Une seule certitude: la pérennité des entrées de pétrole raffiné

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"Dans le secteur pétrolier, il y a tellement de paramètres en jeu qu’il est difficile de se prononcer sur l’avenir: la dépendance au climat pour le fioul domestique, la possibilité de découvrir de nouveaux gisements dans la région, l’arrivée des biocarburants, les aléas du négoce", indique Philippe Prats, chargé du pôle pétrole au Port autonome de Bordeaux (PAB). "On sait cependant que le pétrole est et restera un trafic maritime important. D’une part, car les pays producteurs ne sont pas ceux qui le consomment, d’autre part, parce que le maritime, à la tonne transportée, est le plus concurrentiel en termes de tarifs. Concernant le PAB, la seule certitude que nous ayons, c’est de maintenir et même de voir augmenter légèrement les importations de pétrole raffiné."

Dans le paysage portuaire girondin, les entrées de pétrole, contrairement à l’ensemble des ports français, tiennent, en effet, le haut du pavé. En 2006, elles représentaient 92 % du trafic total hydrocarbure. Parmi les produits importés, on trouve essentiellement du gazole et fioul domestique (3 Mt), de l’essence (672 000 t), des fiouls lourds (104 000 t), des dérivés pétroliers (133 000 t) et huiles aromatiques (98 000 t). Déchargés majoritairement à Ambés et transportés par pipe à Bassens, ces produits alimentent les cuves de TPB (Terminal portuaire de Bordeaux), représentant les majors Total et Esso, friands de carburants, mais aussi de fiouls légers et lourds. Autre réceptionnaire d’importance: EPG (Entrepôts pétroliers de Gironde) qui reçoit du carburant pour alimenter les grandes surfaces de la région.

"Quand on est un port sans raffineries (voir encadré), la principale activité est de recevoir du carburant pour la consommation automobile", explique Philippe Prats. "Dans ce secteur, la tendance est à une augmentation qui suit l’évolution de la consommation nationale. Les gens roulant de plus en plus avec des voitures diesel, cette hausse s’illustre dans les importations de gazole, la quantité d’essence transportée baissant elle d’année en année."

Le fioul domestique, lui, dont la consommation a pourtant augmenté depuis 5 ans, n’offre pas la même pérennité. "Les pronostics sont difficiles à faire, car ce trafic dépend énormément du climat. Par exemple, en 2006, en raison d’un hiver très doux, les importations de fioul domestique ont baissé de 8 %. Résultat, le trafic pétrolier global de 2006 a été inférieur à celui de 2005", précise Philippe Prats. "Quant au fioul lourd, notre hinterland étant de moins en moins industriel, on a constaté une tendance à la baisse. Par exemple, en 2005, c’est la centrale EDF, grande consommatrice de fioul, qui a fermé. On est ainsi passé de 240 000 t en 2000 à 104 000 t en 2006." Enfin, dernière tendance: les carburéacteurs, qui face à un trafic aérien plus intensif, augmentent doucement.

Des espoirs sur le diester et le pétrole brut

Quelques bouleversements pourraient cependant changer la donne. L’incertitude règne sur les dépôts pétroliers de Pauillac détenus par Shell. Depuis 2003, l’entreprise souhaite se défaire du dépôt. Au fils des ans, ses importations n’ont cessé de baisser pour n’atteindre que les 200 000 t en 2006. Alors qu’aucun successeur n’était jusqu’alors sur les rangs, des négociations sont en cours avec un éventuel repreneur. "Nous sommes très avancés dans les discussions, mais rien n’a encore été signé. Tout devrait se décider d’ici deux mois", indique Daniel Merveillaud, responsable du dépôt Shell de Pauillac. Pour Philippe Prats, cette reprise constituerait un espoir important. "On ne sait pas ce que fera le repreneur, mais on peut penser qu’il y aura une reprise d’activité sur ce site qui possède de réelles et importantes capacités de stockage puisqu’à une époque, il transitait 4 Mt par an."

D’éventuels changements sont attendus également au niveau des exportations de pétrole brut, qui représentent 8 % du trafic global des hydrocarbures, soit 328 000 t en 2006, expédiés dans les raffineries de Donges et Port-Jérôme. "Le groupe Canadien Vermilion qui a racheté en 2006 à Esso les gisements dans le bassin des Landes entreprend un nouveau forage au large du Cap-Ferret. Leurs objectifs d’ici deux à trois ans sont de revenir à 400 000 t exportées", note Philippe Prats.

Enfin, l’arrivée des biocarburants ouvre de nouveaux horizons. Pour la première fois, en 2006, le PAB a réceptionné 3 700 t de diester et les importations de graines comme les exportations d’huile ont augmenté. Mais surtout un projet d’usine de production de diester est en cours à Bassens mené par Saipol-Lesieur, spécialiste de la trituration de graines oléagineuses. "Saipol triture actuellement 450 000 t de graines par an et veut passer à une capacité de 700 000 t. Près de 200 000 t d’huile devraient servir à la fabrication de diester. Cette production devrait se traduire en 2008 par un trafic maritime supérieur, mais on ne sait pas encore dire sur quel poste", constate Philippe Prats. Autre incertitude: la construction d’une usine de production d’éthanol dans le bassin de Lacq pourrait, elle, avoir, pour conséquence, la baisse des exportations de maïs, autre secteur-clé du PAB.

1979-1986: la fin des raffineries

À la fin des années soixante-dix, la présence de trois raffineries dans la région, dynamisait le trafic hydrocarbure et l’activité globale du PAB qui avoisinait alors les 13 Mt. Mais, les chocs pétroliers successifs de 1979 à 1986 et la limitation de consommation de brut provoquèrent une surcapacité de raffinage et la fermeture des raffineries de Shell et Esso sur Ambés et Pauillac. Pour le port, ces fermetures se soldèrent par une perte nette de 4 Mt sur son trafic pétrolier. Les entrées de pétrole brut importé par le Verdon (7 à 8 Mt) disparurent au profit des sorties par Ambés de brut extrait dans la région et des entrées de pétrole raffiné.

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