Comme leur direction, les salariés de la CMN ont une longue tradition de discrétion. L’an passé encore, ils avaient à peine fait entendre leur voix lors du retournement d’alliance effectué par leur compagnie en se rapprochant de la Corsica Ferries, pour répondre à l’appel d’offres de service public au départ de Marseille. "Nous pensions alors que la justice allait clarifier qui avait les commandes de la CMN", avoue Étienne Tomasini, le leader CGT de la Méridionale pour expliquer leur demi-passivité.
Aujourd’hui, ils marquent de près leurs dirigeants, leur enjoignant de renouer une alliance avec ceux de la SNCM. Au nom de la lutte contre "le dumping social" armé par la Corsica Ferries avec son pavillon italien, les syndicalistes des deux bords se sont retrouvés le 19 janvier devant le siège de la CMN où se déroulait son conseil d’administration. Une centaine de salariés des différents syndicats (CGT, CGE, FO) des deux compagnies faisaient entendre "leur volonté commune et l’exigence que voir se renouveler le partenariat à l’appel d’offres de la collectivité territoriale corse dans la globalité". "Le service public pour la Corse et PACA et l’intérêt des salariés qui le font fonctionner, n’ont rien à attendre des querelles intéressées d’actionnaires", soulignaient les responsables syndicaux. Un message que reprenait Jean-Paul Israël, leader des marins CGT de la SNCM qui enjoignait les deux directions à "faire preuve de responsabilité en allant de l’avant vers un partenariat basé sur les conditions historiques, ce qui évitera la casse de l’emploi". Rappelons que plus de 2 800 emplois directs sont concernés, dont un millier en Corse.
Le raffut arrachait une déclaration à Francis Lemor, président de STEF-TFE et administrateur de la CMN. "Nous sommes tout à fait d’accord pour rechercher un accord complet avec la SNCM", expliquait-il tout en reconnaissant que des rencontres avaient déjà eu lieu.
Pour faire bon poids, bonne mesure, les manifestants se rendaient ensuite en cortège à quelques centaines de mètres de là, devant le siège de la SNCM, pour réaffirmer leur intention commune et rappeler qu’il faudra également compter sur eux pour l‘avenir de la desserte corse. Une occasion que mettait à profit Gérard Couturier, DG de la SNCM pour exposer sa position: une reconduction pure et simple de la convention de partenariat signée en mars 2002 entre les deux compagnies, mais sans condition préalable de sa part, ni de l’autre, qu’elle relève ou non de l’actionnariat. Rien ne transpire des rencontres entamées depuis la mi-janvier entre les deux compagnies. Elles ne pourront ne pas évoquer dans leurs discussions le commandement de la CMN, véritable pierre d’achoppement qui a fait tout capoter l’an dernier entre partenaires de 30 ans. Mais le temps presse, la date limite de la remise des dossiers pour l’appel d’offres Marseille-Corse est le 9 février prochain.