Le port regarde vers 2015

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L’inauguration du poste 9 du port transmanche le 3 mars 2006 marque un tournant faste pour Calais. Les avaries et revue de détail des postes 5 à 8 avaient lourdement pesé sur 2005. En 2006, le trafic de fret a crû de 11,8 %, avec 1 847 197 millions d’unités transbordées. La route Calais/Douvres est leader du fret avec 48,3 % du marché du détroit (plus de 3,8 millions d’unités en 2006 de Calais à Ostende, tunnel compris). La CCI annonce par contre une activité passagers de nouveau décevante, avec une baisse de 2 % pour 11 459 927 millions de passagers. Sur le marché des véhicules de tourisme, avec de l’ordre de 4,7 millions d’unités, Calais/Douvres, conserve également sa supériorité avec quelque 44 % du marché. Ces résultats reflètent le retour de la confiance des clients. Privé d’une compagnie à grande vitesse après le retrait de Hoverspeed, le port de Calais a du moins permis à ses deux clients, P&O Ferries et SeaFrance, de retrouver une part de leur sérénité.

Maintenance préventive

La CCI, après avoir effectué grosses réparations (pour 3,5 M€) et interventions préventives au long de l’année 2005, a mis en place un cycle de maintenance prévisionnelle en amont des risques. Les décisions, explique le concessionnaire du port, sont "beaucoup plus radicales" en cas de simple doute. Le port transmanche dispose à présent de cinq postes polyvalents (P5, P5, P7, P8 et P9) pouvant tous accueillir les grands navires. Les postes 1 et 2 sont complètement démolis, les postes 3 et 4 déposés. Une réflexion est en cours sur le devenir de cet arrière-port. Postes ro-ro simples, postes polyvalents? La place est à prendre, et le port souhaite se diversifier. La cible est le roulier européen, qu’il s’agisse de diverses ou de niches spécialisées, comme l’automobile neuve. Pour preuve les escales que vient d’effectuer, pour le compte de Gefco, le roulier Ville-de-Bordeaux de Louis Dreyfus.

Mais Calais recherche d’autres opportunités. Cela nécessite et nécessitera de nouveaux investissements importants.

Investissement continu

La concession vient d’investir 110 M€ de 2004 à 2006. Ses points d’orgue ont été en 2005-2006 le poste 9 (40 M€), la reconfiguration du quai nord (10 M€), de nouveaux terre-pleins, notamment à l’arrière des nouveaux postes ro-ro 2 et 3, et la livraison du poste ro-ro 3 (5 M€ avec les abords et accessoires). Ce dernier a été livré le 7 septembre 2006. Le port a eu pour la première fois recours à la technique du ponton flottant, construit par Ravestein à Deest (Pays-Bas). Adapté aux grands rouliers, ce poste propose deux voies de circulation de 10 m de large, capables de supporter huit poids lourds de 44 t.

En matière d’investissement, le cru 2007 ne sera pas négligeable. Il comprendra près de 30 M€, dont 7,6 M€ d’aménagements de terre-pleins. Si l’étude concernant la future vocation de l’emplacement de l’ancien poste 3 est menée à bien rapidement, il faudra y ajouter 7,5 M€ supplémentaires.

À court terme, le port peut donc réagir à diverses opportunités: le retour d’un opérateur à grande vitesse, vraisemblablement à bas coût, puisque deux postes sont disponibles (les NGV1 et NGV2, appelée aussi ro-ro 2, une passerelle polyvalente actuellement utilisée pour des trafics d’automobiles neuves), et l’accueil de fréteurs classiques, sur ro-ro 2 ou ro-ro 3. Cela, sans préjudice des demandes des deux clients majeurs SeaFrance et P&O Ferries, en vente, mais qui envisage de renouveler sa flotte.

Calais 2015 face à Douvres

La Région Nord-Pas-de-Calais est propriétaire du port de Calais depuis le 1er janvier 2006. Le premier dossier que son concessionnaire, la CCI de Calais, lui propose est de soutenir le projet Calais 2015 qui prévoit la construction d’un nouveau port gagné sur la mer au nord du bassin Ravisse. “Le port de Calais n’a plus, dans ses dimensions actuelles, la capacité de répondre à ces évolutions récentes et très rapides. […] Après plus de deux années d’études approfondies (ndlr: études de flux et modèle économique, études de faisabilité physique, bathymétrie, modélisation des courants…), nous sommes à même de proposer un projet certes ambitieux, mais cohérent, réaliste et rentable”, affirmait le président de la CCI de Calais, Jean-Marc Puissesseau, dans ses vœux le 15 janvier dernier. Face au plan de développement de Douvres, la CCI ne peut rester longtemps en position d’attente. La nouvelle autorité concédante est donc immédiatement très sollicitée.

SeaFrance: bénéficiaire en 2006

SeaFrance, seul armement français sur Calais/Douvres, a renoué avec les bénéfices en 2006. “Nous aurons un résultat bénéficiaire, un vrai redressement”, a déclaré le président de son directoire Eudes Riblier, au cours d’une conférence de presse à Lille le 14 février pour présenter la participation de SeaFrance au Tour de France, qui partira de Londres le 7 juillet. Il n’a pas donné de chiffre, mais a indiqué qu’une partie du bénéfice obtenu sera investie dans le renouvellement de la flotte.

En 2006, SeaFrance a réalisé les trafics suivants sur le transmanche:

• 3 573 000 passagers, soit une croissance de 11,2 % sur un marché qui stagne;

• 650 000 voitures (+ 7,7 %) sur un marché en hausse de 1,9 %;

• 22 000 autocars (+ 14,8 %), alors que le marché a baissé de 4,9 %;

• 765 000 camions (+ 12,7 %) sur un marché en augmentation de 7,9 %.

Les trois quarts des activités de SeaFrance concernent le fret, a précisé Eudes Riblier. Le chiffre d’affaires de ce secteur est supérieur à celui réalisé sur le tourisme depuis quelques années, mais il ne sera pas dévoilé, “car nos concurrents ne le font pas”. Toutefois sur le marché qui comprend Douvres, le tunnel sous la Manche, Dunkerque et Boulogne, SeaFrance estime sa part du fret à 21 % en 2006, contre 20,2 % l’année précédente. Or, les prix des soutes ont augmenté depuis août dernier. En outre, la teneur en soufre du fuel consommé n’est plus de 3,5 %, mais de 1,5 % au maximum. Ces fuels spéciaux ont renchéri les prix. SeaFrance va donc instaurer une surcharge en cours d’année, avec possibilité de négociations à l’arrivée.

Actuellement, il arme six navires ayant tous son nom comme préfixe: Nord-Pas-de-Calais (85 camions, 100 passagers), Manet (50 camions, 120 passagers), Renoir (280 voitures ou 45 camions, 1650 passagers), Cézanne (480 voitures ou 78 camions, 1 000 passagers), Rodin (700 voitures ou 120 camions, 1 900 passagers) et Berlioz (700 voitures ou 120 camions, 1 900 passagers). Pour une traversée d’environ 1 h 30, la qualité du service semble bien perçue par la clientèle fret.

Mais pour rester compétitif, il faudra adapter les capacités et les effectifs en fonction des heures de pointe. La réduction des coûts est fixée à 3 M€ par an. Des discussions sont en cours avec les syndicats pour armer six navires avec les équipages de cinq.

Quant aux conséquences de grèves dans les terminaux de Calais en 2006, le président Riblier a déclaré que “SeaFrance a demandé 13 M€ (d’indemnités). La procédure suit un cours tranquille. C’est un dossier complexe, car la CCI a appelé en garantie l’organisme de contrôle. Il faudra trouver un arrangement. C’est délicat avant les experts aient établi le préjudice”.

La concurrence du tunnel ne semble guère gêner la progression du trafic maritime transmanche. “Le port de Calais sera saturé dans quatre ou cinq ans”, déclare Eudes Riblier. La CCI investit 40 M€ dans une poste de complément au fond de la darse (projet Calais 2015). Parallèlement, de l’autre côté de la Manche, le projet Douvres 2012 prévoit un nouveau terminal ferry à l’ouest de la rade.

Loïc Salmon

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