Le bilan de Lorient-Kergroise s’élève à 2,73 Mt pour 2006, en hausse de 6,1 %. Les hydrocarbures, avec 1,23 Mt, progressent de 2,7 % et atteignent un record historique. Ce bon résultat est lié aux investissements réalisés par le dépôt pétrolier et à une dynamique commerciale liée à l’hinterland. En nutrition animale, le trafic, 873 260 t, est en hausse de 12,6 %, à l’inverse de l’évolution du marché régional, en recul de 2 %. Lorient a donc augmenté sa part de marché, grâce à la conjonction de plusieurs facteurs: une concurrence croissante entre les quatre principaux importateurs; le prix du carburant; le passage aux convois de 44 t; l’ouverture des magasins en continu; l’accord de productivité entre les employeurs et la main d’œuvre. Le port peut espérer conforter ses positions, mais la crise de l’élevage breton interdit de compter sur des développements spectaculaires.
Le troisième poste est la livraison de vracs pour la construction avec 604 783 t (+ 12,2 %). Le prix du carburant et l’épuisement des gisements terrestres favorisent le développement de l’alternative maritime. Le trafic comprenait aussi des produits de recyclage (42 000 t, − 15,3 %), de la pâte à papier (11 592 t, stable), de la fonte (15 186 t, − 38 %) et des engrais (45 000 t, − 8 %).
Si le potentiel de développement des trafics actuels reste limité, le port va investir 22 M€ dans la modernisation de ses installations, dont 12 millions pour une première tranche. Le port va s’organiser pour accueillir les navires de type panamax. Lancé en 2007, le chantier comprendra l’allongement de 80 m vers le sud du quai principal et la création d’un poste à la cote − 13 m. Des dragages seront menés en conséquence pour une accessibilité par tout coefficient de marée.
L’allongement impose aussi le déplacement de l’appontement pétrolier, ce qui donne l’occasion de le reconstruire en le modernisant.
Des diversifications contrariées
Le port de Kergroise se donne désormais une vocation cimentière. Courant 2007, Cemeroc ouvre une usine de conditionnement qui sera alimentée par la mer à raison de 250 000 t par an; un investissement de 8 M€. L’autre projet, émanant de Cimarmor (Holcim), visait à préparer du ciment sur place à partir de clinker importé. Il intéresse le port et la CCI, mais été refusé par la ville pour des raisons de forme, en fait sous pression écologiste. Dans les deux cas, sables et ciment, le choix portuaire de Lorient repose sur une augmentation de la demande de l’industrie du BTP et sur son besoin de proximité. De fait, les mobilisations locales risquent d’entraver la diversification du trafic dans une région dont les vocations industrielles sont pourtant en nombre limité. Le port est passé sous la coupe de la région au 1er janvier 2007 et la concession, bien qu’échue, reste confiée à la CCI jusqu’à la fin de 2007. D’ici là, la région mettra au point un cahier des charges (soumis à appel d’offres) et lancera ensuite un appel d’offres principal pour la gestion du port.
Sable: des opérateurs dans l’attente
Les sables progressent en moyenne de 5 % par an, mouvement qui devrait se poursuivre sur plusieurs années. Les deux opérateurs portuaires sont Sablimaris et SVA; ils pourraient être rejoints au Rohu par Lafarge. Pour l’instant, le projet de poste sablier de Lafarge est bloqué par une série de refus de permis de construire émis par la mairie de Lanester. L’affaire prend une dimension judiciaire. Parallèlement, Lafarge et Italcementi espèrent obtenir un titre minier pour exploiter une sablière en mer face à Étel, sur une aire de 4 km2 à 30 m de profondeur. Les deux en sont pour l’instant au stade de l’instruction d’un permis de prospection sur une zone de 16 km2 dans laquelle ils devraient sélectionner une zone d’extraction. À terme, 600 000 t de sable seraient prélevées chaque année. Le projet, en cours d’instruction, fait face à une forte opposition de pêcheurs, d’écologistes, de diverses associations et de plusieurs mairies.