Les ports français ont réalisé un bon score en 2006. Avec une progression de 3,2 %, ils voient leur trafic progresser de 384 Mt. Cette bonne performance est principalement le fait de quelques ports. Dunkerque a récolté l’an passé une pluie de records sur plusieurs courants: les minerais et le trafic roulier. Autre port à avoir su tirer son épingle du jeu l’an passé, celui de La Rochelle. Le port charentais entré depuis le 1er janvier de cette année dans le cercle des ports autonomes enregistre la plus forte progression de cette catégorie avec 6,4 % à 7,3 Mt. Dieppe et Rouen sont aussi à inscrire dans ce chapitre des ports dont les trafics sont en hausse. Enfin, Marseille-Fos affiche aussi un record en franchissant pour la première fois de son histoire le cap des 100 Mt. Un résultat atteint grâce, notamment aux trafics d’hydrocarbures.
Le bilan portuaire français ne doit pas cacher certaines imperfections. Ainsi au Havre, l’inauguration le 30 mars de Port 2000, nouveau terminal conteneurisé, n’a pas porté les fruits attendus. Le trafic conteneurisé du Havre a augmenté de 0,5 % à 2,13 MEVP. "2006 a été une année de transition", répète-t-on à l’envi le long des quais du port normand. À Brest, Lorient, Nantes/Saint-Nazaire et Bordeaux, la croissance n’a pas été au rendez-vous.
Une hausse de 27 % en quinze ans
Ainsi, globalement le trafic portuaire français se porte bien. En quinze ans, ce secteur économique a vu ses trafics progresser de 27 % et digérer, tant bien que mal, une réforme de son organisation qui est toujours en cours. En 2006, les ports concurrents des français enregistrent pour leur part des trafics non négligeables. Dans le range nord-européen, de Hambourg à Zeebrugge, la hausse des trafics permet à ces ports de distancer les deux grands établissements français: Le Havre et Dunkerque. Ainsi avec 135 Mt (+ 7,3 %), Hambourg s’envole, dopé par la conteneurisation. Avec 8,9 MEVP, le port allemand consolide sa seconde place dans ce range. Quelques miles plus au sud, Rotterdam gagne 1,58 Mt, soit 2,1 %. Si cette augmentation s’avère moins importante, elle est principalement due aux importations de ferrailles, de produits agricoles et de pétrole brut. Du côté des conteneurs, le port néerlandais a accueilli 4 % de boîtes en plus, soit 400 000 EVP, pour atteindre 9,7 MEVP. Au final, Rotterdam demeure le premier port européen et conserve sa place dans la course des grands ports conteneurisés mondiaux.
+ 16,5 % à Zeebrugge
De l’autre côté de la frontière, Anvers continue sa progression. Avec 4,6 % de hausse, il voit ses trafics culminer à 167,4 Mt. Tous les indicateurs sont à la hausse, à l’exception des vracs secs. Les conteneurs ont bondi avec 7,01 MEVP, soit 8,2 % de plus qu’en 2005. L’autorité portuaire attribue ce bon résultat à la mise en service du nouveau terminal, le Deurganckdok depuis le mois de juillet 2005. Opéré par PSA et DP World, la première année de plein exercice de ce terminal a été au-delà des attentes, selon l’autorité portuaire. Il a réalisé un trafic de 810 000 EVP. Dans le détail, ces 810 000 EVP reviennent en majorité à DP World. PSA n’a accueilli que 210 000 EVP. Et quand PSA s’intéresse de près aux développements de Rotterdam, le port d’Anvers voit rouge et s’inquiète.
Enfin, dans ce range, Zeebrugge enregistre la plus forte croissance avec 16,5 % à 1,64 MEVP. Un record pour ce port.
Au Sud, les ports méditerranéens français sont confrontés à la concurrence espagnole et italienne. Dans la péninsule ibérique, Valence et Barcelone réalisent, à eux deux, près de 5 MEVP. Le port catalan affiche malgré tout une progression bien supérieure à celui de Valence.
À Gênes, le trafic global est en légère diminution (− 0,2 % à 56 Mt). Le port ligurien affiche malgré tout un record de trafic sur les conteneurs. Avec 1,65 MEVP, le port voit son trafic gagner 10 %, tout comme celui de La Spezia qui augmente dans les mêmes proportions à 1,13 MEVP. En regard, Marseille-Fos demeure sous la barre du million d’EVP et prend du retard en n’augmentant que de 2,7 %.
Les ports français fourbissent désormais leurs armes pour l’avenir et se lancent dans de nombreux projets pour rattraper leur retard. Dominique Perben, ministre des Transports et de la Mer leur a mis un objectif: 10 MEVP en 2015. Face à une telle concurrence, la bataille sera rude.