L'expansion des ports d'Afrique du Sud

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En Afrique du Sud même, tous les ports sont gérés par des entreprises publiques avec des perspectives encore lointaines de privatisation. Toutefois, l'État a investi massivement dans les ports au cours des dix dernières années et a prévu 410 milliards de rands (43,07 Md€) pour leurs grandes infrastructures dans les trois ans à venir, en vue de rendre plus attractif le commerce avec l'Afrique du Sud. Il est évident que les mesures strictes et le contrôle monétaire pendant plusieurs années ont facilité une croissance durable de l'économie du pays. En 2006, celle-ci a profité de la demande mondiale de produits de base, notamment le minerai de fer, le manganèse et le charbon. La bourse a atteint de records en septembre et, pendant quatorze mois, les taux d'intérêt à court terme sont restés à leur plus bas niveaux depuis 1980. Le taux de croissance économique dépasse 4 % par an.

Des résultats jugés satisfaisants

Les ports marchands sont exploités comme des entités indépendantes au sein de l'organisme parapublic Transnet, qui contrôle aussi les grandes infrastructures de transport du pays.

Transnet, qui emploie 65 000 personnes, dispose d'actifs d'une valeur supérieure à 70 milliards de rands (7,4 Md€). À l'issue de l'année fiscale close en mars, il a annoncé une hausse de 57 % de son bénéfice d'exploitation à 8,5 milliards de rands (899 M€) contre 3,1 milliards (328 M€) l'année précédente. Cette croissance pendant deux années de suite résulte notamment du maintien des droits en dessous du taux d'inflation, conformément au mandat donné à Transnet de diminuer les coûts du commerce avec l'Afrique du Sud. En outre, les deux divisions chargées des ports ont réalisé de bonnes performances. Il s'agit de SA Port Operations (Sapo) et de National Ports Authority (NPA).

Sapo gère les treize terminaux de fret, dont les trois à conteneurs de Durban, d'East London et de Port Elizabeth ainsi que le terminal vracs pour le minerai de fer de Saldahha Bay. Au cours du dernier exercice fiscal, SAPO a obtenu un bénéfice d'exploitation de 910 millions de rands (96,28 M€), en hausse de 10 % sur un chiffre d'affaires de 3,6 milliards de rands (381 Md€). Les investissements ont atteint 776 millions de rands (82,11 M€) en 2005/2006 et se montent à 6,3 milliards de rands (667 M€) pour les cinq prochaines années.

Le trafic de conteneurs a augmenté de 7 % mais celui des vracs a baissé de 5 %. Le terminal minéralier de Saldanha Bay a traité 28,8 Mt, un record!

NPA est propriétaire des terrains des huit ports commerciaux, y compris de celui de Ngqura (Coega) en construction dans l'Eastern Cape. Il augmenté son chiffre d'affaires de 11 % à 5,5 milliards de rands (58,2 M€) et son bénéfice d'exploitation de 19 % à 3,8 milliards de rands (402 M€). Le trafic total a progressé de 6 %, surtout par suite de la demande accrue de minerai de fer de la part de la Chine. Les entrées de conteneurs pleins ont augmenté de 9 % mais les sorties ont stagné à cause de la bonne tenue du rand pour des raisons de concurrence et de qualité. Les investissements ont atteint 783 millions de rands (82,85 M€) en 2005/2006 et se montent à 18,6 milliards de rands (1,97 Md€) pour les cinq prochaines années.

Voici les trafics des principaux ports pour le dernier exercice fiscal.

Durban a réalisé le plus grand trafic maritime du pays. Il a traité 4 551 navires de 94,54 Mtjb et correspondant à 36 % du trafic portuaire total du pays. Conteneurs compris, le trafic a atteint 69 074 000 t, dont 43 584 358 t en entrée, 25 206 730 t en sortie et 283 371 t en transbordement. Les terminaux à conteneurs ont traité 1 955 804 EVP, soit 63 % du total des ports sud-africains. Durban abrite la principale installation de traitement des voitures et a traité 278 000 unités au cours du dernier exercice fiscal.

Richards Bay, port en eau profonde situé dans le KwaZulu Natal au nord de Durban, est le principal débouché pour le charbon. Il a accueilli 1 735 navires de 59 042 072 tjb et traité 89 256 108 t de fret, dont 83 125 870 t de vracs à l'export.

Saldanha Bay, spécialisé dans l'export du minerai de fer, a accueilli 537 navires de 23 779 523 tjb. Il a traité 36 664 303 t, dont 28 881 281 t de vracs à l'export.

Le Cap a été l'escale de 3 400 navires de 48 778 963 tjb. Il a traité 13 666 735 t de fret et son terminal à conteneurs 736 943 EVP.

East London, unique port fluvial du pays, a accueilli 399 navires de 8 487 024 tjb. Il a traité 2 337 166 t et 42 545 EVP, dont la plus grande partie pour l'industrie automobile dont le trafic a été de 55 480 unités. L'ascenseur à céréales, d'une capacité d'entreposage de 76 000 t, est en cours de transformation pour l'import. Il a en effet beaucoup servi dans le passé pour les entrées de secours d'urgence lors des famines dans le Centre et le Sud de l'Afrique.

Port Elizabeth, a fait l'objet de 1 390 escales et traité 8 122 735 t de fret et 370 849 EVP.

Mossel Bay, situé au sud du Cap, sert surtout aux importantes flottes de pêche en service dans la région. Mais, il a récemment développé des services d'assistance aux plates-formes des gisements offshore de pétrole et de gaz. Son trafic de 1 483 234 t a été essentiellement constitué de produits pétroliers.

Les corridors commerciaux

Les accords politiques jouent un rôle crucial dans le développement des “corridors de transport” entre les pays du Sud de l'Afrique, selon un rapport de l'Initiative de développement stratégique (IDS), agence dépendant du ministère de Commerce et de l'Industrie. Cette IDS ou programme de 12 corridors vise à faciliter le commerce et les investissements dans 8 pays du Sud et de l'Est de l'Afrique. Il y a dix ans, la Namibian Port Authority a décidé de tracer une route à travers le Sud du Botswana de la région manufacturière de Johannesbourg au port de Walvis Bay. À l'origine “Trans Kalahari Corridor”, cette route est devenue le “Trans Kalahari Express”, où circulent dans les deux sens des flux de camions chargés. Mais il a fallu longtemps pour convaincre les entreprises industriels de Gauteng de sa valeur et des installations performantes de Walvis Bay qui ne connaît pas les habituels engorgements des autres terminaux sud-africains. Aujourd'hui, les efforts portent sur le “Trans Cunene Corridor” vers l'Angola, qui met en valeur ses vastes ressources naturelles.

Selon Jérôme Mouton, directeur du marketing de Namport, le concept de corridors a fait ses preuves de “véritable ligne de vie vers nos voisins du Sud de l'Afrique”. Il ajoute qu'un autre corridor en cours en Namibie inclut le “Trans Caprivi Corridor”, qui dessert la Zambie. L'ouverture de ces corridors commerciaux a stimulé l'activité économique et conduit à investir 500 MN$ (54,25 M$) dans la modernisation des équipements de Walvis Bay dans les cinq prochaines années.

St.S.

Trois questions à Khomotso Phihlela, directeur général de NPA

JMM: Comment rendre les ports sud-africains plus compétitifs après plus d'une décennie de mondialisation?

Khomotso Phihlela (K.P.): "L'année 2006 aura été incontestablement parmi celles des défis à relever pour NPA en particulier et le groupe Transnet en général, à cause de la restructuration en cours. Cette restructuration repose sur un plan en quatre points qui prévoit la disparition des activités hors du corps de métier. Il s'agit de transformer le groupe Transnet en une entreprise très orientée sur le transport de fret avec seulement trois secteurs clés: le rail, les ports et les pipelines.

NPA et Sapo se trouvent dans le secteur "ports" et devraient continuer à apporter de la valeur ajoutée au groupe. Le plan inclut aussi la reconfiguration de notre activité, l'investissement dans les ressources humaines, la restructuration des comptes ainsi que le renforcement de la gouvernance d'entreprise et de la gestion des risques."

JMM: Le problème commun aux ports sud-africains est la capacité. Que fait NPA pour le résoudre?

K.P.: "Oui, il y beaucoup à faire et qui peut être fait. Dans ce but, nous avons mis au point un "Master Plan" portuaire jusqu'à 2050. Quoique cela paraisse un objectif très lointain, il montre que nous devons comprendre que, si nous ne commençons à planifier très tôt, nous serons surpris en train de sommeiller lorsqu'il faudra déterminer la capacité dont un port aura besoin à l'avenir. Les précédentes prévisions de capacités ont été dépassées et nous travaillons au-delà de nos capacités actuelles. En réalité, toute production économique supplémentaire constitue une contrainte de plus pour nos ports et nous avons parfaitement pris conscience du besoin d'accroître notre capacité."

JMM": Le pays a connu une certaine fuite des cerveaux au cours des dernières années. Que fait NPA pour y remédier?

K.P.: "Nous avons fait beaucoup d'efforts en matière de formation du personnel avec des résultats très positifs. La rentabilité a augmenté. Je pense que les gens qui travaillent chez NPA commencent à comprendre que, même si nous sommes un pays émergent, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas capables de faire concurrence aux meilleurs du monde. Nous avons le talent et les ressources humaines suffisantes pour profiter des opportunités qui se présentent dans l'économie mondiale."

Propos recueillis par Stephen Saunders

Le nouveau port de Ngqura

Ngqura se trouve à 20 km au nord-est de Ports Elizabeth à l'embouchure de la rivière Goega. C'est le huitième et dernier port marchand sud-africain. Une zone de développement industrielle (ZDI) est en cours de construction sur plus de 12 000 ha pour accueillir de nouvelles entreprises orientées vers l'exportation. Le port en eau profonde sera accessible aux vraquiers et navires-citernes post-panamax ainsi qu'aux porte-conteneurs cellularisés de la nouvelle génération. Le terminal à conteneurs, opérationnel en 2008, devrait devenir un centre de transbordement. Fin 2006 et après près de six ans de négociations laborieuses, un accord sur la construction d'une fonderie d'aluminium dans la ZDI a été signé entre le canadien Alcan, deuxième producteur mondial d'aluminium, et la compagnie électrique sud-africaine Eksom, qui fournira 1 300 MW pendant 25 ans. Cette ZDI, qui devrait permettre de créer jusqu'à 6 000 emplois pendant les travaux, constitue le cœur de la mise en valeur de toute la vallée de la Coega et de la province d'Eastern Cape.

St.S.

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