Sur les 5 Mt de vracs liquides réalisées au PAB, les hydrocarbures se taillent la part du lion avec un trafic annuel de 4,3 Mt. Près de 97 % de la consommation du grand Sud-Ouest et ce, jusqu’au Massif Central, transite par les installations du port. C’est dire l’importance du pétrole au PAB. Bien que ce trafic soit relativement stable et assuré depuis plusieurs années et le marché défini par des frontières qui ne bougent pas, les moindres variations climatiques ou de consommation font tout de même des vagues sur les quais bordelais. Déjà, en 2006, import et export d’hydrocarbures confondus enregistraient une baisse de 7,8 %. Le renouvellement exceptionnel des stocks en 2005 creusait cet écart. Mais, pour ce premier trimestre 2007, rien ne va plus. Les importations de produits raffinés ont chuté de 19 % et réalisent 870 000 t, soit 200 000 t de moins que l’an dernier. Un hiver doux explique cette baisse conséquente de la consommation de fioul. Les exportations de pétrole brut, elles, ont chuté de 81 % et n’ont représenté ces trois derniers mois que 15 700 t. Deux causes entrent en jeu: le rachat et la réorganisation par Vermilion des puits de pétrole régionaux et l’incident, en début d’année, sur les cuves de stockage de SPBA, Société des Pétroles d’Ambès, qui retarderait le stockage et les exportations de brut.
À plus long terme, quel avenir attend donc ce trafic essentiel pour le port? Avec la hausse de la consommation, les importations de pétrole raffiné, notamment de gazole, devraient se maintenir, voir augmenter progressivement. D’autant que le port mène un combat commercial pour approvisionner des dépôts toulousains. Le fioul domestique dépendra toujours des aléas climatiques et la consommation de fioul lourd, elle, avec la baisse des activités industrielles dans la région, décline. Cependant, l’arrivée des biocarburants pourrait avoir un impact. Un projet d’usine de production de diester est en cours mené par Diester Industrie, spécialiste de la production et commercialisation de Diester, et Saipol-Lesieur, leader dans la trituration de graines oléagineuses, déjà installé sur le terminal de Bassens (voir encadré).
Des bouleversements sont attendus également sur le terminal de Pauillac. La CIM, Compagnie industrielle maritime, devient le nouveau propriétaire des dépôts pétroliers appartenant à la Shell. Elle compte investir près de 40 M€ pour la mise en conformité réglementaire du dépôt. Selon Christian Chaize, son directeur, près de 400 000 t par an de gasoil seraient importées au terminal de Pauillac afin d’alimenter les stations-service du grand Sud-Ouest. Près de 310 000 m3 constitueraient des stocks de réserve, renouvelés d’un tiers tous les ans. Selon Julien Bas, directeur d’exploitation du PAB "leur arrivée va revitaliser le site de Pauillac et sera un élément de trafic, mais on ne sait pas dans quelle mesure. La CIM sera importatrice pour les besoins régionaux, mais aussi, en tant que stockeur, pourrait réexporter du pétrole".
Enfin, le rachat en 2006 des gisements pétroliers d’Esso dans les Landes par Vermilion, peut booster, à terme, les exportations de pétrole brut. Leur trafic pourrait avoisiner les 400 000 t par an, en dehors du nouveau forage entrepris par Vermilion à 40 km au large du Cap-Ferret. "Le forage exploratoire va être lancé cet été, mais ça ne veut pas dire que Vermilion, s’il trouve du brut, l’expédiera par voie maritime.
Cependant, la société a déjà loué au port des terre-pleins, bureaux et hangars, et de l’outillage, sur le terminal du Verdon. À partir de l’été, trois navires feront des rotations entre le terminal et la plate-forme de forage pour la réapprovisionner en matériel et carburant", indique Julien Bas.
Pour dynamiser le trafic pétrolier, le port, dans le contrat de plan 2007-2013, a prévu une enveloppe de 6,4 M€ pour des travaux sur le poste 511 d’Ambès afin d’augmenter le tirant d’eau, moderniser et sécuriser l’appontement.
Diester: une production de 250 000 t en 2008
Saipol, qui triture actuellement 450 000 t par an, serait chargé de l’exploitation des unités d’estérification de Diester Industrie, dès 2008. Ce projet, soutenu par le gouvernement qui table sur une consommation de 2,3 Mt de biocarburants pour voitures diesel en 2008 en France, devrait avoisiner dès l’année prochaine, une production de 250 000 t de Diester sur le site de Bassens. Saipol projette d’investir près de 20 M€ pour augmenter sa capacité de trituration de 50 % et mettre en place un atelier de semi-raffinage pour approvisionner en huile l’usine d’estérification. Diester Industrie mettra également la main à la poche à hauteur de 30 M€. Le Diester sera acheminé par pipe vers DPA à Bassens et par voie fluviale vers les autres clients pétroliers. Pour le port de Bordeaux, quelle sera la réelle incidence de cette nouvelle production? Les 250 000 t de Diester réduiront les importations pétrolières traditionnelles? Les besoins supplémentaires en graines de colza et tournesol se traduiront-ils par un trafic portuaire? Difficile, pour l’heure, de se prononcer, Saipol envisageant surtout de s’approvisionner en graines depuis le Poitou-Charentes et l’Aquitaine. Une chose est sûre, le Port a signé d’ores et déjà une garantie de trafic maritime de 150 000 t. Saipol, lui, dans son prévisionnel, indique, que 60 000 t d’huiles seront importées par mer ou fleuve. Les sorties par ces modes de transport seraient plus importantes: 90 000 t d’huiles, 25 000 t de tourteaux, 150 000 t de Diester et 17 000 t de glycérine.
Autres vracs liquides
Représentant plus de 660 000 t en 2006, les autres vracs liquides ont connu une augmentation de 8,28 % par rapport à 2005. Les entrées de butane et de propane (120 000 t) sont en hausse ainsi que celles des produits chimiques de base (378 000 t). L’arrivée des biocarburants pourrait doper ce dernier trafic. L’ammoniac et le butadiène connaissent une progression continue. Dans ce secteur, près de 800 000 € seront consacrés à la mise en sécurité du pôle pétrochimique d’Ambès, dans les années à venir.