Depuis l’annonce, l’été dernier, d’un projet d’implantation au Verdon du groupe néerlandais 4 Gas et d’Endesa France afin d’y aménager un terminal méthanier, les yeux des dirigeants portuaires bordelais brillent. À l’horizon 2011, si le projet voit le jour, ce serait, en effet, 2 à 3 Mt par an supplémentaires qui transiteraient par le PAB. Un bouleversement pour ce port dont le trafic global oscille entre 8 et 9 Mt depuis 10 ans (8,2 Mt en 2006). Bien que le projet n’en soit encore qu’au stade de la convention de réservation de terrain et que les demandes administratives sont à l’étude, le port a décidé ne pas lésiner sur les investissements. Dans le contrat de projets État-Région (CPER) 2007-2013, 14 M€, soit la somme la plus importante sur les 52,5 M€ (valeur 2006) prévus sur la totalité du contrat, devraient servir à rénover les quais du Verdon et redonner vie à l’ancien appontement pétrolier désaffecté depuis la fermeture des raffineries girondines. Rien que du côté de 4 Gas, on parlerait d’un investissement, lui, avoisinant les 400 à 500 M€.
Pétrole: Ambès sécurisé et Pauillac redynamisé
Dans le CPER 2007-2013, en attente d’être validé par le gouvernement, les secteurs traditionnels du PAB, ont également été pris en compte. Le pétrole, qui a généré en 2006, un trafic de 3,8 Mt en entrée et 328 685 t en sortie, continue à représenter près de la moitié du trafic portuaire global. Dans le précédent contrat de plan (1), le poste 512 d’Ambès avait été rénové pour accueillir un trafic pétrolier globalement pérenne et de plus en plus concentré sur ce terminal. Dans les années à venir, une enveloppe de 6,4 M€ est prévue pour des travaux sur le poste 511: augmentation du tirant d’eau, amélioration de l’accès nautique, modernisation de l’appontement, sécurisation des procédures d’amarrage. Près de 800 000 € supplémentaires seront également consacrés à la mise en sécurité du pôle pétrochimique d’Ambès. En parallèle, le dépôt Shell à Pauillac, qui a importé 200 000 t d’hydrocarbure en 2006, et qui devait fermer, offre de nouveaux espoirs. La CIM, Compagnie industrielle maritime (2) va devenir, fin mars, le nouveau propriétaire de ce dépôt relié par pipeline à DPA sur Bassens. La CIM prévoit d’investir près de 40 M€ pour la mise en conformité réglementaire du dépôt. Au total, a indiqué Christian Chaize, directeur de la CIM, près de 400 000 t par an de gasoil seraient importées au terminal de Pauillac afin d’alimenter les stations-service du grand Sud-Ouest.
Autre secteur-clé du PAB: les céréales qui, elles ne feront pas l’objet d’investissement particulier. En raison des sécheresses successives et d’une demande forte de l’Espagne par la route, la décroissance des exportations maritimes de maïs se poursuit. Près de 300 000 t ont été perdues en deux ans. Entre 2005 et 2006, le trafic céréalier a ainsi baissé de 6,5 % pour n’atteindre que 1 186 246 t. Dès lors, le port et les opérateurs tentent surtout de jouer la carte de la diversification en mettant en place des outils et des capacités de stockage pour le blé, l’orge et globalement les céréales à paille.
Moderniser l’outillage
L’amélioration de l’outillage se pose également comme l’une des priorités du port. Bien que les investissements passés aient permis un gain de productivité de 50 % en cinq ans, l’effort se poursuit avec un budget de 7,3 Mt pour développer et moderniser l’outillage. Une quatrième grue de forte capacité sera notamment mise en service. Dans cette même logique de parfaire la productivité portuaire, 1,3 M€ seront dévolus au développement de la desserte ferroviaire des terminaux du Verdon et d’Ambès. Le terminal de Grattequina, à Blanquefort, grâce à une enveloppe de 5 M€, se verra doter d’un front d’accostage pouvant accueillir des navires de 30 000 t et destiné à l’importation de granulats. En 2004, 600 000 t de granulats extraits de la Garonne étaient expédiées par navire. Ce trafic a pris fin avec l’interdiction d’extraire ces granulats. Mais d’ici l’été, des projets, notamment d’importation de granulats du Nord de l’Europe pourraient aboutir. Le port, au côté du conseil général, s’est déjà engagé dans le renforcement de la RD 209 qui dessert ce site.
Enfin, autre grand chantier du contrat de plan: 3,2 M€ consacrés à l’aménagement des accès nautiques. Dès cette année, des travaux de déroctage vont démarrer au droit de Cussac et de Beychevelle. Des études sur les évolutions de la passe Ouest à l’embouchure de la Garonne vont, elles, se poursuivre. Le port va se doter également d’une nouvelle vedette hydrographique. Le volet environnemental ne sera pas négligé dans le futur plan. Près de 2,6 M€ serviront notamment à optimiser la gestion de la ressource en eau sur Bassens, à mettre en place un plan de recyclage des déchets et à lancer une démarche de certification environnementale Ecoport.
1) Dans le contrat de plan 2000-2006, 50 M€ ont été dépensés sur les 68,7 M€ prévus initialement. Ce taux de réalisation de seulement 72 % du contrat de projet s’explique par des fonds européens revus à la baisse et par des investissements pris en charge par des entreprises privées.
2) La CIM, leader français dans le stockage pétrolier, gère notamment 40 % de l’approvisionnement français en hydrocarbure sur le terminal pétrolier du Havre.
Un nouveau parc à conteneurs à Bassens
En revanche, le trafic conteneur a atteint en 2006 un taux record. 54 661 EVP ont été manutentionnés, soit une hausse de 8,4 % par rapport à 2005. Les principaux armateurs confortent leur présence à Bordeaux et proposent des augmentations de capacité. Aussi bien CMA CGM que MSC ont prévu cette année de changer leurs navires sur leurs services feeder pour optimiser les rotations. Du côté du port, des collectivités et de l’État, près de 5 M€ seront dépensés jusqu’en 2013. Les quais de Bassens seront modernisés pour une meilleure utilisation des grues à roues qui nécessitent des renforts de charge et pour l’accueil de navires de plus en plus grands. En parallèle, un nouveau parc à conteneurs de 20 000 m2 verra le jour sur les anciennes installations de Soferti.
15,2 M€ investis en 2007
En 2006, le PAB a réalisé un chiffre d’affaires de 45 M€ avec un bénéfice estimé de 1 à 2 millions qui a permis de combler les déficits des années précédentes. Dans le contrat de projets État-Région 2007-2013, le port prendra en charge 60 % environ des 52,5 M€ prévus: l’État, les collectivités et le Feder assumant le reste des dépenses. Plus précisément sur 2007, les investissements s’élèvent à 15,2 M€ afin de financer, entre autres, le déroctage des passes de Cussac et Beychevelle, l’achat d’une grue de forte puissance à Bassens et la construction d’un hôtel industriel à Bacalan.