Le trafic conteneurisé du port parisien est en croissance depuis plusieurs années. En 2006, cette hausse devrait se tasser, selon Yves Morin, directeur financier, commercial et des ressources humaines du PAP. "Ce ralentissement est principalement lié à la baisse des trafics havrais, notre débouché maritime naturel", explique le directeur du PAP qui souligne que la tendance de cette année n’obère en rien les projets de développement des terminaux à conteneurs. Le port francilien dispose aujourd’hui de plusieurs plates-formes "mouillées": la plus importante se situe à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Premier à avoir accueilli une ligne fluviale régulière conteneurisée, ce port a su tirer profit de sa position à quelques encablures de Paris pour accueillir les conteneurs du Havre.
L’autre plate-forme conteneurisée se trouve à l’est de la Capitale, à Bonneuil-sur-Marne. Si le premier terminal réceptionne principalement des boîtes pour les entrepôts situés dans l’enceinte de son port, à Bonneuil-sur-Marne, les conteneurs partent surtout vers les zones logistiques de la grande distribution à l’Est parisien.
Ces deux terminaux à conteneurs ne peuvent suffire aujourd’hui compte tenu des prévisions de croissance de ce trafic. Le port a dans ses cartons plusieurs projets de développement: le doublement du terminal de Gennevilliers, la remise à niveau de celui de Bonneuil-sur-Marne et la création d’autres terminaux. Le doublement du terminal de Gennevilliers dont les travaux débuteront avant la fin de l’année et s’étaleront sur quatre ans.
L’investissement de cette opération est estimé à 2M€ qui sera pris en compte par moitié par le PAP et par PTSA (Paris Terminal S.A). Le premier réalise les quais et les terre-pleins. La seconde entité se charge des superstructures, à savoir les portiques et des engins de manutention de terminal. Le doublement de ce terminal s’entend aussi en surface. "Nous allons passer d’une superficie de 12 ha à 18 ha. La meilleure utilisation de ce terminal nous permettra d’optimiser cette superficie pour passer d’une capacité de 250 000 mouvements à 500 000 mouvements", explique Yves Morin.
Gennevilliers dispose d’un second terminal servant pour les trafics de conteneurs de la Routière de l’Est parisien (REP). Dotée d’un portique, cette installation a été calibrée pour les trafics de la société. "Un terminal à conteneurs c’est de la manutention, mais aussi du stockage. Le terminal de la REP n’a pas été dimensionné pour le stockage. Il ne peut servir que dans des cas ponctuels", continue Yves Morin. À Bonneuil-sur-Marne, la ligne fluviale qui dessert le port de l’Est parisien démarre lentement. La réception des conteneurs fluviaux se fait à proximité du terminal auparavant exploité par T3M. Actuellement, le PAP négocie avec des armements maritimes la reprise de ce terminal. Il souhaite positionner ce port comme une base avancée pour les compagnies maritimes conjuguant le fleuve et le fer. Et le directeur commercial de confier que ce terminal devrait servir de "home terminal" pour un armateur. Deux facteurs peuvent justifier une telle position: le marché de l’Ile de France avec ses 7 MEVP et, d’autre part, un marché de repositionnement des conteneurs entre les ports maritimes. Les négociations avec les armements devraient aboutir d’ici à la fin de l’année.
Trois nouveaux terminaux
Parallèlement au repositionnement de ces deux terminaux, le PAP prévoit la création de nouveaux terminaux dans la région parisienne: l’un sur le site de Limay, un autre à Montereau et un troisième à Bruyères-sur-Oise. Limay constitue pour le port de Paris une base rapprochée de Rouen. En pratique, cette plate-forme est presque saturée. Le port veut réorganiser l’organisation de ce port pour réaliser sur 3 ha un terminal à conteneurs d’une capacité de 50 000 mouvements avec 25 000 EVP réceptionnés par voie fluviale. Coincé en grande banlieue parisienne, le port de Limay se situe à quelques tours d’hélice du terminal rouennais accessible par des navires de 3 000 EVP. Quelle sera la pertinence d’un terminal fluvial à moins de 80 km du premier terminal maritime? Le PAP répond que le terminal de Limay sera dédié à une clientèle locale située dans un petit rayon autour de ce port.
Second projet du port francilien, sur le site de Montereau, le PAP a acheté 4 ha en bordure de la Seine. Le port va aménager un front d’accostage dès les premiers mois de 2007. Ce terminal, dont les travaux doivent démarrer dans le courant de l’année 2007, sera utilisé comme un "hub". La position de Montereau dans le Sud-Est de l’Ile-de-France permet de contourner l’est de la région parisienne par voie fluviale puis de prévoir une desserte avec des régions limitrophes par voie ferrée. Avec ces 4 ha, le PAP prévoit un trafic fluvial de quelque 30 000 EVP par an et quelque 60 000 mouvements de conteneurs.
Enfin, dernier projet d’extension des capacités, le port francilien réfléchit à étendre son réseau vers le nord, à Bruyères-sur-Oise. À la frontière nord des limites du port, ce site ouvre la voie vers le futur canal Seine- Nord, qui devrait voir le jour en 2013. Sur ce site, le PAP a acquis un terrain de 3 ha. Une réserve d’une dizaine à moyen terme permet de garder un potentiel de développement. Outre une fonction de hub pour les trafics qui emprunteront le canal Seine-Nord, le terminal de Bruyères-sur-Oise est aussi une plate-forme d’éclatement de la marchandise. Des entrepôts de Eiffel Logistique sont d’ores et déjà présents sur ce site.
En créant ces terminaux, le PAP se bâtit un véritable réseau de terminaux sur son territoire. Si aujourd’hui le terminal de Gennevilliers est exploité par PTSA, société dont des transporteurs fluviaux et le port détiennent les parts. Pour les terminaux à venir, le port souhaite confier à des sociétés le soin de les exploiter. "Nous allons dès les premiers mois de 2007 lancer un appel de candidature pour l’exploitation de ces terminaux", indique Yves Morin. Et le directeur commercial espère des réponses des armateurs maritimes et de sociétés spécialisées dans la gestion de grands terminaux portuaires maritimes.
Avec le développement de ce réseau, le directeur commercial du PAP se projette dans l’avenir. "D’ici cinq à six ans, il passera une barge de conteneurs par jour sous les pieds de la Tour Eiffel", rêve ou réalité?