Trois projets de terminaux méthanier au Québec

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Les projets de terminaux méthaniers se multiplient au Canada. On en compte sept, dont trois dans la seule province du Québec. Il existe actuellement trois installations de gaz naturel liquéfié (GNL) au Canada, qui exploitent des gisements exclusivement dans l'Ouest. Ces sources d'approvisionnement arrivent à maturité, tout comme celles des États-Unis, et aucune n'est équipée pour décharger les navires. Parmi les sept projets de terminaux, deux ont déjà reçu les approbations, dans les provinces du Nouveau-Brunswick, à Saint-John, et de Nouvelle-Écosse, à Point Tupper. Dans le cas des projets québécois, l'objectif est d'offrir du GNL aux marchés de l'Ontario, du Québec et du Nord-Est des États-Unis. Leurs promoteurs soulignent la dépendance du Québec, qui se trouve en bout de ligne des installations existantes, un unique réseau, alors que se développe cette forme d'énergie (+ 33,3 % de demande attendue entre 2002 et 2012 pour le Québec et + 18,5 % pour la province voisine de l'Ontario). Les hausses de prix y sont donc particulièrement sensibles. Autre argument: le Québec est plus près des secteurs de production, tels le Moyen-Orient, l'Afrique et la Russie, comparativement à d'autres zones où des projets de terminaux existent, tel le golfe du Mexique.

Le plus avancé

Le plus avancé des projets est celui d'Energie Cacouna, sur l'île de Gros Cacouna, à 15 km au nord-est de la ville de Rivière-du-Loup, le long du fleuve Saint-Laurent. Annoncé fin 2004, il est porté par un consortium constitué par le transporteur TransCanada (qui en assurerait l'exploitation) et la compagnie pétrolière Petro-Canada (approvisionnement et expédition). Le terminal serait adjacent à un port de mer existant et "sous-utilisé" aux dires des initiateurs du projet, sur un terrain de 18 ha loué à l'administration fédérale Transports Canada. L'emplacement offre un accès à la circulation en eau profonde ne nécessitant aucun dragage. Les audiences publiques sont terminées. Le gouvernement québécois vient de prolonger le mandat de la commission conjointe du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) et de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale (ACEE) suite à des modifications apportées au projet. Les avis des instances fédérales, provinciales et municipales sont attendus à la fin de cette année. Les travaux d'ingénierie préliminaire et des forages géotechniques sont en cours. Les appels d'offres définitifs pour la construction des installations devraient être rapidement lancés. Ce terminal méthanier, qui nécessiterait un investissement de 237 M$ (soit 167,5 M€), compterait un quai de réception et une jetée de 350 m, deux réservoirs de 160 000 m3 et 50 m de haut chacun (un espace est réservé pour un éventuel 3e réservoir), des installations de regazéification et production d'azote, etc. Durant la phase d'exploitation de 40 ans, à partir de fin 2009, il générerait 35 emplois directs pour un revenu annuel de 21 M$ (14,8 M€). Un gazoduc serait également à construire pour relier l'équipement au réseau existant. Petro-Canada prévoit d'affréter ses propres méthaniers, comme la société le fait avec les pétroliers. Un navire accosterait tous les quatre à huit jours (soit 60 par an) et ce, toute l'année. Les bâtiments auraient une coque renforcée pour la navigation dans les glaces, mais des brise-glace et remorqueurs spécialisés seraient également disponibles.

Le plus urbain

Le projet concurrent, Rabaska, est mis en œuvre plus à l'ouest par les homologues Gaz Métro (commercialisateur-distributeur de gaz au Québec), Enbridge inc. (commercialisateur-distributeur de gaz en Ontario) et Gaz de France. C'est celui qui se trouve le plus en zone urbaine puisque situé dans l'est de la ville de Lévis, en face de Québec. Il est prévu une jetée de 500 m en eau profonde dans le fleuve Saint-Laurent permettant, là encore, d'éviter tout dragage. L'étude d'impact a été déposée en janvier dernier. Les audiences publiques démarrent en ce moment et les avis des autorités sont espérés pour le printemps prochain. Après la phase de construction attendue à partir de 2007, l'exploitation pourrait commencer en 2010. Pour 840 M$ (593,6 M€) sont envisagés des quais de déchargement, des conduites cryogéniques souterraines, deux réservoirs de 160 000 m3 et 46 m de hauteur chacun, des installations de regazéification et production d'azote et, enfin, un gazoduc de 42 km pour rejoindre le réseau. Le budget d'exploitation annuel de l'ensemble, qui nécessiterait 70 salariés, s'élèverait à 46,5 M$, hors droits portuaires, remorquage et lamanage. 60 à 70 méthaniers par an accosteraient, qui s'ajouteraient au trafic actuel à cet endroit sur le fleuve de 2 500 navires de commerce. En hiver, la route maritime devrait être adaptée et un pilote de glace serait obligatoirement être présent dans le navire pour assister le commandant tout au long de l'escale, d'une durée de 24 heures.

Le plus important

Plus récent, le projet Energie Grande-Anse propose la construction d'un terminal à Ville-de-Saguenay, en remontant le long des rives de la rivière Saguenay qui se jette dans le Saint-Laurent en face du premier projet cité. Il est réalisé par deux chefs d'entreprise locaux, D.-André Tremblay (ex-cadre chez le producteur d'aluminium Alcan) et Alain Laberge (fondateur de plusieurs entreprises dans le domaine de la construction et de l'environnement, également ex-directeur régional chez le gestionnaire de déchet Sita). Fait notable, il est mené en partenariat avec l'administration portuaire du Saguenay. Celle-ci, propriétaire des terrains, serait responsable de la construction et du volet maritime de l'opération. Avantages: le projet, déjà en zone portuaire et industrielle, est en eau profonde, avec un faible trafic maritime existant. Surtout, il se situe à 1,9 km de la première habitation. C'est le plus important en termes de volume. Réception du GNL, stockage (trois réservoirs de 160 000 m3 chacun), regazéification et expédition vers les marchés sont comme partout au programme, ainsi qu'une centrale de cogénération. Le site est accessible toute l'année. L'avis de projet a été déposé il y a un an. Les études d'avant-projet doivent l'être cet automne. Le calendrier prévoit l'obtention des autorisations gouvernementales pour l'automne 2008, un début de construction au printemps suivant et une mise en service à l'été 2012. Avec le gazoduc et la centrale de cogénération, l'investissement total serait de 1,5 milliard de dollars (1 milliard d'euros). Cent emplois directs sont annoncés en période d'exploitation. L'idée est de développer à partir de l'équipement le parc industriel alentour. Le site serait accessible toute l'année aux 115 navires imaginés.

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