Dernier retour des déchets nucléaires vitrifiés vers le Japon

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Les écologistes étaient absents. Ils n’avaient en effet aucune raison de manifester puisque, conformément à la loi française et aux accords intergouvernementaux bilatéraux, la totalité des déchets dits "ultimes" a été vitrifiée et a quitté la France.

Pour cela, il aura fallu 1 310 canisters, acheminés en 12 transports entre 1995 et 2007 et correspondant à 99 % de la radioactivité de 2 940 t d’assemblages de combustibles japonais usés et traités à La Hague. Le 1 % restant émane des matériaux, non recyclables, de structure du combustible nucléaire. Ces déchets seront "compactés" sous forme de galettes et mis dans des canisters du même type. Ils nécessiteront 2 400 canisters et une dizaine de transports pendant dix ans à partir de 2013.

LE CHARGEMENT

Le Pacific-Sandpiper, parti de Barrow-in-Furness (Royaume-Uni) le 5 février à 13 h, est arrivé à Cherbourg le 8 février vers 06 h 30 sous une pluie battante. Deux camions mille-pattes ont transporté les six emballages de La Hague au port, distant d’une trentaine de kilomètres, selon des itinéraires rallongés. Le premier a roulé le 7 février entre 19 h et 21 h et le second le lendemain entre 02 h et 04 h. Le point d’embarquement se trouve non loin du terminal des car-ferries dans une zone sécurisée pour la circonstance. Quelque 150 policiers et gendarmes ont été mobilisés. "Il faut que ça se voit pour être dissuasif", indique le jeune commissaire de police en charge présent sur place. Le Groupement d’intervention de la police nationale (GIPN) a dépêché quelques spécialistes de l’escalade, au cas où des écologistes auraient voulu tenter un "coup" médiatique. Ainsi en 2003 lors d’une manifestation antinucléaire, plusieurs membres de l’organisation Greenpeace s’étaient suspendus en rappel à l’armature horizontale du portique, décidés à le rester autant qu’il aurait fallu pour attirer suffisamment l’attention. Le GIPN avait dû les déloger… devant des équipes de télévision françaises et étrangères!

De plus, la Marine nationale a déployé un dispositif conséquent. Un Zodiac(r) de commandos évolue en permanence à proximité du quai de chargement. Deux patrouilleurs accompagnent le Pacific-Sandpiper pendant son entrée et sa sortie des eaux territoriales françaises.

Ensuite, la protection du navire est du ressort de l’État de son pavillon, à savoir la Grande-Bretagne. La route choisie (canal de Panama, cap Horn ou cap de Bonne-Espérance) est signalée aux autorités japonaises à l’issue du chargement. Cette fois-ci, le Pacific-Sandpiper n’embarque pas de détachement militaire et ne sera pas escorté d’un navire jumeau, comme c’est la cas lors du transport de Mox (combustible nucléaire recyclé). Mais, il sera suivi en permanence par divers moyens, dont des satellites.

À BORD

Comme ce chargement était le dernier des déchets nucléaires japonais "ultimes", Areva a organisé exceptionnellement des visites guidées à bord du Pacific-Sandpiper. Ainsi, 32 privilégiés, dont le Journal de la marine marchande, ont eu l’occasion d’observer, de la passerelle, la manutention des emballages. Mais auparavant, ils ont dû coiffer un casque de plastique blanc et chausser de solides chaussures à crampons de caoutchouc pour éviter de se blesser ou de glisser sur le pont. Soleil, pluie et même grêle se sont en effet succédé le 8 février. La manutention a d’ailleurs été interrompue dans la martinée à cause du vent! Une fois monté l’échelle de coupée, il faut montrer à nouveau patte blanche. Deux jeunes femmes vérifient la composition de chaque groupe de huit personnes.

Ces deux élèves officiers (18 et 29 ans), qui ont commencé leur scolarité à l’École britannique de la marine marchande en septembre dernier, effectueront le voyage d’environ sept semaines jusqu’au Japon, d’où elles repartiront en avion.

Normalement, elles termineront leur formation de trois ans en 2009 pour embarquer pour de bon. L’équipage du Pacific-Sandpiper totalise 24 personnes.

Chaque emballage dégage de la chaleur. Il est entouré de grilles de protection thermique pour éviter les contacts accidentels. À fond de cale, la température est maintenue à 25 oC.

L’emballage fait l’objet d’un contrôle de radioactivité en surface par balayage au compteur Geiger(r) à chaque rupture de charge. Les visiteurs du Pacific-Sandpiper n’ont pas échappé à la règle. L’accompagnateur de chaque groupe est équipé de deux dosimètres. Le premier, individuel et vérifié tous les trois mois par l’Institut de radio protection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’habilite à intervenir dans une zone contaminée. Le second concerne le groupe, dont chaque membre est supposé recevoir le même rayonnement pendant la visite. Il est envoyé à l’IRSN qui, si la dose est anormale, peut retrouver le visiteur grâce à son numéro de sécurité sociale. La quantité de rayonnement reçue à bord du Pacific-Sandpiper a été nulle, alors qu’elle est de 2,5 millisieverts (mSv) par an à Paris!

Le canister

Un canister est un tube métallique de 1,34 m de haut et 0,43 m de diamètre Il peut contenir 400 kg de verre solide, dont 56 kg de produits de fission (14 %). Cela correspond au traitement d’environ 2 t de combustibles usés.

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