Sous l’égide de l’Europe, le projet Martins a été initié dans le cadre du programme de coopération transfrontalière Interreg III B. Il regroupe des experts maritime de cinq pays d’Europe du Nord (1).
Objectif: limiter les collisions entre navires.
Comme s’est chargé de rappeler le Hollandais Guus Verhagen, le responsable du projet, lors de la rencontre à l’École nationale de la marine marchande (ENMM) de Nantes: "Dans le nord-ouest de l’Europe, la Manche, et la mer du Nord sont des zones où le trafic maritime est l’un des plus dense du monde, et sont le théâtre de nombreuses collisions et pollutions, avec 6 à 7 accidents graves par an." Si l’on prend pour exemple le détroit du Pas-de-Calais, 400 navires l’empruntent chaque jour en moyenne, sans compter les ferries, les bateaux de pêche et les plaisanciers. Chaque année, au total, environ 87 000 navires l’empruntent, 25 000 ferries relient la France à l’Angleterre, soit 36 000 passagers par jour en moyenne.
"Il n’y a pas de priorité en mer. Même un navire privilégié doit manœuvrer pour éviter l’accident. Par temps clair, un navire rattrapé par un autre doit garder son cap et sa vitesse. Mais dans la brume, il doit manœuvrer pour éviter une collision", martèle Laurent Galy, chef de projet régional et enseignant à l’ENMM de Nantes.
MAUVAISE INTERPRÉTATION DES RÈGLES
Aussi, en dehors d’une méconnaissance possible des règles de barre et de route pour certains marins, 80 % des abordages sont la conséquence d’une mauvaise interprétation des réglementations maritimes internationales. "C’est donc à la source, par la formation que les accidents pourront être évités", est persuadé Guus Verhagen.
Fort de ce constat, afin de "faciliter une interprétation commune des règles pour prévenir les abordages en mer, nous avons décidé de mettre l’accent sur les formations et de développer un produit pédagogique commun", confie Laurent Galy. Aussi, une approche commune dans l’enseignement des règles de collision, le développement de standards dans l’utilisation des simulateurs de navigation, et une indispensable prise de conscience du public sur les risques maritimes et sur les comportements en zone côtière, figurent parmi les actions prioritaires déterminées par les membres de Martins. Avec un seul objectif: limiter les risques d’accidents.
Pour sa part, l’ENMM de Nantes doit mettre au point un logiciel de vulgarisation et d’évaluation des connaissances des règles de barre et de route. Ce sera un véritable logiciel d’autoapprentissage du Règlement international pour prévenir les abordages en mer (Ripam). À termes, il pourra même être utilisé pour entretenir les connaissances. On peut même imaginer que ce logiciel serve d’outil pour tester les connaissances des marins avant leur embauche par un armateur, espère les promoteurs du projet qui doit être opérationnel en 2008.
UNE HARMONISATION DES ENSEIGNEMENTS
Ce logiciel sera illustré par des images en 3D. En outre deux simulateurs devraient être mis au point, et des modules de formation seront créés pour former et informer les professionnels de la mer, mais aussi les compagnies d’assurances, les armateurs, les plaisanciers, les institutions maritimes…
Le projet Martins prévoit également de mieux sensibiliser le grand public aux risques maritimes, à la sécurité maritime, et donc à la préservation des océans, en menant différentes actions dans les deux ans à venir, en particulier auprès des scolaires.
Cette coopération transnationale devrait garantir une harmonisation dans le contenu des enseignements, et la vulgarisation des réglementations internationales permettra que "face à une situation donnée, tous les acteurs réagiront de la même façon. Ce qui améliorera la sécurité maritime", confirme Dominique Flaux, le directeur de l’ENMM de Nantes.
1) Sont à l’origine du projet: l’Institut maritime néerlandais Roc Zeeland (coordinateur du projet), le South Tyneside Collège (Angleterre), le National maritime collège of Ireland, le centre de formation maritime de Zeebrugge, l’École de la marine marchande de Nantes, et Nausicaa, le centre national de la mer de Boulogne.