"Du passé 2006 faisons table rase". Invitée à bord du Girolata aux vœux de nouvelle année de la Compagnie méridionale de navigation (CMN), la presse a pu entendre le refrain entonné à la fois par les représentants de la CGT et de la direction. Mais si les paroles paraissaient les mêmes, l’air et la tonalité différaient.
Pour Étienne Tomasini, délégué CGT et président du CE qui s’était invité de manière impromptue, mais respectueuse, en compagnie de quelques camarades, l’inquiétude des salariés exige de revenir au partenariat avec la SNCM et à la pérennité sociale. "Nous ne voulons pas entendre parler d’une alliance avec la Corsica Ferries qui fait du dumping social. Si cela venait à être le cas, nous agirions." En attendant, les syndicats CGT de la CMN et de la SNCM, qui se rencontrent régulièrement, préparent une assemblée générale commune pour presser leurs directions à renouer un accord avant le 9 février, date du dépôt des candidatures.
C’est du bout des lèvres que la direction de la CMN a effectivement avoué des rencontres entre partenaires de 30 ans, coactionnaires et adversaires déclarés l’an dernier à travers l’offre de service public entre Marseille et la Corse. Quels sont l’ambiance et le contenu de ces échanges? C’est l’omerta. Marc Reverchon, directeur général délégué de la Méridionale, concède que "les compteurs de l’appel d’offres ont bien été remis à zéro, tant sur le contenu, notamment les offres partielles, que sur la manière". Mais on n’en saura pas plus que des généralités: "Le jeu est extrêmement ouvert. Nous devons prendre en compte la nouvelle donne. Sur ce dossier, il faut trouver les bons équilibres. On peut souhaiter que tout cela se termine par une clarification." Entendez, outre la délégation de service public sur la Corse, c’est la CMN qu’il faudra aussi apprendre à partager.
De bons résultats et un navire en vue
Les résultats 2006 de la CMN sont à nouveau à la hausse; une progression toutefois légèrement inférieure à la croissance globale du trafic sur la Corse. La compagnie a transporté 206 000 passagers sur l’île de Beauté, soit un gain de 5,4 % (8 % en global). Pour le fret, elle a réalisé 728 000 mètres linéaires, soit le même niveau que celui de l’année précédente (+ 5 % en global) où elle avait bénéficié d’un report de fret lié aux fortes grèves à la SNCM.
On remarquera que pour la première fois, la Méridionale a franchi le cap du millier de traversées annuelles, avec 1 022 A/R, contre 996 en 2005. “Le résultat économique 2006 sera satisfaisant. Il devrait permettre de dégager une participation proche de 2005. La Méridionale dispose, comme sa maison-mère STEF-TFE, d’un fonds commun de placement qui renforce l’adhésion des salariés à l’entreprise et permet de préparer les investissements”, a indiqué son président, Robert de Lambilly. Il a par ailleurs annoncé que la CMN allait se préparer à renouveler un navire de sa flotte (le Kallisté a été construit en 1993, le Scandola en 1992 et le Girolata en 1995). Vu l’état du marché de l’occasion où la compagnie a pourtant toujours su trouver navire à son pied, il pourrait s’agir d’un navire neuf (évalué à 120 M€). Il entrerait en service en 2010 sur la ligne de Bastia, à condition, bien sûr, que la Méridionale navigue encore dans le cadre de la DSP. Cette dernière lui a amené 27 M€ sur un chiffre d’affaires 2006 de 81 M€.
R.V.