Le salon allemand de la construction navale en pleine euphorie, mais la Chine inquiète

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Rarement les dirigeants des chantiers se sont sentis aussi bien disposés que cette année au Shipbuilding, Machinery & Marine Technology (SMM), le plus grand salon mondial de la construction navale qui a pris fin, à Hambourg, le 29 septembre. Jamais autant de navires n’ont été construits qu’aujourd’hui (DVZ du 28-9-2006). Près de 5 400 navires de tous types sont en commande. Le carnet mondial des commandes correspond à environ 28 % de la flotte de commerce actuellement en service.

Les chantiers du monde entier se réjouissent de voir leurs carnets de commandes pleins et d’avoir pu relever leurs prix de plus d’un tiers l’an dernier. Commandé aujourd’hui, un navire sera livré en 2009 ou 2010.

Les chantiers allemands ont en commande 230 navires d’une valeur totale de près de 12 Md€. "La construction navale allemande participe au flux mondial des commandes et accroît encore son carnet", a déclaré Werner Lundt, dirigeant de l’Association pour la construction et la technique navales (VSM). En 2001, 17 navires avaient été commandés aux chantiers allemands; 157 l’ont été en 2005.

Pour les équipementiers allemands, ce boom est à l’origine des taux de croissance à deux chiffres. Ils contribuent plus au prix du navire que les chantiers eux-mêmes. En Allemagne, les équipementiers emploient trois fois plus de salariés que les chantiers.

CONTREFAÇONS CHINOISES

Ils s’inquiètent cependant de l’augmentation de la contrefaçon de leurs produits de haute technologie, surtout en Chine.

Au demeurant, la Chine est le marché étranger dont la croissance est la plus rapide pour les équipementiers et représente déjà plus du quart de toutes leurs exportations. D’ici à 2020, ce pays passera du 3e au 1er rang mondial des pays constructeurs de navires. Vingt-deux implantations de nouveaux chantiers navals sont déjà prévues. Leurs dimensions sont à peine imaginables pour des Européens. Près de Shanghai, la construction d’un chantier s’étendant sur 8 km le long de la côte et disposant de sept formes pour des navires jusqu’à 300 000 tpl est envisagée.

Les perspectives de croissance des capacités chinoises préoccupent les constructeurs de navires qui craignent qu’elles ne conduisent à une surcapacité mettant ainsi prochainement un terme aux bonnes années.

Les armateurs vont à nouveau mettre des voiles

Lors de ce salon de la construction navale à Hambourg, la société allemande SkySails a commencé activement à vendre son système de traction par deltaplane, explique le quotidien allemand DVZ. Le concept se compose d’un deltaplane tracteur, de type parapente, dirigé à l’aide d’une barre automatique en nacelle et relié au navire par un câble.

Après le bond des prix des carburants au cours des derniers mois, les armateurs ont cherché une alternative au “coûteux pétrole”, explique le fondateur de SkySails, Stephan Wrage. Conjointement avec l’Institut pour le transport par mer et l’Institut pour la recherche économique appliquée de l’IUT d’Oldenboug/Frise Orientale/Wilhelmshaven, les économies potentielles sont recensées, dans des conditions réelles.

Selon les éléments déjà connus, les coûts de carburants pourraient être, en moyenne, réduits de 10 à 35 % par an. L’importance de la réduction des coûts dépend surtout de la taille des navires et de leurs conditions d’exploitation. “Le système convient surtout aux plus petits navires filant jusqu’à 15 nœuds”, explique Stephan Wrage.

Se préoccuper du climat

Les règles rigoureuses concernant les émissions de dioxyde de soufre ou de carbone seraient pour le transport maritime une raison de plus de mettre en œuvre la possibilité d’une propulsion tractée par deltaplane. Selon des experts en assurance qualité du Lloyd’s Register, le transport maritime est responsable chaque année, avec 10 Mt, de plus de 7 % des émissions mondiales de dioxyde de soufre (SO2).

La technologie de SkySails permettrait de réduire annuellement de plus de 146 Mt les émissions de dioxyde de carbone (CO2). “Cela correspond à environ 15 % des émissions de CO2 par l’Allemagne.

L’armateur brémois, Beluga Shipping, a déjà acquis au début de l’année un système expérimental qu’il a installé à bord du caboteur Beaufort de 55 m de long avec une voile de 160 m2. Des essais de ce navire sont en cours en mer du Nord et en Baltique. De plus petites voiles ont déjà été essayées avec succès sur divers navires expérimentaux de taille diverses.

Après ces premiers essais, des conversations avec quatre autres armements, intéressés par de tels systèmes, “seraient déjà très concrètes”, rapporte Stephan Wrage. En 2008, SkySails serait fournisseur de séries.

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