Fort de son positionnement géographique et de sa capacité multimodale, le port de Rouen est avant tout perçu comme le port de la marchandise. L’étude qui a été menée par des cabinets spécialisés dans le cadre de la démarche "Cap Développement" l’a parfaitement montré. En 2006, le port de Rouen a généré un trafic de marchandises diverses de 3 Mt, en baisse de 6,1 % par rapport à 2005. Sa structure s’est légèrement modifiée avec la disparition des trafics rouliers réalisés par Channel Freight Ferries (CFF) à Radicatel. En fait, la baisse du trafic est inférieure au volume réalisé par CFF. "Près de la moitié du tonnage que représentait cette ligne a en effet été déjà rattrapé par la croissance des autres trafics", explique Martine Bonny.
Aujourd’hui, les marchandises diverses regroupent quatre composantes: les conteneurs, les produits forestiers, les trafics de sacherie (farine et sucre pour l’essentiel) et enfin les produits métallurgiques.
Conteneurs: une année record
Avec 165 200 EVP transportés en maritime l’an dernier, soit 1,4 Mt (+ 3 %), le port de Rouen a atteint un niveau record. Si globalement le nombre de conteneurs progresse de 2,4 %, les conteneurs pleins ont une croissance plus soutenue (+ 4,8 %). Deux sites se partagent ce trafic, celui de Grand-Couronne (terminal à conteneurs et marchandises diverses) et celui de Radicatel (Seine Container Terminal et Roll Manutentions/UMR).
À côté de ces conteneurs "maritimes", les acheminements de conteneurs fluviaux se développent fortement (49 691 EVP en 2006, soit + 21,7 %). Pour Rouen, il s’agit avant tout de permettre aux logisticiens de participer activement aux échanges Est-Ouest, type de relation pour lequel les porte-conteneurs ont des tailles trop importantes pour le port. Plusieurs opérateurs spécialistes du trafic fluvial y font des touchées. Un service original de "fluvio-feeder" a aussi été mis en place par la compagnie maritime Marfret en 2005. "Le fluvio-feeder donne la possibilité aux acteurs de la place portuaire rouennaise de traiter des marchandises conteneurisées en provenance de l’axe Est/Ouest. Il permet également aux industriels rouennais de développer de nouveaux marchés à l’exportation (Méditerranée, Asie, etc.) par l’utilisation du conteneur et du fluvial pour bénéficier de l’ensemble de l’offre maritime du port du Havre", souligne Martine Bonny. Comme nous l’évoquons par ailleurs, le terminal rouennais va être agrandi tandis qu’un nouveau portique a été commandé.
Produits forestiers: renforcement et diversification
Le port de Rouen est l’un des principaux acteurs français du trafic de produits forestiers. Outre sa troisième position en France pour les importations de bois, il se place au premier rang pour les produits papetiers. En 2006, ce secteur a pesé 735 000 t (+ 14,2 %). Ces trafics sont articulés sur des entrées de bois (bois exotiques, bois sciés tropicaux, bois sciés du Nord, rondins, etc.) et des trafics de produits papetiers. Pour ces derniers, Rouen dispose notamment du vaste terminal du Bassin de Rouen-Quevilly, dont Westerlund est l’intervenant.
Rouen bénéficie d’un renforcement des liaisons depuis la Finlande, grâce à l’adjonction d’un troisième navire conro depuis début janvier, permettant un développement des trafics imports (mais aussi plus d’espaces pour les exportations). Concernant Promarline, son agent en France, Promaritime International attend une croissance significative de ses tonnages traités au port de Rouen. On observe par ailleurs un développement des trafics de produits papetiers conteneurisés qui n’existait pas précédemment.
Sacherie: marchés difficiles
Constitués essentiellement par de la farine et du sucre, les trafics de sacherie à l’exportation connaissent une évolution difficile. Dans le secteur de la farine, les tonnages expédiés par les meuniers français ne cessent de diminuer. Les volumes chargés à Rouen traduisent cette évolution. En 2006, les sorties de farine en sacs ont totalisé 172 000 t, soit 0,6 % de progression. Côté sucre, les tonnages ont légèrement progressé avec 162 000 t l’an dernier pour les conditionnements sacs (+ 3,4 %). Il faut ajouter qu’il existe également des trafics de farine et de sucre conditionnés en conteneurs: ils sont soit chargés directement à Rouen, soit expédiés par voie fluviale. Ajoutons pour finir que les trafics de produits métallurgiques connaissent de très bons développements, avec une croissance de 15 % l’an dernier (entrées de coïls ou de billettes, sorties de fers).
Développer la présence rouennaise
Dans le cadre d’une promotion de la logistique rouennaise, les portuaires ont souhaité affirmer leur présence sur les marchés en pleine expansion. "Depuis décembre, le port autonome, l’Union portuaire rouennaise et la CCI de Rouen ont un représentant permanent à Shanghai, M. Kan Ni, dont la mission principale est de faire connaître les atouts logistiques rouennais aux entreprises chinoises traitant avec l’Europe", explique Pierre Hannon, le président de l’UPR. Les mêmes partenaires réfléchissent actuellement à renouveler l’expérience avec l’Amérique du Sud et l’Inde.