Progressivement, l’oiseau fait son nid. L’année 2006 est un bon cru pour Caen Ouistreham. Le port qui est géré par la CCI se voit en effet propulsé dans le top ten des ports français. Une véritable performance et le fruit d’un travail engagé depuis de nombreuses années.
Caen-Ouistreham, c’est d’abord un trafic transmanche qui se porte particulièrement bien avec ses 1,78 millions de passagers, soit une hausse de 10,43 % par rapport à 2005 et un trafic fret de 255 821 véhicules (+ 4,74 %). La compagnie Brittany Ferries, qui s’est implantée il y a vingt ans, se frotte les mains puisqu’elle enregistre régulièrement des résultats très positifs. Et le pari n’était pas gagné d’avance lorsque la compagnie bretonne a décidé de s’ouvrir sur un territoire bas normand qui était inconnu pour elle.
Aujourd’hui, les silhouettes du Mont-Saint-Michel et du Normandie, les deux ferries qui assurent la ligne quotidienne sur Portsmouth, font partie intégrante du paysage. Pour Serge Foucher, le président de la CCI de Caen-Ouistreham, la progression de ce trafic est logique même s’il dépend parfois des événements nationaux (anniversaire du débarquement) ou régionaux qui attirent le public. En transmanche, son objectif est double. Maintenir le nombre de passagers et développer le trafic camion qui peut, selon lui, progresser encore de 5 à 8 % par an.
Les vracs gagnent 14 %
Mais pour le responsable, les bons résultats ne se résument pas au simple trafic transmanche. "Nous avons enregistré une progression du trafic de notre port amont dont l’activité est centrée essentiellement sur le vrac. Avec 830 000 t en 2006, c’est une progression de 14 % par rapport à l’année précédente. Notre motif de satisfaction, c’est de voir que les différents investissements, même s’ils sont modestes, répondent à tous les marchés de niche qui sont captés par le port et portent leurs fruits. Depuis deux ans, nous sommes en progression et nous devrions atteindre le million de tonnes." Les investissements en question ont été essentiellement faits dans de l’outillage portuaire pour répondre aux exigences des clients. "Il faut une rapidité de déchargement pour compenser les contraintes d’écluse et de canal." Les résultats enregistrés en 2006 sont notamment dus à une forte hausse du trafic de sel et de ferraille. L’importation de bois exotiques, en provenance d’Afrique et du Brésil, s’est stabilisée. Par contre, le trafic de houille a chuté en passant de 90 000 t en 2001 à 13 000 t aujourd’hui. "Les céréales fonctionnent bien avec 350 000 t enregistrés en 2006", indique au passage le responsable de la CCI.
De la surface disponible pour la logistique
Parmi les temps forts de l’année écoulée, l’accueil au printemps 2006 de navires spécialisés en colis lourds. Trois unités ont fait escale pour prendre en charge une chaudière de 160 t et dix-sept modules de chaudronnerie composant un silo à ciment destiné à une usine située en Islande. Pour remblayer la plage anglaise de Lyme Regis, le port a également exporté 35 000 t de sables issus des carrières du Bessin.
Depuis mars 2006, les activités de la direction des équipements portuaires ont réhabilité 60 000 m2 de bâtiments. Le foncier disponible est un atout pour le port de Caen-Ouistreham.
"Notre espoir, c’est la surface de la concession qui s’agrandit régulièrement. Aujourd’hui, nous disposons d’une surface de 163 ha de terrains et nous pensons que l’importance du foncier est un avantage pour l’implantation d’activité logistique." En 2006, un atelier de préparation de véhicules d’une superficie de 2 000 m2 ainsi qu’un parc de stockage de 50 000 m2 ont été mis en service au profit du logisticien CAT. La concession de la zone dédiée à Renault Truck a été étendue sur 14 ha. La CCI de Caen gère également le port de pêche de Port-en-Bessin, qui malgré une baisse du tonnage en 2006 (− 4,92 % pour 8 114 t) voit son chiffre d’affaires progressé grâce à un premier trimestre satisfaisant.
Des travaux pour l’avenir
Dans le cadre de sa politique de développement, la CCI de Caen-Ouistreham a un certain nombre de projets. Outre l’extension du terminal des ferries (voir encadré), deux autres objectifs sont fixés: l’un à l’horizon à 2010-2015 concernant l’augmentation des surfaces de terre-pleins et le second pour la période 2015-2025 avec la réalisation d’un front d’accostage et d’une passerelle de débarquement en fonction de la taille des navires. Autre projet, le réaménagement de l’avant-port. Aujourd’hui, l’avant-port est un plan d’eau sur lequel se côtoient les ferries, les navires de pêche, les bateaux de plaisance et les bateaux d’assistance et de servitude. Toutes ces activités se font sur une surface de plan d’eau d’environ 100 m de large sur 800 m de long. Afin de rationaliser les mouvements et assurer une meilleure sécurité, la CCI met en avant un projet qui consiste à libérer le plan d’eau qui est encombré de stationnements et créer des espaces qui seront capables d’accueillir tous les navires qui doivent être opérationnels 24 h sur 24, ou en attente, avant de rentrer dans le canal d’accès au port. L’élargissement d’une presqu’île située à l’est du chenal permettra de réaliser des postes de stationnement ainsi que des aires de services.
Ferries: un terminal agrandi
Ce terminal a été mis en service en 1986 pour un trafic prévisionnel de 20 000 camions et de 250 000 passagers. La barre n’est plus à la même hauteur aujourd’hui. À raison de trois à quatre escales par jour, ce sont plus d’un million de passagers et des dizaines de milliers de camions qui transitent par le port bas normand. Une première extension, en 1992, avait permis à la compagnie Brittany Ferries de mettre en service ses nouveaux ferries grâce à une passerelle double et à un quai d’accostage de 180 m de long. Le projet d’extension consiste donc à créer à terme environ 6,6 ha de terre-pleins au nord du terminal et en bordure du chenal d’accès du port. L’objectif pourrait être atteint en trois phases, d’abord la réalisation d’une digue de protection sur l’ensemble des 6,6 ha et la réalisation de terre-pleins sur une surface de 3 ha qui permettrait de répondre aux besoins immédiats de l’armateur breton.
Cherbourg se repositionne sur le fret transmanche
En 2006, Cherbourg a souffert d’un manque de capacité de transport vers l’Angleterre et notamment de l’arrêt de la liaison fret sur Portsmouth. Le nombre de rotations de navires fret ou conventionnel ayant chuté de 19 % pour passer à 1155, le volume des véhicules utilitaires s’en est directement ressenti en passant à 79 024 pour 2006 (− 8 %). Dans ce contexte, le service du Celtic Mist de Celtic Link sur Portsmouth à la fin du mois de janvier 2007 et l’arrivée attendue du Cotentin, nouveau navire de Brittany Ferries en octobre 2007 doivent répondre aux attentes des transporteurs routiers. La réussite de ces deux projets est vitale pour la concession puisque les recettes apportées par ces nouveaux trafics permettront de finaliser le plan de redressement financier de la concession et d’équilibrer le budget d’exploitation (hors investissement).
En ce qui concerne les liaisons avec l’Irlande, le trafic est en nette progression à 8,8 % à 18 731 véhicules utilitaires. Ces chiffres confirment le succès de la reprise de la ligne sur Rosslare par Celtic Link.
Côté passagers, malgré un nombre de traversées sur l’Angleterre qui a chuté de 18 %, la baisse du nombre de passagers est toutefois restée limitée à 4,2 % avec 641 278 passagers en 2006. Ces résultats traduisent le souci de Brittany Ferries de maintenir une gestion prudente dans un marché en récession. Aussi, même si ces résultats ne correspondent pas au potentiel des installations portuaires, ils confortent le positionnement de Brittany Ferries à Cherbourg dans l’attente d’une reprise de l’activité.
Vers un renouveau des trafics en conventionnel
Depuis plusieurs années déjà, le trafic en conventionnel est sinistré à Cherbourg. En un an, il a encore perdu plus de 100 000 t avec 158 690 t fin 2006. Des trafics de niches ouvrent cependant de nouvelles perspectives. Avec la Société nouvelle Cherbourg maritime, filiale du groupe SDV, le port de Cherbourg a capté une grande partie des trafics d’éoliennes pour le grand ouest de la France. Cette activité a généré 43 escales en 2006 contre 10 l’année précédente pour un tonnage de 15 194 contre 4 604 t en 2005).
Les granulats gagnent également du terrain. Les carrières locales ont pu décrocher de nouveaux contrats de granulats (sables et graviers) à destination du Royaume-Uni qui doit faire face à un manque régulier de tels matériaux. En 2006, ce trafic a représenté 75 escales, contre 52 en 2005, pour 139 630 t contre 103 345 t l’année précédente. Les carriers annoncent une croissance de ce trafic en 2007 avec un objectif de plus de 200 000 t. Cette croissance devrait se poursuivre compte tenu des travaux envisagés en Grande-Bretagne dans la perspective des jeux Olympiques de 2012. Le tonnage de matériaux à l’export a toutefois baissé en 2006 compte tenu de l’absence de trafics d’enrochements. Cette situation devrait s’inverser en 2007 avec l’annonce d’un trafic d’enrochements pour alimenter les chantiers de confortement des berges de la Seine.
Les autres trafics conventionnels restent dans des tonnages limités. On remarque la baisse du trafic de matières dangereuses (1 243 t soit – 23 %) qui est directement due à l’adoption d’un nouveau règlement de manutention plus contraignant. Les travaux menés avec le concours des services de la DDE doivent permettre de remédier à cette situation. Enfin, il convient de noter l’arrivée d’un nouvel opérateur sur le port: la société Recyclage FMC qui s’apprête à exporter de la ferraille, ce trafic devrait débuter dans le courant du 1er trimestre.