Après un début de millénaire plutôt calme sur le terrain des rachats, 2005 a été une année faste. En premier lieu, ce fut Mærsk Line qui a annoncé le rachat de P&O Nedlloyd. L'armement de Copenhague se hisse à un niveau de géant de la conteneurisation avec une capacité de plus de 1 MEVP au 1er janvier 2006. Quelques semaines plus tard, ce fut au tour de CMA CGM de reprendre Delmas, une affaire franco-française. Les analystes prêtaient à Vincent Bolloré des intentions de cession depuis plusieurs années. C'est désormais chose faite, son groupe sort du transport maritime, mais conserve ses activités de manutention portuaire et de commission de transport. Et pour finir cette valse des reprises en 2005, ce fut enfin au tour de Hapag Lloyd de s'offrir l'armement anglo-canadien CP Ships.
Des rachats qui ont sensiblement modifié le classement des opérateurs conteneurisés au 1er janvier 2006. Mærsk Line conserve sa pole position. Son dauphin, MSC, est distancé. Pour clore ce tiercé, Evergreen longtemps troisième, perd sa place au détriment du groupe CMA CGM. La reprise de Delmas et la réception de nouveaux porte-conteneurs de plus de 9 000 EVP propulsent l'armement français dans les hauteurs du classement. Autre conséquence de ces rachats, Hapag Lloyd fait un bond entre la 17e place qu'il tenait à la 5e en 2005. Ces consolidations entraînent aussi, sur la fin du classement, l'entrée de nouveaux opérateurs. Ainsi, EWL (Europe West Indies Lines) fait son entrée dans le top 100 avec une capacité de 4 648 EVP. Chaque année, ce minimum baisse. Au 1er janvier 2005, le dernier du tableau, Temas Lines, disposait de 4 716 EVP de capacité.
La consolidation n'a pas eu que des effets positifs. D'une part, chacun doit digérer les nouvelles équipes de l'armement repris. D'autre part, à grandir démesurément, ces géants de la conteneurisation deviennent plus vulnérables aux fluctuations économiques. Dès le mois de juin, Mærsk Line a diffusé à ses actionnaires une alerte sur la baisse probable de ses résultats. En novembre, Hapag Lloyd a emboîté le pas et ses actionnaires ont demandé que la filiale conteneurisée soit séparée du tourisme dans le groupe TUI. Ces nouveaux géants de la conteneurisation deviennent plus sensibles aux aléas économiques pour devenir des colosses aux pieds d'argile, fragiles.