granulats. Grâce à une enveloppe de 5 M€, le terminal se verra doter d’un front accostage pouvant accueillir des navires de 30 000 t et des terre-pleins lourds. Le port, au côté du conseil général, s’est également engagé dans le renforcement de la RD 209 qui dessert Grattequina.