Avec ses 120 km de rivière, le port de Rouen doit investir à la fois dans des installations à vocation commerciale, mais aussi sur l’ensemble des aspects nautiques, garantissant une navigation en toute sécurité dans un cadre environnemental respecté. C’est pourquoi, l’an dernier, se sont poursuivis plusieurs chantiers importants, comme celui de réhabilitation des digues de l’estuaire, tandis que d’autres dossiers, plus commerciaux, continuaient d’avancer. 2007 s’annonce dans la continuité, la réflexion rouennaise étant axée sur l’avenir du port à court terme, avec le projet d’amélioration des accès nautiques que Martine Bonny présente dans l’entretien qu’elle nous a accordé (voir p. 20).
Réhabilitation des digues: bientôt la fin
Travail peu visible, mais d’une importance capitale pour le port et la sécurité de sa navigation, la réhabilitation des digues de l’estuaire devrait s’achever cette année. Programme inscrit au Contrat de plan État-Région (CPER) 2000-2006, il représente un investissement de 33,5 M€. René Genevois, directeur général du port autonome lors du lancement de ce programme, expliquait: "Les digues de calibrage de la Seine constituent un élément fondamental de la sécurité des accès maritimes du port. Elles ont également été conçues et dimensionnées pour favoriser l’autodragage du fleuve de manière à limiter le plus possible les dragages d’entretien du chenal de navigation." Le chantier, commencé en 2001, comptait quatre phases: la plus urgente portait sur la digue du Ratier (qui s’avance en mer), puis ont été menées au fil des années les sections Honfleur/confluent de la Risle sur la rive Sud, puis les espaces entre les ponts de Tancarville et de Normandie sur la rive Nord et enfin les travaux de la section comprise entre le pont de Tancarville et le confluent de la Risle sur la rive Sud. Cette dernière section est en cours de réalisation, marquant l’aboutissement de cet important chantier.
Ces travaux de consolidation et d’aménagement présentaient un important volet environnemental. Outre qu’ils ont été articulés avec les travaux de construction de Port 2000 pour la section réalisée sur la rive Nord, ils ont nécessité d’importantes études concernant la faune et la flore présentes sur les bords du fleuve. "Les travaux de restauration des digues de calibrage de l’estuaire de la Seine ont été l’occasion de pratiquer diverses innovations environnementales comme l’intégration de créations de brèches en faveur d’une « réestuarisation » progressive des espaces en amont du pont de Normandie", souligne François Xicluna, directeur de l’aménagement et de l’environnement au port autonome.
Grand-Couronne: début des travaux de l’extension du terminal
Deuxième grand chantier rouennais inscrit, comme les digues de l’estuaire, au CPER 2000-2006, l’extension du terminal à conteneurs et marchandises diverses de Grand-Couronne devrait commencer prochainement. "Il s’agit de réaliser un premier poste à quai (200 m) de l’extension du terminal à l’aval du quai actuel de 900 m", explique Martine Bonny, directrice du port. Le projet dans son ensemble comporte la réalisation de deux postes à quai pour un montant de 10,7 M€. Toujours en matière de "gros" investissements pour les activités conteneurisées – qui ont atteint un niveau record en 2006 –, le port a passé commande d’un nouveau portique à conteneurs à Kalmar (qui en a déjà fourni deux, livrés en octobre et novembre 2003). "Sa mise en service est prévue au cours de l’été 2008, simultanément avec la réalisation de l’extension du terminal", précise la directrice. Ce nouveau portique pourra manutentionner deux conteneurs de 20’ pleins simultanément, sa capacité de levage étant de 60 t sous spreader. Le port recevra aussi cette année un spreader à levage jumelé twin-lift pour ses portiques existants.
En 2006, le terminal de Grand-Couronne a connu des modifications pour sa desserte terrestre. De manière à séparer la circulation d’entrée/sortie du terminal et les échanges internes au terminal et à la zone Rouen vallée de Seine logistique (RVSL), le réseau routier a été remanié, le trafic de transit ou entrant/sortant du terminal étant redirigé sur une voie située en limite de zone. En 2007, outre l’extension mentionnée plus haut, les travaux porteront sur un aménagement de 20 000 m2 de terre-pleins supplémentaires et la clôture du terminal, dans le cadre des mesures ISPS.
La zone RVSL poursuit son développement: "Nous avons mis en service deux nouveaux entrepôts sur la plate-forme RVSL, en arrière du terminal conteneurs et marchandises diverses de Grand-Couronne: ISL (11 000 m2) le 1er juin 2006 et Somarfret (4 000 m2) le 16 octobre 2006, explique Pierre Hannon, président de l’Union portuaire rouennaise. Deux nouveaux entrepôts entreront en service sur RVSL en 2007: il s’agira de magasins de 5 000 m2 chacun construit pour les SCI Somarseine et Somarlog, ayant la Somap comme chef de file. Ils occuperont l’espace libre entre le bâtiment Sogaris/Sagatrans de 9 000 m2 et celui d’Euromap de 4 000 m2."
Les sites de l’aval aussi…
En dehors des importants travaux portant sur les digues de l’estuaire, les sites de la zone aval du port ont bénéficié de nouveaux investissements. C’est ainsi que le port autonome, avec le soutien des collectivités honfleuraises, a mis en place de nouveaux bureaux au port de Honfleur, en remplacement du site de "La Lieutenance" installé près du bassin intérieur de la cité bas-normande. Sur la rive Nord, le développement le plus "visible" concerne la construction de la nouvelle unité de production de bioéthanol par la société BENP (Bio-Ethanol Nord Picardie) du groupe Tereos. Cette usine, dont l’entrée en service est prévue le 1er avril prochain, fera appel au groupe Senalia pour la logistique de ses approvisionnements et expéditions (utilisation de 840 000 t de blé en entrée, production de 3 millions d’hectolitres de bioéthanol et 300 000 t de drèches en sortie). Ajoutons en outre que le terre-plein du terminal à conteneurs de Radicatel devait être réaménagé.
Interface ville/port et aménagements routiers
À l’interface entre la ville et port, la zone baptisée "Espace des marégraphes" fait l’objet d’une charte d’objectifs signée par la ville de Rouen et le port autonome: elle jette les bases de la valorisation des espaces s’étalant entre le pont Guillaume Le Conquérant et le nouveau pont levant Gustave Flaubert. "L’aménagement de l’Espace des marégraphes a considérablement avancé en 2006", souligne Martine Bonny. Trois hangars ont été entièrement rénovés, un quatrième ayant été construit en remplacement d’un autre, détruit pour ouvrir la perspective de l’avenue Pasteur sur les grues "Picasso" implantées sur la rive Sud. Dans la zone amont de cet espace, seul un hangar reste à rénover: ce sera chose faite en 2007. Un appel à projets sera lancé pour la réhabilitation des trois derniers hangars à rénover, constituant la partie aval de l’Espace des marégraphes.
Ajoutons qu’en matière de dessertes routières, le boulevard Maritime (rive Sud) a bénéficié de l’aménagement d’un giratoire au carrefour du Gord, à proximité des accès au terminal forestier du Bassin de Rouen-Quevilly. Cette dernière installation a par ailleurs été entièrement clôturée (2 500 m de clôtures).