JMM: Après Hong-Kong, Singapour, Milan et Londres, vous ouvrez la semaine prochaine un nouveau bureau à Gênes, en Italie. Pourquoi?
Vianney de Chalus: "Aujourd’hui, le marché italien représente environ 80 % du poids du marché français. C’est dire s’il s’agit d’un très gros marché. Nous sommes déjà à Milan où il s’agit surtout d’un marché plus industriel lié aux marchandises. À Gênes, il y a un fort potentiel dans la très grande plaisance, les chantiers de réparation et construction navale et, sur place, se trouvent tous les professionnels du maritime et du portuaire. Nous allons embaucher, dans un premier temps, une petite équipe de trois ou quatre personnes. Il faut que nos représentants puissent répondre à 80 % des demandes des clients italiens. Tout le reste se fait au siège, au Havre, où l’on trouve aussi les grands experts qui voyagent ensuite dans le monde entier."
JMM: Après Gênes, quel sera votre prochain objectif?
VdC: "Dubaï d’ici la fin de l’année, j’espère. Cela correspond à une stratégie. La Chine, la Corée et le Japon sont traités depuis Hong-Kong. Singapour nous permet de traiter une autre partie de l’Asie. Dubaï sera la porte qui nous conduira en Inde où il est encore complexe de s’installer.
Dubaï, avec ses neuf millions de conteneurs par an, est un hub mondial, un centre d’affaires pour toute cette région du monde."
JMM: Quel est aujourd’hui le poids économique de Groupama-Transports?
VdC: "Groupama-Transports a été constitué avec le rachat, en 1998, de l’entreprise que j’avais fondée au Havre: Chegaray-de Chalus. Sur les bases d’une société de cent cinquante ans, j’ai redémarré l’activité d’assures maritimes au début des années quatre-vingt. À l’époque, nous étions soixante. Aujourd’hui, nous sommes 250, dont 60 % de cadres. Pour 2006, le chiffre d’affaires est de 380 millions d’euros avec une croissance de 10 % par an. D’ailleurs, notre effectif augmente tous les ans avec un même taux de croissance. Nous sommes la deuxième compagnie française en matière maritime et transport et, dans le monde, nous sommes à la sixième ou septième place. 60 % de notre portefeuille est constitué de clients étrangers alors qu’il y a cinq ou six ans, nous étions à 25 % environ. Le siège est toujours au Havre mais moins de 1 % du chiffre d’affaires est réalisé avec la place portuaire havraise."
JMM: Quels sont vos marchés?
VdC: "Les armements au commerce, les pêcheurs – nous assurons 50 % de la flotte en France –, le fluvial, la plaisance pour des unités de plus de 200 000 euros, tout le domaine portuaire, avec les terminaux, l’outillage, les portiques, les cavaliers… les marchandises transportées, quel que soit le mode de transport et les professionnels du transport et de la logistique"
JMM: Comment se porte le marché de l’assurance maritime?
VdC: "Nous sommes sur un secteur très porteur car le transport maritime affiche des taux de croissance deux fois supérieur à ceux du PNB mondial. Depuis quinze ans, nous sommes sur des bases de progression de l’ordre de 10 % par an."
Et côté sécurité maritime, quelle est votre analyse en tant qu’assureur maritime?
VdC: "Nous couvrons de gros sinistres, comme celui du MSC-Napoli pour 45 millions de dollars. Nous devons aussi faire face à des risques de terrorisme, aux risques de guerre, aux actes de piratage dans certaines régions du monde. Mais il faut remarquer, alors que nous sommes en pleine période de procès Érika, qu’en dix ans, il y a dix fois plus de pétrole qui circule dans le monde et dix fois moins de naufrages. La sécurité s’est améliorée à la puissance dix. Mais il reste toujours un gros point noir: 90 % des pollutions sont dues aux dégazages sauvages. Le risque zéro en matière d’accidents n’existera sans doute jamais, mais il faut tendre vers cet objectif. Le grand combat à mener est celui contre les dégazages sauvages. Pour lutter contre cela, il faut équiper tous les ports et obliger les armements à faire le nécessaire avant de repartir."