De dix semaines, réparties en deux sessions de trois modules chacune et une troisième de quatre, sur douze à dix-huit mois, cette formation suivie par six personnes a en fait commencé le 20 novembre dernier. M. Antin, directeur de l’ENMM, pense arriver à terme à douze étudiants. D’un coût de 9 000 €, elle s’adresse prioritairement à des officiers de marine marchande, "illimités" au niveau direction en référence aux normes SCTW, ayant par conséquent au moins cinq ans de navigation et souhaitant se reconvertir vers le métier d’expert maritime. Un métier qui, en France tout au moins, s’exerce librement, c’est-à-dire sans formation obligatoire.
Ce diplôme universitaire (bac + 5) répond, expliquaient MM. Antin et Galap, président de l’université, à une demande de la profession organisée autour de deux syndicats, l’Upem et l’Afexmar (1).
SIX MODULES OBLIGATOIRES ET QUATRE OPTIONNELS
Grands utilisateurs d’experts maritimes, les assureurs seraient également ravis de pouvoir plus facilement distinguer le grain de l’ivraie, au moins Groupama Transport. Son directeur juridique au Havre, Christophe Vatinel, n’hésite pas à dire qu’à l’avenir il choisira de préférence un expert maritime diplômé.
L’enseignement obligatoire est constitué de six modules de 30 h chacun: droit de la mer; droit et assurance maritime; réglementations internationale (OMI, OIT, etc.), européenne et nationale; pratique de l’expertise maritime; structure, stabilité et contrôles non destructifs; cas pratiques; installation de l’expert.
S’y ajoutent quatre autres modules à choisir sur un total de six: environnement marin; code ISM conseil et audit; code IPS, conseil et audit; offshore; pêche; plaisance, en cours de définition.
1. L’Union professionnelle des experts maritimes et l’Association française des experts maritimes.
Toujours pas de décret: est-ce grave, docteur?
Directeur central des Affaires maritimes qui assurent encore la tutelle des écoles de la marine marchande, Michel Aymeric se félicitait donc du partenariat fructueux entre l’hydro et l’université du Havre. La première doit “s’ouvrir sur le monde économique” comme l’ont fait ses homologues de Nantes, Marseille et Saint-Malo. Les écoles ont en effet une double vocation: former des officiers et répondre aux demandes professionnelles.
Concernant la demande d’officiers, comme tout le monde, l’ancien professeur agrégé d’anglais souligna l’important déficit d’officiers au niveau mondial: “les jeunes ont la certitude de trouver un emploi”. Les jeunes sans doute, mais qu’en sera-t-il exactement des jeunes Français alors que l’administration n’est pas en mesure d’estimer même grossièrement le nombre d’officiers français navigant à l’étranger.
Incontournable dans les hydros, Michel Aymeric dut reconnaître que la rédaction du décret d’application de la loi les transférant aux régions pose des “difficultés juridiques”. Plus d’un an après la date de transfert aux régions, cela laisse imaginer que la haute administration bénéficie de larges marges de progression en matière d’anticipation et de préparation des dossiers. Autre hypothèse plus positive, on laisse traîner un dossier mal ficelé en attendant le nouveau gouvernement.
En effet, si le rapport Laurent sur l’avenir de l’enseignement supérieur maritime est toujours perdu dans les sables du ministère des Transports, la seule et unique réflexion officielle et publique concernant les écoles de marine marchande se trouve dans le rapport Poséidon, demandé par l’actuel Premier ministre: “[…] En ce qui concerne l’enseignement supérieur, la régionalisation des Écoles nationales de la marinemarchande (ENMM) prévue par la loi du 13 août 2004 est aujourd’hui critiquée. Elle ne promeut pas le rapprochement de fond souhaitable avec l’enseignement universitaire et les filières générales. Elle déplace sans la résoudre la question des effectifs et des moyens. Dans ces conditions, il convient d’envisager la création d’un grand établissement à vocation nationale, regroupé sur un ou deux sites qui seraient choisis en fonction des coopérations régionales spécialisées susceptibles d’être mises en place avec les collectivités. Tout cela pourrait tendre à un pôle d’excellence, cristallisé autour d’une grande école nationale des métiers de la mer, pluridisciplinaire, largement ouverte sur l’université et la coopération européenne et internationale, rapprochant les formations militaires et civiles sur les matières communes (navigation, ingénierie). Doté du statut d’établissement public, l’établissement offrirait une formation alignée sur le cadre L/M/D, et proposerait également des 3e cycles dans le domaine de l’économie maritime ou des sciences de la mer. Il pourrait s’inscrire dans un des deux pôles d’enseignement et de recherche (PRES) qui pourraient être créés en France. Elle pourrait revêtir un fonctionnement de type « Institut des hautes études maritimes ». Il faut noter que cela ne méconnaît pas la multidisciplinarité académique de l’océanographie” (p.109).
Force est de constater que l’écho réservé à ce document fondateur reste à ce jour, des plus tenus.
M.N.