Le trafic maritime du port de Rouen a réalisé l’an dernier l’un des quatre meilleurs résultats de son histoire avec 23,3 Mt, en hausse de 5,8 % par rapport à 2005. Ce taux de progression est lui-même l’un des meilleurs des grands ports français. Ce résultat est largement attribué aux trafics de produits pétroliers raffinés. Ceux-ci ont bénéficié d’une forte croissance des apports de gazole dont la France est déficitaire en production, tandis qu’à l’export, des volumes significatifs d’essence ont été expédiés vers les États-Unis. Globalement, les produits pétroliers ont totalisé 10,2 Mt, soit 17,1 % de plus qu’en 2005. Les autres composantes des trafics de vracs liquides, engrais et produits chimiques, totalisent environ 2 Mt (−3,1 %).
Dans le domaine des vracs solides, Rouen a gagné 0,7 % à 8,1 Mt. Les céréales, qui constituent la part prépondérante de ces trafics, ont enregistré une année calendaire en diminution (−4,6 %) avec 5,7 Mt. Si les céréales marquent un tassement, les oléagineux et protéagineux ont enregistré une nette amélioration de leurs volumes à l’export (+ 97 %). À souligner également un bon tonnage de charbon (548 000 t), en hausse de 46,5 %, un trafic destiné essentiellement à des clients industriels.
Un record pour les trafics conteneurisés
Bien qu’en diminution de 6,1 %, les trafics de marchandises diverses se sont plutôt bien comportés en 2006. En 2005, ils bénéficiait des tonnages acheminés en roulier entre Radicatel et Southampton par Channel Freight Ferries, arrêté en décembre 2005. "Près de la moitié du tonnage que représentait cette ligne a en effet été déjà rattrapé par la croissance des autres trafics", souligne Martine Bonny, directrice générale du Port autonome de Rouen.
Dans le domaine du conventionnel, Rouen a obtenu de bons résultats pour les produits forestiers et papetiers avec une croissance de 14,2 % (735 000 t), grâce à de nouveaux trafics et au retour à la normale des importations finlandaises après une année 2005 marquée par un conflit social de plusieurs semaines. Les trafics de sacherie (sucre et farine) progressent pour leur part modestement.
L’un des principaux succès rouennais de 2006 porte sur les trafics conteneurisés maritimes (hors trafics fluviaux). Ces derniers s’élèvent à 1,4 Mt, un niveau inégalé dans l’histoire du port, soit 165 179 EVP (+ 2,4 %). Pour ce qui concerne les conteneurs acheminés par voie fluviale, leur croissance est soutenue (+ 21,7 %). Ce type d’acheminement permet aux portuaires rouennais de participer aux flux Est/Ouest. Sur ce segment, il faut souligner le rôle significatif du "fluvio-feede" développé par la Compagnie maritime Marfret. "Ce service a doublé de fréquence en 2006 en passant au rythme quotidien. Il est assuré par deux barges d’une capacité de 100 EVP. Non seulement le fluvio-feeder donne la possibilité aux acteurs de la place portuaire rouennaise de traiter des marchandises conteneurisées en provenance de l’axe Est/Ouest, mais il permet également aux industriels rouennais de développer de nouveaux marchés à l’exportation (Méditerranée, Asie) par l’utilisation du conteneur et du fluvial pour bénéficier de l’ensemble de l’offre maritime du port du Havre."
S’adapter à des navires plus grands
Le port de Rouen se trouve aujourd’hui à un moment important de son histoire. En menant la démarche"Cap Développement", il a été mis en évidence que les trafics de vracs, qui constituent une part très majoritaire des marchandises traitées, sont confrontés à l’évolution de la flotte des navires. Martine Bonny explique: "Les navires de taille moyenne dits « handysize » (jusqu’à 40 000 tpl) qu’on rencontre couramment dans le port de Rouen, sont une catégorie vieillissante dont le renouvellement n’est pas assuré. Des navires plus grands dits « handymax » (jusqu’à 60 000 tpl) les remplacent progressivement dans la flotte des armateurs." La flotte des navires handymax représente déjà une part des grands navires accueillis à Rouen; ils ne peuvent malheureusement pas opérer à pleine charge, leur tirant d’eau étant supérieur aux caractéristiques du chenal.
Face à ce défi – car sans une adaptation des accès nautiques, Rouen risque de voir son rôle se réduire – , il apparaît nécessaire de réaliser une amélioration de ces accès. "Le fond de la Seine n’est pas homogène et ce sont des points hauts qui limitent le tirant d’eau, explique François Xicluna, directeur de l’aménagement et de l’environnement au port autonome. L’arasement de ces points hauts permettra l’amélioration du tirant d’eau d’un mètre, ce qui donnera la possibilité de charger complètement un navire de type handymax." Ces points hauts ne représentent qu’un sixième de la surface du fleuve. Un important programme environnemental sera mené conjointement. Le Contrat de projets État-Région, signé à Rouen le 23 février dernier, prend en compte cette opération.
Dans le domaine des investissements, il convient également de souligner le démarrage en 2007 des travaux d’agrandissement du terminal à conteneurs et marchandises diverses avec la réalisation d’un premier poste à quai. À signaler également la poursuite des implantations logistiques, avec en particulier la réalisation de deux nouveaux entreopôts de 5 000 m2 sur RVSL tandis qu’à Lillebonne, entrera en service en avril l’unité de production de bioéthanol de la société BENP (groupe Tereos).