La tournée du Taporo-VIII aux Tuamotu

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Dix-huit jours. Une tournée en boucle de plus de 2 900 nautiques, pour toucher dix-neuf îles au départ de Papeete. "Il y a 40 ans, il fallait deux mois; 42 jours pour le Ruhatu, il y a 15 ans; 30 jours pour son successeur, le Taporo-V", explique le capitaine Alban Brothers.

Arrivée à Anaa, le soleil rougeoie à peine l’horizon. Patrick Samg-Mouit pilote la baleinière dans une anfractuosité creusée à la dynamite dans la barrière du récif. Elle abrite un minuscule quai. Appelés par "Vini", le GSM local, les clients arrivent.

Le lendemain, le Taporo mouille à l’ouvert de la passe d’Amanu. Nous nous sommes éloignés de Papeete: une bonne partie du village accueille la baleinière. On attend le courrier, mais aussi la "vente à l’aventure"! Simon Ihorai, second et subrécargue, prend puis sert les commandes, tel un épicier. Georges Teauroa, lieutenant, contrôle le coprah, qui constitue le fret retour avec les "vides", consignés, bonbonnes de gaz, fûts d’essence et de gazole.

Tout à la fois facteur, négociant, épicier…

À quelques nautiques, l’atoll voisin, Hao, est une escale importante, avec un grand quai. Seule inconnue, le courant dans la passe. La houle se brise sur le récif, remplit le lagon qui se vide dans l’océan, et la marée amplifie le phénomène. Le courant peut être plus rapide que le navire: cela est arrivé lors d’un précédent voyage avec du très mauvais temps. Cette fois, tout est calme, avec une petite visite touristique du village.

À Vahitahi, on pèse le coprah avec une balance romaine. Puis cap sur Pinaki, une courte et mince ligne blanche surmontée de cocotiers, dont l’escale a été demandée par radio. Pas d’anse artificielle, juste le platier corallien. Deux baleinières sont mises à l’eau, reliées par un câble. La première franchira la barre, l’autre restera en pleine mer, et agira comme remorqueur pour la sortir du platier, à l’occasion d’une vague. Le temps est très beau. Le coprah est embarqué, à dos d’hommes, pataugeant dans l’eau.

À Nukutavake, atoll sans lagon, le soleil est brûlant, aveuglant. Les marins troquent pour obtenir du poisson frais et cueillent des citrons. Symba Mau, cuistot, nous préparera ce soir un excellent poisson cru à la tahitienne.

Défilent Tatakoto, Reao et Marutea Sud, île perlière privée. À Rikitea, chef-lieu des Gambier, royaume de la perle, l’eau transparente laisse voir les hauts fonds de sable de corail blanc. Le gendarme, agissant comme douanier, scelle les conteneurs. Au deuxième passage, nous découvrirons une jeune otarie.

À Pitcairn, la mer est forte. Le maire indique au Taporo une zone un "peu plus calme". Tous les hommes de l’île (il y a 53 âmes) sont sur le quai, et manœuvrent leurs deux légendaires chaloupes, capables de contenir de petits conteneurs. La houle assiège le môle en gerbes impressionnantes. Dans la cale du navire, Angelo Ueva, 53 ans, sur son chariot élévateur, confie les charges à la grue d’Utia Tanetaia.

En une matinée, les poteaux, palettes, conteneurs, fûts de carburants, granulats ont effectué le va-et-vient, et l’île du bout du monde a fourni son miel et son artisanat.

En une matinée, les poteaux, palettes, conteneurs, fûts de carburants, granulats ont effectué le va-et-vient, et l’île du bout du monde a fourni son miel et son artisanat.

Les procédures douanières effectuées à Rikitea, le Taporo chenalera à Mururoa, au projecteur, déchargeant avant le jour, puis opérera à Tematangi.

Six heures. Hereheretu. Des baleinières traversent le lagon et s’amarrent à une plate-forme isolée dominant le platier. Tout le village y est réuni, une vingtaine de personnes, les enfants sont à Papeete, à l’école. Le maraamu souffle, il fait frisquet! Le facteur distribue sur place le courrier. Le coprah passe d’une baleinière à l’autre.

Le Taporo salue cette curiosité, une dernière halte à Anaa pour le coprah, et c’est le retour à Papeete.

Le coprah

Le coprah est la pulpe de coco séchée, placée dans des sacs d’environ 50 kg. Sur notre photo, il est embarqué à dos d’homme pendant l’escale de Pinaki.

Pitcairn

Pitcairn dépend de la Grande-Bretagne. Depuis décembre 2005, un accord entre la Grande-Bretagne et la Polynésie française autorise la desserte régulière de cette île, tous les deux mois, en cabotage dit international, grâce au caboteur Taporo-VIII.

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