Si, pour Transmanche Ferries, l’année 2006 s’était ouverte avec une flotte constituée du car-ferry italien affrété Sardinia-Vera et du ropax français Dieppe, elle s’est achevée avec deux navires neufs, les Côte-d’Albâtre et Seven-Sisters, tous deux de pavillon français. Transmanche Ferries est géré par le Syndicat mixte de promotion de l’activité transmanche (SMPAT), dont le principal partenaire est le Conseil général de la Seine-Maritime. La construction de deux nouveaux ferries au chantier espagnol Hijos de J. Barreras a été engagée sous la majorité précédente. Après le changement de majorité, l’équipe conduite par le socialiste Didier Marie, a méné le projet à terme. Fin février 2006, le Côte-d’Albâtre est arrivé au port de Dieppe, suivi en novembre du Seven-Sisters. Ces deux navires présentent une capacité de 600 passagers et 62 camions.
La mise en service du premier a permis à Transmanche Ferries de restituer à Corsica Ferries le Sardinia-Vera, en service depuis les premiers jours de la compagnie en 2001. Le déploiement du Seven-Sisters début novembre aconduit à la cession du Dieppe: ce dernier a été acheté par Polferries pour plus de 18 M€.
Sur le plan des opérations, les résultats 2006 de Transmanche Ferries sont les meilleurs jamais enregistrés, une situation qui s’appuie sur une meilleure capacité avec l’arrivée du premier ferry neuf, mais aussi par une fiabilité retrouvée. Au niveau des passagers, Transmanche Ferries a vu sa fréquentation s’accroître de 64 % avec plus de 270 000 voyageurs. En corolaire, le nombre de véhicules de tourisme a gagné 84 %, tandis que le volume de fret transporté a atteint les 1,5 Mt (+ 55 %).
Pour le fret, Dieppe retrouve ainsi son niveau de 1996 où 1,49 Mt était comptabilisé pour un nombre de camions équivalent. Seul le nombre de passagers n’est pas comparable (974 100 cette année-là).
Changement de régime
Cadre "institutionnel", SMPAT – un organisme constitué par des collectivités (département, villes de Fécamp et Dieppe, Communauté de communes de Fécamp et trois CCI) – a souhaité que l’activité Transmanche Ferries se pérennise dans un contexte renouvelé. "En tant que collectivité locale, le syndicat mixte est soumis aux règles de la comptabilité publique, tant pour les dépenses que les recettes, explique Didier Marie, président du SMPAT. Ces règles constituent un frein à la commercialisation de la ligne, qu’il s’agisse de développer des actions de communication, de recouvrer des impayés ou de rembourser les clients en cas d’annulation. La politique tarifaire est arrêtée par le comité syndical, les négociations de conditions particulières ponctuelles sont de ce fait difficiles." Le dispositif en place était par ailleurs critiqué par la Commission européenne.
Dans ces conditions, le SMPAT a fait le choix de lancer une procédure de DSP (délégation de service public). Comme on l’a mentionné dans ces colonnes, l’attribution de cette DSP a été faite le 21 décembre: c’est la société Louis Dreyfus Armateurs (LDA) qui s’est vue confiée Transmanche Ferries. LDA prévoit d’assurer deux aller/retours quotidiens en période d’hiver et trois l’été (ainsi qu’une liaison aller/retour entre Newhaven et Le Havre). La compensation financière attribuée à LDA s’élève à 14,6 M€ par an au maximum. L’installation du délégataire sur place doit se faire d’ici la fin mars 2007, le début de la DSP étant programmé pour mars ou avril.
Autre sujet important, le port de Newhaven. Propriété de la Société d’économie mixte locale (SEML), NPP (Newhaven Port Properties), société qui exploite les installations portuaires de Newhaven, est susceptible d’être cédée dans les mois qui viennent. Un mandat exclusif a été passé avec un groupe d’entreprises britanniques qui doit faire des propositions de reprise de l’installation. Celles-ci doivent notamment garantir l’accès de Transmanche Ferries au port pour une durée de 25 à 30 ans dans le cadre d’une concession locative exclusive et la réalisation de nouvelles installations portuaires.