Deux opérateurs pour trois lignes, telles sont les caractéristiques du terminal de Roscoff. Brittany Ferries y exploite une ligne vers Plymouth en Angleterre et vers Cork en Irlande. Mais Roscoff est également une des têtes de pont de la ligne atlantique qui fait flotter le pavillon breton jusqu’à Santander en Espagne. Plus récemment arrivé, Irish Ferries y a créé une ligne vers Rosslare en Irlande.
En 2006, 444 ferries ont fait escale à Roscoff, totalisant 553 478 passagers et 182 586 véhicules. "Soit une baisse de 10 % par rapport à l’an passé, essentiellement des véhicules de tourisme", commente-t-on à la CCI de Morlaix, gestionnaire du port du Bloscon. Des chiffres globaux qu’il convient d’affiner ligne par ligne.
Opérateur historique, Brittany Ferries affiche 420 000 passagers, 131 000 véhicules de tourisme et 8 000 véhicules industriels sur la ligne Roscoff/Plymouth (contre respectivement, 490 000, 150 000 et 9 400 en 2005).
Une baisse significative que l’armement explique pour trois raisons majeures: des capacités moindres, un arrêt des rotations pendant deux mois en hiver et une baisse globale des échanges transmanche.
Exploitant jusque-là des navires comme le Bretagne et le Val-de-Loire, la compagnie Brittany Ferries s’est retrouvée avec des unités surdimensionnées et disproportionnées par rapport aux trafics. "Nous avons alors réagi en affrétant temporairement le Pont-L’Abbé, explique Nicolas Boutaud, le directeur commercial passagers de la compagnie, mais ce navire de 1 100 passagers seulement s’est retrouvé en sous capacités."
Trouver le bon navire
Qui plus est, ramenant en fait la compagnie à quelques années en arrière, ce navire a été arrêté deux mois en hiver. "Doublés d’arrêts techniques non prévus, ces réajustements de la flotte et cet arrêt momentané ont inévitablement fait régresser les trafics. Synonyme de baisse d’attractivité de la destination France et de diminution des échanges, la situation globale du transmanche a encore accentué le phénomène."
L’arrivée programmée pour 2008 de l’Armorique, un tout nouveau car-ferry de 1 500 passagers, 250 cabines et 473 voitures actuellement en construction chez Aker Yard en Finlande, devrait offrir au terminal de Roscoff un outil bien adapté et relancer le trafic.
Sur l’Irlande, Brittany Ferries a totalisé 87 600 passagers, 23 800 voitures et 960 camions (contre 91 350, 22 750 et 961). "L’effet du Pont-Aven avec les mini croisières commence à s’essouffler", note Nicolas Boutaud. En revanche, la clientèle irlandaise est au rendez-vous. "Deuxième PIB d’Europe après le Luxembourg, l’Irlande a changé de braquet, analyse un observateur sous couvert d’anonymat, et cette mentalité de nouveaux riches fait que les Irlandais sont plus exigeants en termes de confort et de services. En toute logique, ils ont donc préféré le Pont-Aven de Brittany Ferries au Normandy d’Irish Ferries et ce d’autant que le remplacement des marins irlandais par des marins des pays de l’Est n’a pas été très populaire en Irlande."
Chez Irish Ferries, Ole Bockman, directeur d’Irish Ferries France, ne dit évidemment pas les choses de la même manière.
Reconnaissant une baisse de 3 % du trafic (52 600 passagers, 14 600 voitures et 264 camions), il préfère mettre l’accent sur le contrat qui devrait être renouvelé avec la CCI de Morlaix et sur le Konprinz-Harald, le nouveau navire que son armement va mettre en ligne dès le 27 avril pour une trentaine de touchées en pleine saison.
"Un ferry 5 étoiles"
Construit à Turku (Finlande) en 1987, ce navire de 32 000 GRT, 11 ponts, 1 458 passagers et 580 voitures a été conçu à l’origine pour la ligne Oslo/Kiel. Plus grande (166 m) et plus rapide (21,5 nŒuds contre 18) que le navire qu’il remplacera, cette unité de la Color Line va offrir 40 % de capacités de garage en plus (1 220 ml contre 645), tout en accroissant considérablement les standards de confort en termes de couchettes (1 376 au lieu de 1 126) de cabines familiales à 4 couchettes (252 contre 83), de restaurants, bars, night-clubs, cinémas, points de vente, etc. "Nous allons passer d’un ferry 1 étoile à un ferry 5 étoiles", illustre Ole Bockman qui mise sur le "côté paquebot" du nouveau navire pour relancer le trafic. "Avec la France, qui reste une des premières destinations de vacances, et avec la montée des inconvénients rencontrés dans les transports aériens, nous anticipons un retour aux vacances motorisées auxquelles ce navire peut pleinement répondre."