La guerre juridico-médiatique que se sont livrées la Corsica Ferries, la SNCM et la CMN n’a pas eu d’impact sur les trafics de passagers et de marchandises en direction de la Corse. 2006 restera comme un bon cru avec un trafic marchandise en croissance de 3,5 %, soit 1,716 million de mètres linéaires (ml), ce qui constitue un record historique.
Au niveau continental, le port de Marseille sort grand gagnant de la paix sociale qui a régné en 2006 sur ses lignes à destination de la Corse, après une année 2005 très agitée. La cité phocéenne a vu ses échanges avec l’Île de Beauté croître de 5,7 %, grâce à la bonne performance de la SNCM (+ 11 %), alors que la CMN stagne. Corsica Ferries recule de 7 % sur ses places fortes de Toulon et de Nice. Mais le fret ne constitue qu’une activité complémentaire pour Corsica Ferries, qui d’ailleurs ne dispose pas de cargos mixtes. En fait, les performances de ces trois compagnies ne constituent qu’un retour à la normale après une année 2005 troublée par de multiples conflits sociaux à Marseille (SNCM et port autonome).
Marseille, premier port pour la desserte corse
Après une année 2005 médiocre en raison des grèves de la SNCM, le port de Bastia retrouve donc des couleurs en 2006. En volume, le trafic total baisse de 3 % à 882 218 t, mais ce résultat s’explique par le fléchissement des ciments (56 000 t, − 2,9 %) faute de capacité en navires, alors que les hydrocarbures perdent 14,3 % pour arriver à 290 000 t. Tous les autres trafics progressent. Le fret (hors ciment et hydrocarbures) gagne 4 % (535 000 t) alors que le roulier atteint + 4,35 % (921 000 ml). Marseille a conforté sa place de premier port de desserte de Bastia en traitant 67 % (+ 7,8 %) des marchandises entrant ou sortant dans la préfecture de Haute-Corse.
Ajaccio, second port insulaire loin derrière Bastia, continue de progresser en 2006 (+ 2,6 % en tonnage roll), mais reste sous la barre du million de tonnes (940 000 t hors ciment et hydrocarbures, 536 000 ml). Comme pour Bastia, Marseille se positionne plus que jamais comme le port fret d’Ajaccio, avec 95 % du trafic opéré (+ 5 %), alors que Toulon (− 48 %, 24 433 ml) et Nice (− 76 %, 702 ml) ne font fonction que de ports de substitution en cas de grève à Marseille. Ajaccio opère également un peu d’hydrocarbures (240 000 t, stable) et de ciments (40 000 t, + 3 %).
Les autres ports corses ne traitent qu’un trafic fret symbolique. Porto Vecchio revendique 123 000 ml (+ 14,6 %), Propriano et l’Île Rousse 67 000 et 66 000 ml (+ 3 et + 16,9 %). Calvi voit son fret pratiquement disparaître, avec seulement 2 000 ml (− 78,8 %) opérés en début d’année.
2007 s’annonce comme une année charnière avec, théoriquement, l’annonce du nom des délégataires de service public de continuité territoriale entre Marseille et la Corse. Il semble probable que les frères ennemis SNCM-CMN remportent cet appel d’offres, qui sera dans ce cas contesté juridiquement par Corsica Ferries. Bruxelles doit parallèlement se pencher sur les conditions de la privatisation de la SNCM. Bref, l’année 2007 sera sans doute pleine de rebondissements.