En 2005, alors que la Commission européenne travaille à la rédaction du Livre Vert sur la politique maritime européenne, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a donné mandat au Secrétaire général de la mer, Xavier de la Gorce, et au commissaire général au Plan, Alain Etchegoyen, de mettre en place un groupe de prospective sur la politique maritime européenne, le groupe Poseidon. Le ministre "attend également que votre réflexion m’apporte les éléments constitutifs d’une véritable politique maritime nationale".
Ce rapport dresse un bilan économique du monde maritime avant de proposer "deux champs d’action à renforcer et trois propositions fédératrices."
Les deux champs d’action à renforcer concernent, d’une part, la sécurité et la sûreté maritime et, d’autre part, la connaissance du milieu. Le rapport incite le gouvernement à affirmer ses missions régaliennes sur la sûreté et la sécurité en développant des outils adaptés. Pour ce faire, il suggère plusieurs pistes de travail. Concernant la sécurité maritime, il préconise un "renforcement des moyens et de l’organisation actuelle". Cela peut se traduire par de nouveaux moyens et équipements (avions ou navires), la modernisation ou, pour la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, la création de Cross. La matérialisation de ces actions passe par une charge budgétaire non négligeable, que le rapport adoucit en proposant des partenariats publics-privés.
PARTAGER LES COÛTS DE LA SÛRETÉ
La sûreté, second volet de ce champ d’action, doit se renforcer par, notamment, la création d’une "task force" franco-italo-espagnole et l’application des mesures de sûreté aux installations portuaires. Des mesures qui coûtent. Selon les rapporteurs, les autorités portuaires, les gestionnaires des installations et l’État doivent tous mettre au pot. Le second champ d’action à renforcer doit porter sur la connaissance et l’information scientifique du milieu marin "pour mieux appréhender les potentiels et les limites de ce milieu" dans le but de donner un meilleur guide à l’action de l’État. "La France gagnerait à se positionner sur des thèmes sur lesquels elle peut faire valoir son expérience et son excellence", indique le document.
Le rapport Poseidon présente trois propositions fédératrices. La première concerne le lancement d’un programme technologique et industriel autour de la valorisation des profondeurs océaniques. Ils peuvent "donner corps et structurer une véritable politique maritime nationale". L’idée est de canaliser les synergies entre les différents acteurs et d’éviter le saupoudrage budgétaire. Seconde proposition, l’amélioration du dispositif de gestion des affaires maritimes. Les rapporteurs posent une condition nécessaire à la bonne gestion de ces affaires par une meilleure coordination de l’action des différents ministères.
UN FONDS NATIONAL DE LA MER
Ce document pousse l’idée d’une intégration interministérielle des questions maritimes par la création d’un fonds national de la mer doté, dans une première étape, de 50 M€ et qui participerait au financement des contrats de projet État-Régions. Ensuite, un Conseil national des océans servant de lieu de réflexion entre les acteurs maritimes devrait pallier au manque actuel d’un "lieu de réflexion, d’expertise, de concertation, de règlement de tension et de propositions". La dernière idée fédératrice se rapporte à l’Europe. La future politique maritime nationale doit intégrer globalement la dimension européenne. L’Union européenne doit s’impliquer dans des domaines où les États ne sont pas suffisamment forts individuellement. "La recommandation prioritaire est un grand projet structurant à l’échelle européenne sur les technologies innovantes pour les navires du futur."
Enfin, le rapport Poseidon préconise une mesure d’accompagnement qualifiée d’indispensable: améliorer la formation aux métiers de la mer. Les rapporteurs émettent l’idée d’une université de la mer, "à visibilité européenne, voire mondiale".
Ces différentes propositions et recommandations interviennent à quelques mois d’une échéance politique majeure en France: les élections présidentielles de mai 2007. Qui les reprendra et sous quelle forme? Réponse dans moins de six mois.