Rhône-Saône: le grand bouillonnement

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Longtemps délaissé, cet axe fluvial a pris un tournant foudroyant avec le nouveau millénaire. Le fait que l’hinterland du port de Marseille englobe la région lyonnaise, n’est pas étranger à la crue. Par une série de décisions (participation du PAM dans Lyon Terminal, contrat de progrès entre le PAM, VNF et CNR, facilitation des Douanes, forts investissements), la voie fluviale se mue peu à peu en voie royale. Et le processus n’est pas près de s’endiguer.

Un convoi fluvial soustrait entre 150 et 720 camions des autoroutes A7 et A9. Or, c’est officiel, ces dernières ne seront pas élargies pour faire face à l’accroissement du trafic en vallée du Rhône et Languedoc. À la suite d’une procédure de débat public, les ministres du Transport et de l’Écologie ont finalement tranché en faveur du "développement des modes ferroviaire, fluvial et maritime". Cet encouragement officiel et surtout les records de trafic enregistrés sont parvenus à ressusciter le dossier Rhin-Rhône que l’on pensait pourtant définitivement enterré.

L’effervescence du transport fluvial s’est accompagné du positionnement de plusieurs opérateurs en 2004 Alcotrans (Imperial Reederei), a rejoint Rhône-Saône Conteneurs (CMA CGM) et Compagnie fluviale de transport (CFT). C’est de bouillonnement dont il faudrait en fait parler. En dix ans, le trafic fluvial de marchandises a doublé. Et le phénomène s’accélère. En 2004, le trafic conteneurs a enregistré une remontée de 40 % sur le Rhône, de 27 % en 2005!

Lyon, 1er port intérieur pour le conteneur

Le port de Lyon Édouard Herriot enregistre record sur record. En 2005, il dépasse pour la première fois la barre des 10 Mt pour son trafic global et comptabilise 50 797 EVP. Trop à l’étroit pour contenir cette croissance, la construction d’un second terminal à conteneurs est lancée (16,5 M€ d’investissements). Dix hectares, avec un nouveau quai de 200 m, des voies ferrées, une desserte routière et un portique mobile permettent de doubler les capacités d’accueil de celui qui se présente comme le 1er port intérieur français pour le conteneur. Au passage, il adopte un système de gestion informatisée (Autostore) qui assure l’exploitation et le positionnement en temps réel de toutes les boîtes sur le site.

La soif de développement touche les autres ports qui se transforment en autant de plates-formes intermodales. Le port de Pagny-sur-Saône (Côte-d’Or) s’offre un terminal d’une capacité de 20 000 EVP. Les ports de Chalon et de Mâcon ne sont pas en reste en investissant 10 M€ dans la mutation de leurs équipements. À Fos, le portique panamax (P3) du terminal Brûle-Tabac, est rejoint par un 2e portique transféré (P4), des engins qui viennent en renfort de deux grues automobiles; offrant ainsi de nouvelles prestations de manutention aux navires polyvalents (roulant/conteneur). Avec port Tellines, tout proche, il permet d’accueillir des trafics de petits porte-conteneurs et de barges fluviales à conteneurs traités jusqu’alors sur le terminal à conteneurs de Fos.

Dans le même temps, la CNR tire et pousse. Elle sécurise et fiabilise la voie navigable, améliore la disponibilité de ses ouvrages, aide au développement des zones portuaires. Pour les usagers, un site interactif (www.inforhone.fr) et un serveur vocal donnent désormais l’accès aux informations sur les conditions de navigation en temps réel sur le Rhône. Les extensions et les aménagements se succèdent en cascade. C’est la CFT qui vient de renforcer son antenne lyonnaise en déménageant un peu plus au sud de la capitale des Gaules. C’est le chantier naval de Chalon-sur-Saône qui rouvre ses portes sur de nouvelles perspectives. Ce sont les différents acteurs du trafic fluvial rhodanien qui organisent une tournée de promotion en Suisse. C’est VNF enfin qui espère doubler le trafic en 5 ans…

Les débits du Rhône sont encore très loin de ceux du Rhin, mais ils coulent dans le bon sens.

Les acteurs rhodaniens

• Alcontrans Container Line (Groupe Imperial Reederei): relations Fos/Valence/Lyon/Mâcon/Chalon.

• Rhône Saône Conteneurs (CMA CGM).

• Compagnie fluviale de transport (CFT).

• River Shuttle Containers: opérateur fluvial assurant les relations Fos/Lyon/Mâcon/Chalon.

• Lyon Terminal, filiale de la CNR qui en détient 54 %, le reste étant partagé par le PAM (16 %), la CFT (14 %), Arnal & fils (7 %), Naviland Cargo (6 %) et les Transports Michaud (3 %).

• Aproport: gestionnaire et exploitant des ports de Chalon et Mâcon.

• Pagny Terminal: gestionnaire du Technoport de Pagny.

• Voies navigables de France: gestionnaire de l’infrastructure fluviale de l’axe Rhône/Saône.

Le Port de Lyon Édouard Herriot

• Trafic global tous modes confondus: 10,3 Mt

• Trafic par voie d’eau: 1,25 Mt

• Trafic de conteneurs: 182 649 EVP dont 50 797 EVP par voie d’eau (+ 27 %/2004)

Navigation et transport fluvial sur le Rhône en 2005

• Transport de marchandises: 5,53 Mt (+ 16 %/2004) et 1,192 milliard de t/km transportées (+ 16 %/2004)

• Trafic de bateaux: 96 232 éclusages (+ 2 %/2004)

• Passagers: 114 452 voyageurs

• Pourcentage de trafic par types de marchandises: produits agricoles: 23 %; minéraux et matériaux de construction: 21 %; produits pétroliers: 17 %; denrées alimentaires: 11 %; produits chimiques: 11 %; combustible minéraux solides: 9 %; objets manufacturés: 9 %; minerais et déchets métalliques: 4 %; engrais: 2 %; produits métallurgie: 4 %

La CNR en chiffre

La Compagnie nationale du Rhône (CNR) domine le seul fleuve au nom masculin de France. Elle s’y taille un véritable empire que gèrent ses 1 060 salariés. Énergétique d’abord avec ses 19 barrages et autant de centrales qui la placent comme le second producteur d’électricité après EDF. Fluvial ensuite avec ses 300 km de voies navigables et 14 écluses à grand gabarit.

Créée en 1933, la CNR a reçu de l’État en 1934 la concession du fleuve pour l’aménager et l’exploiter selon trois missions qui demeurent: Production d’électricité, Navigation, Irrigation et autres usages agricoles.

Après une période mouvementée, le capital de la CNR s’est stabilisé sur une courte dominante publique avec ses trois actionnaires: Electrabel, groupe Suez (49,97 %), Caisse des dépôts et Consignations (33,20 %) et des Collectivités locales (16,83 %).

Après une période mouvementée, le capital de la CNR s’est stabilisé sur une courte dominante publique avec ses trois actionnaires: Electrabel, groupe Suez (49,97 %), Caisse des dépôts et Consignations (33,20 %) et des Collectivités locales (16,83 %).

Le domaine de la CNR déborde du lit du fleuve: 27 000 ha de domaine concédé dont 14 000 ha de fleuve, 130 000 ha terrestres dont 836 amodiables et 29 sites industriels et portuaires

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