Le trafic de Marseille s’apprête à toucher les dividendes d’installations logistiques et industrielles mises en œuvre sur Fos. Dans les trois à cinq années à venir, il est pratiquement assuré d’un gain d’activités de près de 25 Mt, soit un quart du volume global actuel. C’est ce que garantit la direction du Port autonome de Marseille (PAM). Comment? Après des années d’attente sur le pas de lancement, la plate-forme logistique Fos Distriport est désormais sur orbite et se ramifie même jusqu’à la Feuillane. Le terminal GDF2 qui entrera en fonction l’année prochaine fera couler la manne du gaz liquide égyptien. Les neuf implantations industrielles annoncées l’an dernier généreront un important trafic maritime. Enfin, last but not least, Fos 2XL – qui devrait être opérationnel fin 2009 – apporterait quelque 400 000 EVP supplémentaires dans un premier temps.
La logistique apporte plus de 300 000 EVP
Le PAM avait perçu le boum des plateformes logistiques bien avant qu’il se produise. Pourtant Fos Distriport, pensée il y a plus de 15 ans, a été une des dernières à s’épanouir. Aujourd’hui des 180 ha situés à proximité du terminal à conteneurs et du futur Fos 2XL, seuls 32 ha restent à commercialiser. La zone logistique a confirmé son succès l’an dernier avec la construction de 117 000 m2 d’entrepôts et la réservation de 46,5 ha de terrain. Parmi les derniers investisseurs, le développeur PRD a réservé une parcelle de 20 ha pour la plateforme logistique de Khüne & Nagel qui a choisi Marseille-Fos pour son développement au sud de l’Europe. Cette année, 86 000 m2 d’entrepôts supplémentaires seront construits par Nexity-Geprim et Gazeley-Logistics. Pour information, le PAM a calculé que Distriport sécurise à terme un trafic minimum de 250 000 EVP à Fos.
L’annonce d’Ikea de choisir Fos pour implanter sa 3e plateforme logistique sur l’hexagone et sa base en Europe du Sud a été un événement marquant de 2006. Cette base logistique de 70 000 m2 (1re phase) devrait générer un trafic maritime de 15 000 à 20 000 EVP et devrait voir le jour en 2008. Cet investissement de 60 M€ sera suivi d’une 2e phase identique. Au total, 40 000 EVP supplémentaires seront traités à Fos grâce à l’enseigne suédoise qui pourrait démarrer le chantier en octobre prochain. En attendant, le PAM s’apprête à lancer les travaux d’accès au site de la Feuillane.
Même annonce, même effet, c’est un trafic de 20 000 EVP que devrait amener Massilia Distrilogis à travers sa plateforme logistique de 140 000 m2 dédiée aux produits alimentaires qui sera construite sur 45 ha de la ZIP de Fos. Si le permis de construire est obtenu dans les délais, le démarrage des travaux pourrait avoir lieu en fin d’année.
La logistique de la chimie connaît elle aussi des mouvements de fond.
Ermechem–Brun-SNCF va créer un terminal rail-route destiné à basculer sur le fer des trafics de produits pétrochimiques (24 000 camions par an supprimés de la route). Décision identique pour le Groupe Charles André (GCA) qui construira à proximité du terminal de Lavera un terminal de transport combiné rail-route (18 000 camions supprimés).
Le trafic boosté à l’énergie
Pour se développer, le PAM travaille à l’énergie, ou plutôt les énergies. Le fabuleux contrat de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) signé avec l’État égyptien a créé un nouveau terminal méthanier, le GDF2, là où se trouvait un poste pétrolier. Les installations, dont 3 cuves de 30 m de hauteur, se sont levées de terre et GDF a déjà commencé à embaucher les futures équipes d’exploitation, malgré l’opposition des syndicats des agents du PAM qui dénoncent une privatisation des quais qui ne veut pas dire son nom. Le dossier social vire au chaud sur un terminal où le GNL sera desservi à − 160oC par des super méthaniers à partir du début de l’année prochaine. Une moyenne annuelle de 4 milliards de m3 de GNL est attendue avec les investissements de 400 M€ de GDF. Après le raffinage dans les années 20-30 et la pétrochimie dans les années 60, le gaz apporte son troisième souffle énergétique au port de Marseille.
Des projets industriels qui rapportent
Pas moins de 6 projets industriels engagés sur Fos en 2006 vont également apporter un regain d’énergie en générant des suppléments de trafics. La plupart viendront alimenter les trafics de vracs, autre pilier de développement de Marseille-Fos. Une usine de biodiésel, Biocar, constituée de deux unités de fabrication et d’installations de stockage a été confirmée par les sociétés Aciona et compagnie du Vent. Sur une parcelle de 5 ha à Fos, un investissement de 37 M€ sera concrétisé pour une mise en service en 2009 qui apportera un trafic de 210 000 t de vracs liquides/an. Deulep-Seatank, génèrera quant à lui 1,6 Mt de vracs liquides en levant sur une parcelle de 35 ha, une activité de production d’éthanol et de bioéthanol ainsi qu’une activité de stockage de produits chimiques et pétroliers. Ils ont créé fin septembre 2006 la société Sesal pour réaliser ce projet commun.
L’investissement s’élèvera à 100 M€. L’opérateur en chimie LBC, déjà présent à Lavera, double ses capacités de stockage. Au bout d’un investissement de 70 M€, le nouveau trafic est évalué à 1 Mt/an qui sera traités sur le terminal public. Pour sa part, Lafarge-Vicat apportera 1,5 Mt de vracs solides avec le projet de production de matériaux de construction d’un montant d’investissement de 80 M€. Dans le même genre, Cap vracs démarre aujourd’hui son chantier de création d’activités industrielles de transformation, de conditionnement et d’expédition de matériaux de construction qui apporterait 1 Mt de trafic maritime.
Fos 2XL opérationnel en 2009
Si 2006 a été décisif sur le papier pour Fos 2XL avec la validation du plan de financement et la signature des conventions d’exploitation, cette année marque l’engagement sur le terrain. La réalisation de ce terminal conteneurs public-privé représente un montant total d’investissements de 432 M€ dont 206,4 M€ pour la partie publique. Les deux opérateurs privés, Portsynergy (CMA CGM/P&O Ports repris depuis par Dubai Ports World) et MSC, se sont respectivement engagés à apporter 500 000 EVP la 1re année, 660 000 à terme et 700 000 EVP la 1re année, 800 000 à terme.
Engagés dans les premiers mois de 2007 pour une durée de deux ans, les principaux travaux, notamment maritimes (dragages et construction de quais) et plateformes ferroviaires apporteront 600 m de quais et 50 ha de terre-pleins à Portsynergy et 800 m de quais et 52 ha de terre-pleins à MSC. Ces deux terminaux qui seront embranchés au fer, auront un tirant d’eau de 14,5 m susceptible d’être approfondi à 16 m.
La mise en service de Fos 2XL est prévue fin 2009. C’est à cette date, si les négociations sociales engagées avec les différents partenaires (terminaux méthaniers et conteneurs) se concluent positivement, que l’heure du nouvel essor de Marseille-Fos sonnera.
Trafic 2006: l’année des records
En 2006, le trafic Marseille-Fos n’a pas seulement, pour la 1re fois depuis 1980, atteint le seuil des 100 Mt qu’il n’avait dépassé que trois fois dans son histoire. Même si les hydrocarbures participent toujours à la croissance du trafic du PAM, cette dernière résulte de plusieurs records: les marchandises diverses, les conteneurs, les vracs solides, les passagers, les produits raffinés et le GPL. Le tableau d’honneur aurait été complet si le trafic conteneurs avait sauté la barre du million de tonnes, performance derrière laquelle Marseille court depuis des années.