Depuis le 1er janvier, le port de Calais est propriété de la Région Nord-Pas-de-Calais. On peut s’étonner du choix de l’État, qui donne à une région les clés d’une pépite stratégique, visible sur une carte de l’Europe par sa position imprenable face à Douvres, incontestable 4e port français par le tonnage. Mais le président du Conseil régional, Daniel Percheron, s’en est saisi sans trembler. Son nouveau port a vu passer 41,505 Mt en 2006, en croissance de 8,4 %. Cela grâce au fret transmanche, qui gagne 11,8 % par rapport à très mauvaise année 2005 avec 1 847 197 poids lourds transbordés. La route maritime Douvres/Calais représente ainsi 50,3 % du marché du fret roulant du détroit, de Dunkerque à Boulogne, navettes d’Eurotunnel comprises. Le port de commerce hors transmanche, par contre, a chuté de 25 % (encadré).
Cette bonne année pour le fret transmanche est avant tout liée à la vigueur du marché, soutenue par la santé des échanges entre les îles Britanniques et le centre-est du continent, ainsi qu’avec l’Espagne. Dans le même temps, le commerce avec la France progresse toujours plus rapidement que la croissance du Royaume-Uni. D’autre part, toutes les passerelles ont été remises en bon ordre de marche, après les incidents et accident de passerelles de 2004-2005. Les passerelles 6 et 7 ont fait l’objet de très grosses opérations de réparation; les 5 et 8 ont été révisées sans concessions. Le principe de précaution sous-tend désormais la politique de maintenance de l’autorité portuaire. Par ailleurs, l’entrée en service du poste 9 en janvier apporte une souplesse supplémentaire.
Indispensable projet
Le trafic de passagers reste décevant, en baisse de 2 % sur un marché en léger recul, avec 11,46 millions de passagers transbordés, pour 1,99 million de véhicules. Les autorités du port de Douvres tablent sur une hausse d’à peine 20 % du marché du tourisme dans les 20 à 30 ans qui viennent. C’est dire que les véhicules de tourisme sont désormais un sujet toujours très important, mais secondaire, et surtout moins rémunérateur pour les ferries que le fret. Avec la disparition du service rapide d’Hoverspeed, la concurrence de SpeedFerries sur Douvres/Boulogne à la recherche d’un second navire et une politique commerciale relativement peu agressive d’Eurotunnel, SeaFrance et P&O Ferries ont su tirer leur épingle du jeu.
Daniel Percheron a à présent sur son bureau le projet de développement Calais 2015, un schéma directeur proposé par la CCI de Calais. Il s’agit pour Calais de faire face à la progression du trafic autoroutier entre le continent et les Îles britanniques, estimée autour de 100 % dans les 20 prochaines années. Le port de Douvres est engagé dans une phase de concertation pour le projet Western Docks Terminal 2. Pour y répondre, la CCI propose de construire un nouveau port au nord, gagné sur la mer. Le projet n’est pas encore chiffré officiellement, mais le chiffre de 500 M€ sur 20 ans est avancé. Il sera financé par les fruits de l’activité de la concession, l’emprunt et un soutien modéré de la région. Jean-Marc Puissesseau, président de la CCI de Calais, armé d’études préliminaires complètes, a largement travaillé sur le plan local pour faire partager le projet "par tous les Calaisiens". Il attend le feu vert de sa nouvelle autorité concédante pour lancer les études d’avant-projet, et espérer disposer de deux premiers postes dès 2015, voire plus tôt.
Difficile pour le commerce
Le trafic du port de commerce a reculé de 25 % en 2006 à 960 000 t. En cause, la fermeture de l’unité de grillage de zinc Umicore qui a entraîné la disparition de 140 000 t de chargement d’acide sulfurique, et 150 000 t de minerai de zinc. Le port a traité 620 000 t de vracs, répartis à égalité environ entre les entrées de minerais pour Tioxide et Ucar, et les sorties de produits de carrière. Les diverses à l’export (sucres essentiellement) ont connu une hausse à 135 000 t, mais cette activité a cessé ce début d’année. Les câbles ont connu de nouveau une année difficile, mais de nouveaux contrats sont attendus ce semestre. Le port mise pour l’avenir sur le cabotage roulier. Deux passerelles polyvalentes sont disponibles en fond de darse Henri Ravisse, et le démantèlement des postes transmanche les plus anciens laisse place à l’étude de nouveaux projets.