Les chiffres du port de commerce de Boulogne pour 2006 ne sont guère importants. En tant que port de passagers transmanche, le port n’accueille que la ligne à grande vitesse Douvres/Boulogne de Speedferries, lancée voici bientôt trois ans par le danois Curt Stavis. La ligne a transbordé 315 162 voitures en 2006, aucun autocar, pour 743 184 passagers. Un beau résultat, mais le SpeedOne, l’unique navire de la ligne, est aujourd’hui saturé. Construit en Tasmanie, cet Incat n’embarque que 200 voitures et 670 passagers dans sa configuration actuelle. Il effectue la traversée en 50 mn environ. Fort de ce premier succès, Curt Stavis est à la recherche d’un second navire, un oiseau rare: plus grand, aussi rapide, capable d’embarquer des autocars. Le patron de Speedferries a même lâché à la presse britannique l’idée qu’il s’intéresserait au fret, mais peu de monde, de ce côté-ci de la Manche, y accorde crédit.
Sans Comilog
Comme port de fret, Boulogne n’a pour le moment aucune activité roulière. Il a perdu, avec la fermeture des hauts fourneaux de Comilog en 2005, son fonds de commerce prépondérant de port minéralier. À la fin des années 1990, les chargements de farines avaient disparu au profit de Rouen et des ports belges. Après une dernière restructuration en 2006, l’opérateur portuaire Boulogne Forest Terminal (BFT) n’emploie plus que 19 personnes. Le groupement d’employeurs Fédération maritime a licencié ses dix dockers. Les travailleurs sont embauchés désormais, sans recours au BCMO, selon les besoins. Que reste-t-il? Un seul opérateur portuaire, BFT, filiale des Belges Sea Invest et Nova Natie, a traité la totalité des 441 002 t (hors véhicules transmanche) du trafic, en baisse de 24 % sur 2005 (voir tableau). Ce trafic se compose pour un gros tiers de produits forestiers, papier, pâte à papier, pour un peu moins de 100 000 t de clinkers, le solde se composant de vracs divers, produits périssables et projets industriels. Le trafic des clinkers – chargé par le cimentier belge Holcim en provenance de ses établissements de Obourg (Belgique), Lumbres et Dannes (62) – est irrégulier, lié aux conditions de marché de l’année. Enrico Frazetta, directeur de BFT, indique une tendance pluriannuelle à la baisse, en raison de la concentration des réceptions de fret conventionnel dans les rares ports d’escales de lignes régulières. La baisse semble toutefois enrayée. À court terme, BFT mise sur les importations d’éléments d’éoliennes, et s’efforce de se placer sur les exportations de produits frais vers le marché russe. À moyen terme, l’avenir, estiment les boulonnais, se situe dans le roulier.
Projet Hub port
Dès cet été, Comilog devrait remettre à disposition du port une première tranche des 40 ha libérés par l’industrie lourde, assortie d’un quai disponible à 11 m de tirant d’eau, accessible sans écluse. Le projet de la CCI de Boulogne tient en trois volets: au sud de la darse Sarraz-Bournet, un nouveau terminal roulier, support du projet Hub Port Boulogne. Au centre, une zone logistique liée au transit des produits frais et surgelés. Au nord, une extension de la zone d’activité agroalimentaire et filière pêche de Capécure. Avec le concept Hub port, Boulogne parie sur la concentration de flux frais, en provenance notamment de Norvège (poisson), d’Espagne et du sud-Europe (fruits et légumes), à destination du Royaume-Uni et du nord-ouest du continent, en lien avec le pôle de transformation des produits de la mer et autres produits agroalimentaires à valeur ajoutée de Boulogne. La CCI parie d’abord – mais pas uniquement – sur le concept de navires de fret à grande vitesse dessinés par BGV International. Ainsi la première tranche du terminal roulier, qui n’attend que le bouclage – sous l’égide de la région – d’un budget de 20 M€, comporte la construction d’une passerelle ro-ro polyvalente. La CCI indique que différents opérateurs ont manifesté leur intérêt.