2006, l’année du doute avant la reprise

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Le port du Havre retrouve peu à peu le sourire… Après une année 2006 difficile – "de transition" dit-on souvent dans ces cas-là – le premier port français pour le trafic de conteneurs enregistre aujourd’hui des résultats encourageants. En janvier dernier par exemple, 203 000 conteneurs ont été manutentionnés sur les terminaux havrais, faisant ainsi voler en éclat le record historique précédent. Il datait de juillet 2004. À l’époque, ce sont très exactement 194 673 conteneurs qui avaient été traités. Et février confirme le mouvement: le trafic est globalement orienté à la hausse. À fin février, il progressait de 10 % par rapport à au même mois de 2006. À eux seuls, les conteneurs ont gagné 27,5 % à 3,844 Mt contre 3,041 Mt en février 2006. Dans son ensemble, le trafic des marchandises diverses a augmenté de 23,8 % à 4,083 Mt en février 2007 par rapport à la même période de l’an dernier. Dans le domaine énergétique, alors que le charbon enregistre une hausse de 2,3 % à 406 000 t, le pétrole, quant à lui, est stable à 5,732 Mt. Concernant les vracs, les produits raffinés augmentent de 12,2 % et les autres vracs liquides de 16,5 %.

Retour de confiance

2007 démarre sur les chapeaux de roue. Avec un objectif: faire oublier au plus vite cette année 2006 marquée par un repli de 0,3 % par rapport à 2005, à moins de 75 Mt. Un résultat décevant dans un contexte international où tous les grands ports concurrents du Havre affichent, eux, des bilans largement positifs. Alors, que s’est-il passé l’an dernier? Deux éléments expliquent la situation, selon les dirigeants du port. L’écluse François-Ier n’a pas fonctionné pendant plusieurs mois pour cause de travaux de rénovation. Conséquence directe: de nombreux navires n’ont pu rejoindre l’arrière-port, comme les plus grands porte-conteneurs de MSC, et les transbordements ont accusé une baisse de l’ordre de 5 % par rapport à 2005.

Autre raison de cette baisse: l’attente de la mise en service de Port 2000 et du Terminal de France opéré par la GMP (Générale de manutention portuaire). Fin mars 2006, le terminal était inauguré; le premier porte-conteneurs y a été reçu le 18 avril. Dès lors, le trafic a repris. Au final, les conteneurs ont enregistré l’an dernier un bilan en demi-teinte à 2,13 MEVP (+ 0,5 %), soit 21,1 Mt (+ 0,1 %). Malgré tout, au troisième trimestre, Jean-Marc Lacave, le directeur général du port autonome, avait observé un retournement de la situation et demeurait confiant sur un objectif à 3 MEVP en 2009.

L’an dernier également, le trafic de charbon a reculé. Quant aux vracs liquides, ils ont eux aussi perdu 0,6 % à 40,627 Mt. Dans ce chapitre, l’importation de pétrole brut, après avoir fortement progressé entre 2004 et 2005, a marqué le pas en 2006 avec 34,263 Mt, soit une très légère augmentation de 0,8 %. Côté produits pétroliers, ils ont accusé l’an dernier une perte de près de 390 000 t sur un trafic, à l’import, de 5,4 Mt.

Investissements multiples

Si les trafics semblent aujourd’hui repartis sur des chemins de développement, la place portuaire ne peut que s’en féliciter. Et, en arrière-plan, c’est tout le secteur de la logistique qui en tire profit. Et, à ce titre, il y a effervescence dans ce milieu économique là. Les projets se multiplient à la vitesse "grand V". Prologis, qui dispose déjà d’un parc important de plus de 130 000 m2 d’entrepôts loués sur le parc du Hode, s’apprête à lancer un programme équivalent. Très prochainement, c’est également le groupe Gazeley, filiale du géant américain Wall-Mart, qui engagera également un programme de construction de plus de 40 000 m2 d’entrepôts logistiques. Et ce n’est pas fini, puisque d’autres grands noms de la logistique ou de la promotion immobilière à vocation économique sont sur les rangs pour s’implanter dans la zone du Havre. Le tout complété par un développement de la chaîne du froid et accompagné par la filière Logistique Seine-Normandie, le pôle de compétitivité dédié à un secteur professionnel en forte expansion. La filière soutient aujourd’hui de très nombreux projets novateurs qui doivent permettre à la logistique de poursuivre son développement.

Aujourd’hui, Port 2000 continue de se structurer. Le terminal Porte océane, opéré par Terminaux de Normandie pour Mærsk, est en cours de construction. Il sera livré avant la fin de l’année. Trois autres postes à quai sont en cours de lancement. D’autre part, le terminal de Normandie, avec ses quais d’Osaka et d’Asie, va être entièrement refondu dans ces prochains mois. Sa capacité sera alors augmentée de 50 % pour atteindre quelque 800 000 conteneurs. Trois millions de conteneurs dans deux ans? Bientôt, ce ne sera pas un pari. Mais une réalité. D‘ores et déjà, les équipes du port visent beaucoup plus loin et engagent, pour cela, le futur programme "Port 2020".

Pré et post-acheminements: le ferroviaire à la traîne

S’agissant des pré et post-acheminements, 2006 reste singulière par un fait majeur. Signe d’un profond malaise dans le domaine du ferroviaire. L’an dernier, les pré et post-acheminements par voie ferrée ont reculé de 26 %, à 70 000 conteneurs, alors que dans le même temps, entre décembre 2005 et décembre 2006, les acheminements par la voie fluviale, eux, progressaient d’un peu plus de 15 % pour atteindre le nombre de 112 120 boîtes. Ainsi, à fin 2006, sur le trafic total des conteneurs dans le port du Havre, les parts modales se répartissaient de la manière suivante: transbordements, 26,2 % (27,7 % en 2005); fer, 3,3 % (4,5 % en 2005); fluvial, 5,2 % (4,6 % en 2005); routier, 65,3 % (63,2 % en 2005). Pour 2007, les transbordements devraient retrouver un meilleur niveau compte tenu des outils aujourd’hui disponibles (l’an dernier, les travaux sur l’écluse avaient constitué un handicap important). Le fleuve, lui, poursuit son développement rapide, tout comme la route. Reste le ferroviaire! Il y a quelques années, lorsqu’il était président de la SNCF, Louis Gallois avait affirmé que son entreprise serait au rendez-vous de Port 2000. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas… Mais dans les toutes prochaines semaines, la nouvelle compagnie de fret ferroviaire, constituée entre Veolia Transports et la CMA CGM, devrait lancer au départ du Havre une ligne vers l’Allemagne.

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