Le mardi 13, les débats ont porté sur la journée du 11 décembre 1999. À 14 h 08, au milieu du golfe de Gascogne, constatant la gîte tribord de son navire et la fuite de fioul vers un ballast tribord, le capitaine envoie un MayDay. À 14 h 11, Jean-Luc Lejeune, de permanence au Cross Etel ce week-end, sollicite confirmation de la demande d’assistance sans se préoccuper de la nature de la cargaison, précise-t-il au tribunal.
À 14 h 15, ne pouvant joindre Panship par suite de la défaillance du matériel de communication, le cdt Mathur demande à deux navires sur zone de relayer le message: gîte et "défaillance structurelle de la coque".
Le capitaine constate entre 14 h 18 et 14 h 34 des fissures et des renflements sur le pont. Il décide de mettre le cap sur Donges. L’assiette du navire s’améliore alors et le capitaine annule sa demande d’assistance immédiate. Le Cross Etel, le garde néanmoins sous surveillance, s’informe sur les moyens à mettre en œuvre éventuellement et informe Éric Geay, officier de permanence à la prémar, que l’Erika est un pétrolier. Mais il estime inutile de lui demander par phonie confirmation de son cap.
Interrogé par le président du tribunal, Éric Geay déclare avoir informé son supérieur le capitaine de vaisseau de Monval que l’Erika avait une gîte importante mais sans s’être renseigné sur la nature de la cargaison. Le président lui en demandant la raison, il répond que le Cross Etel l’avait informé que le navire ne demandait plus d’assistance immédiate. "Bref, ni le COM ni le Cross n’ont estimé à 14h qu’il pouvait y avoir un risque de pollution", résume le président Parlos. Le commissaire en chef Jean-Loup Velut, chef de la division de l’Action (civile) l’État en mer souligne qu’une gîte corrigée n’est pas encore une anomalie.
À 14 h 42, le cdt Mathur informe Panship par télex que le navire accuse une forte gîte, que le fioul fuit par des fissures, et a envahi les ballasts. Un message envoyé au Fort-George par l’Erika à 14 h 51 précise l’existence de fissures sur le pont. Capté par le Cross Corsen, ce message est difficilement audible. Le chef de quart n’entend pas le mot "fissures" et ne réécoute pas l’enregistrement radio. Le Cross Etel "n’avait pas l’émetteur-récepteur pour capter cette conversation à cette distance", explique Jean-Luc Lejeune. "Il y a donc eu une déperdition de l’information, à ce moment", souligne le président.